Un sentiment d’injustice s’est développé au sein de la communauté tunisienne en France et, plus généralement, à l’étranger. Pour la France, à titre d’exemple, les droits de chancelleries ont subi une augmentation spectaculaire du jour au lendemain, ce qui a suscité des interrogations et l’indignation.
Face à cette situation, l’ancien député Riadh Jaïdane a déclaré que l’Association de la Voix des Tunisiens à l’Étranger a déposé une plainte urgente auprès du Tribunal Administratif en vue d’annuler ces hausses des droits de chancelleries (retrouvez tous les détails via ce lien). « La décision n’a même pas encore été publiée dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT). A titre d’exemple, un Tunisien résident à l’étranger débourse, désormais, 88 euros pour obtenir un passeport au lieu de 25 euros. Sachant que le ministre des Finances a pris cette décision sur la base d’un ratio euro-dinar de 1:1, ce qui fait que l’augmentation est de l’ordre de 300%. Ceci constitue une violation du principe de l’égalité entre les citoyens. Une famille tunisienne moyenne vivant à l’étranger ne pourra pas s’en sortir, en plus des dépenses liées à l’auto-isolement », a-t-il expliqué dans Politica ce mardi 2 juin 2020.
Le sentiment d’injustice est, en effet, tout à fait légitime. En moyenne, si l’on compte les dépenses liées à l’auto-isolement, une famille tunisienne devrait débourser entre 10 000 et 15 000 euros pour passer les vacances en Tunisie, sachant qu’il ne s’agit que d’un montant indicatif car il peut augmenter en fonction du nombre des membres de famille.
Ces mêmes familles tunisiennes résidentes à l’étranger passeront obligatoirement le PCR, en plus du paiement des frais l’hôtel de l’auto-isolement et il existe bien d’autres dépenses… Autrement dit, pour que ces familles puissent rentrer chez elles cette année, il faudra qu’elles se ruinent… D’où le fait que le sentiment d’injustice, comme nous l’avons souligné, est tout à fait légitime.
Notons que les autorités n’ont eu de cesse de souligner leur volonté de bien accueillir nos compatriotes à l’étranger. Or, en même temps, elle leur dresse des barrières financières infranchissables. Ce ne sont pas tous les Tunisiens résidents à l’étranger qui vivent dans une situation confortable. C’est une idée reçue qu’il faut éliminer de nos consciences. Il y a ceux qui sont dans la précarité, sachant que les pays où ils résident sont eux aussi en crise (COVID-19, hausse du coût de la vie, etc.).
Aujourd’hui, le gouvernement s’apprête à accueillir les touristes pour assurer le redémarrage de la saison touristique. Nul doute, pour ce faire, qu’il va mettre le paquet pour les séduire. Il le faut d’ailleurs, car la saison touristique de 2020 en dépend. Mais il ne faut pas oublier les Tunisiens résidents à l’étranger qui ont, eux aussi, le droit de passer leurs vacances en Tunisie car ils sont, avant tout, des TUNISIENS. Il est incompréhensible de leur imposer autant de barrières financières….
Attendons, désormais, de voir ce que le Tribunal Administratif va dire de la plainte de l’Association de la Voix des Tunisiens à l’Étranger. Dans l’espoir que c’est le bon sens qui va l’emporter, sachant qu’il s’agit, aussi, d’une question humanitaire.
Fakhri Khlissa