La décision d’augmenter le taux directeur a été discutée avec des experts. C’est ce qu’a assuré Marouane Abassi, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi 20 février 2019.
Le gouverneur a expliqué que cette hausse est une façon de faire face à l’inflation. « Le déficit courant a atteint des niveaux records, s’inscrivant à 11,2% du PIB en 2018 contre 10,2% du PIB en 2017. Pas seulement : cet indicateur a des conséquences directes sur le glissement du dinar », a-t-il expliqué.
Rappelons que le taux directeur de la BCT est passé de 6,75% à 7,75%. Une décision qui a provoqué un tollé. Mais est-elle aussi absurde et injuste ? Il faut rappeler que le gouvernement et l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) ont signé un accord sur les augmentations salariales dans le secteur public et la fonction publique. Des millions de dinars seront débloqués des caisses de l’Etat pour satisfaire les revendications syndicales au détriment, entre-autres, de l’investissement.
Or, ce que le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, n’a pas mentionné (et il le sait sans doute), est que toute augmentation salariale sans une contrepartie de production génère de l’inflation. De ce fait, on peut dire tout ce qu’on veut de la décision de la BCT de relever le taux directeur, mais elle a agi dans le cadre de ses prérogatives et de son rôle pour faire face à l’inflation. La hausse du taux directeur constituerait une anticipation des hausses de l’inflation qui pourraient survenir dans les prochains mois. Certes, il ne s’agit pas de la meilleure décision et elle est critiquable, mais l’institution, rappelons-le, a agi dans le cadre de son rôle.
Ensuite, pour lutter contre l’inflation et la hausse des prix, le gouvernement devra se creuser la tête et laisser de côtés les mesures populistes.