Le 10 et le 11 mars, le CERES organisait un séminaire titré : « Genre et violence. Rapports sociaux de sexe dans les pays méditerranéens ». Une part des communications inspire deux observations.
La première pointe la flèche vers le sens donné à l’expression « terrain de recherche ». Une évolution provoqua sa mutation.
Aux abords des années 60, les chercheurs du CERES, aujourd’hui pour la plupart disparus, entendaient par « terrain de recherche » les personnes interviewées, en chair et en os, quelque part sur leur terroir. De nos jours et mis à part la contribution de Hédia Bahloul, le « terrain de recherche » devient Facebook et Internet. Dès lors, à quoi sert d’aller au lointain quand tout advient à portée de main ? Ce passage du passionnant voyage à travers maints paysages évacue l’espace occupé durant les heures par l’immobilité.
La remarque m’intrigue et, à mon départ, j’en fais part à Youssef Ben Othmane, le directeur du CERES. Il répond sur le champ : « Avec ces nouveaux moyens de communication, nous assistons à l’apparition de l’homme nouveau ».
Pareille optique outrepasse le domaine technologique et désigne l’univers anthropologique.
La seconde remarque porte sur le violence et la volonté d’arrogance.
A propos du machisme infligé aux femmes par les salauds, la plupart des interventions tournaient autour du pot.
Seule une contribution titrée « Lecture féminine du verset où il est dit “frappez-les”» réussit à éluder le vice de forme quasi généralisé.
Dès lors, et n’en déplaise aux interprétations salvatrices des croyances, la salve risque de canarder la religiosité. Or, avec cela, on ne badine pas. Fourvoyé entre le marteau et l’enclume, l’écrivain prudent contrôle de près sa plume. Ainsi, le fidèle à Bacchus et athée pour les intimes tâche de concilier les deux visions opposées.
Entre autres, Youssef Seddik ne porte jamais l’estocade aux versets. Toutefois, les enturbannés, autoproclamés gladiateurs protecteurs de la religion révélée, subodorent le caché au point de nommer le grand connaisseur des versets coraniques Youssef Ezzendik.
De cette position, fort peu confortable, maints penseurs lisent, avec envie, les iconoclastes nombreux sous d’autres cieux. Bien chanceux les indignés contre les curés assimilés à Tartuffe avec son hypocrite « couvrez ce sein que je ne saurais voir ». Autrement dit, j’adore plus que voir ! Dans ces conditions, réunies sur la même place, le silence permet de sauver la face. L’employé à la grande surface quasi quotidienne, me demande à quelle mosquée je vais, sans trop insister face à mon esquive répétée. L’Occident paraît avoir enterré ce genre d’inquisition. Les Européens, même sur les bancs de l’école, apprennent, déjà, comment Nietzsche proclamait « le crépuscule des idoles ».
Mais les petits-fils des colons semblent perpétuer l’atavisme charrié par les perpétuels donneurs de leçon. A l’inégale puissance, ils surajoutent la volonté d’arrogance.
La campagne menée à propos du racisme subsaharien cherche à corser, encore davantage, la mainmise de la crise. Or, si des racistes existent en Tunisie, la Tunisie n’est pas raciste. Au nom des grands principes, disait le chansonnier, prospère la monstrueuse dérive des punitions collectives.
Au Parlement européen, les salauds mènent le monde en bateau.