Hassan Chalghoumi : « oui pour le mariage de la musulmane avec un non musulman »

De passage à Tunis, le responsable religieux franco-tunisien et président de l’association culturelle des musulmans de Drancy, le très controversé Hassan Chalghoumi a accordé cette interview à Réalités Online.

Q:Hassen Chalghoumi, est un Imam sous haute protection, faites vous toujours l’objet de menaces de la part de l’organisation terroriste Etat Islamique (DAECH) ?
R:Oui malheureusement, je suis toujours menacé. C’est triste, en  fait, les organisations terroristes telles que Daech, Al Qaida et l’Aqmi sont des organismes takfiristes, qui existent un peu partout à travers le monde, y compris en Tunisie et en Europe. Et comme nous sommes catégoriquement contre ce courant takfiristes, nous sommes devenus une cible. Même sur les réseaux sociaux, malheureusement, nous rencontrons aujourd’hui beaucoup de haine dans le milieu takfiriste radical. J’ai porté auprès de la justice française plusieurs plaintes pour menaces de mort. Nous croyons beaucoup en la justice, contrairement aux terroristes qui n’y croient pas du tout. Nous sommes contre leur programme, l’idéologie qu’ils sont en train de véhiculer. Ceci n’est pas dans leur intérêt et c’est pour ça qu’ils nous menacent.

Q: Quel message à passer à cet organisme terroriste?
R: Eux ils ont échoué. Il est vrai qu’ils ont réussi à ternir l’image des musulmans à travers le monde. Sincèrement, le monde musulman a connu ces  sept dernières années, des années sanglantes. 2 millions entre morts et blessés. Que ce soient des victimes du courant takfiriste, ou de celui des frères musulmans, ceci révèle du crime. Notre message aux organismes terroristes : « Vous n’allez jamais réussir même si vous nous terrorisez. Nous résistons contre vos pratiques meurtrières ». Je souhaite voir l’ensemble des hommes de religion s’unifier et se  mobiliser contre ce phénomène. Jusqu’à quand allons nous rester silencieux face à ces crimes odieux commis à l’encontre de l’humanité ?

Q: La Tunisie vient d’être classée par l’Union Européenne sur la liste noire des pays tiers considérés comme présentant des déficiences stratégiques dans leurs régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Quel est votre point de vue?
R:La décision prise récemment par le parlement européen est triste. Nous souhaitons réellement voir la Tunisie sortir du gouffre, pour retrouver son rayonnement. Mais nous devons unifier les efforts en tant qu’imams, cheikhs, hommes de religion, associations civiles et citoyens, pour faire face à ce fléau international. Nous devons dire à haute voix : non au terrorisme, non à la violence, non aux crimes.

Q: On vous reproche vos relations étroites avec Israël et la communauté juive en général, quelle réplique?
R:Je suis un homme de paix. Je suis un homme qui tends la main à la paix et au dialogue. Je ne suis pas un homme politique, je n’ai pas de secrets d’Etat. Je suis un simple citoyen. Je fais partie de la société civile et je tends la main au dialogue. Mon secret émane de mon pays qui est la Tunisie. Djerba est un bel exemple pour toute l’humanité. Djerba est la terre de la paix et de la coexistence. La seule communauté juive, vivant toujours dans un pays du monde arabe est celle de Djerba. Ailleurs, il n’y a plus de juifs. Et d’ailleurs c’est pour cette raison que j’essaye de résister et de défendre ces valeurs. Les minorités dans nos pays devraient être protégées comme c’est le cas pour les minorités dans les pays occidentaux. J’ai voyagé en Israël, je suis un homme de paix, un homme de dialogue. J’avais rencontre Perez ainsi que d’autres personnalités.  Les Palestiniens, eux-mêmes, ne sont pas gênés de composer avec des Israéliens. Devrais je être plus Palestinien que les Palestiniens mêmes ? Arrêtons avec ces inductions en erreur. Je ne pourrais  qu’accepter les appels au dialogue, et j’espère, contribuer un jour, à la réinstauration de la paix. En ce qui concerne la question d’Al Qods, je vois qu’elle devrait être considérée comme la capitale des deux Etats, palestinien et israélien. Ceci est mon principe que je défends. Il faut rompre le projet des frères musulmans, qui incite les jeunes à la violence, à la haine et au terrorisme sous prétexte de défendre la cause palestinienne. Cette dernière est une question juste qui ne devrait être ni politisée, ni commercialisée.

Q: Le mariage de la femme tunisienne avec un non musulman est désormais permis, quel est votre point de vue par rapport à cette question?
R: Le mariage de la musulmane avec un non musulman était interdit dans le passé parce qu’on craignait de voir la femme se convertir à une religion autre que l’Islam. On croyait que l’homme pourrait influencer sa femme.  Or aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Je vous rassure que toute femme musulmane qui s’est mariée avec  un non musulman, est aujourd’hui plus attachée à sa religion que l’homme musulman qui s’est marié avec une non musulmane. La femme musulmane, a su conquérir le cœur de son époux, avec sa gentillesse et son amour. La femme musulmane, de nos jours, est devenue une personne d’une grande influence.  Elle est aujourd’hui la personne qui dirige, qui éduque des générations. La femme musulmane, particulièrement la Tunisienne, est digne de tout le respect du monde, pour son courage, sa bravoure et sa force. Elle n’a plus besoin d’être guidée par un homme. Je  crois que cette sage initiative du président de la République Beji Caid Essebsi, concerne une minorité de la société tunisienne et pas l’ensemble des femmes tunisiennes. Mais je suis certain qu’en se mariant avec un non musulman, la vraie femme tunisienne, responsable,  ne pourrait que donner un bel exemple.

Q: Comment interprétez-vous la proposition liée à l’égalité dans l’héritage entre les deux sexes ?
R: Pour moi, je pense qu’il est important de trouver un consensus. C’est une question qui ne pourrait concerner que la famille et c’est à cette dernière de choisir le régime de distribution de l’héritage qui lui convient. A titre d’exemple, si le père s’adressait à ses enfants en leur disant de se partager l’héritage, le frère, en vrai homme,  va certainement céder ses droits au profit de sa sœur. Je crois que cette question ne pourrait en aucun cas s’opposer avec la religion, mais il reste qu’à la famille de trancher.

Q: L’islamologue Tariq Ramadhan est accusé d’avoir violé une activiste tunisienne, qu’en dites vous?
R:Je ne peux être solidaire qu’avec la victime. La justice française a confirmé l’implication de l’islamologue extrémiste dans cette affaire de viol. Cet homme qui adopte un discours extrémiste et hostile doit être sanctionné par la justice française qui fait preuve de neutralité et de crédibilité. Cet  homme qui prétend être un islamologue moderniste ne représente en aucun cas les musulmans. Il ne pourrait jamais me représenter. Au contraire, il doit être jugé pour ses crimes odieux.

Propos recueillis par Hajer Ben Hassen 

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