Les délégations respectives de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et du gouvernement se réuniront vendredi 31 août 2018 dans le cadre des négociations sociales qui portent, notamment, sur les augmentations salariales dans le secteur public.
Selon Hfaïedh Hfaedh, secrétaire général-adjoint de l’UGTT chargé de la Fonction publique et président de la délégation de l’UGTT, chaque partie va présenter ses propositions en fonction du contexte et de l’évolution de la situation. « Ce qui est certain, c’est qu’il y aura une augmentation des salaires. Il ne reste plus qu’à fixer le montant, chose qui sera faite au cours des prochaines journées », a-t-il déclaré à Réalités Online ce jeudi 30 août 2018.
Cela va de soi pour les augmentations, selon le syndicaliste, et elles doivent être beaucoup plus importantes que celles qui ont été décidées en 2015. Et pour cause : l’évolution de la conjoncture économique. Il y a, tout d’abord, la croissance économique qui était de 0,8% en 2015 et qui est passée à 2,8% au second trimestre de 2018.
La hausse des salaires doit aussi prendre en considération, selon Hfaïedh Hfaïedh, le taux d’inflation qui était de 4,5% en juillet 2015 pour atteindre les 7,5% en juillet 2018. Le glissement du dinar tunisien est également pris en compte d’après le responsable syndical, étant donné que la monnaie nationale a perdu près de 40% de sa valeur depuis 2015.
Il a rappelé que les hausses des salaires étaient, au départ, négociées en se basant sur les données de la conjoncture économique de 2015, d’où la nécessité de mettre à jour les discussions. « Il n’y a pas de propositions chiffrées pour l’heure », a-t-il noté.
« Le gouvernement a fermé l’œil sur les lobbys »
De son côté, le gouvernement a réagi positivement aux propositions de l’UGTT selon le secrétaire général-adjoint. Les membres de la délégation gouvernementale ont fourni des propositions sur la base des capacités de l’Etat et de l’évolution de ses dépenses entre 2015 et 2019.
Dans ce contexte, poursuit Hfaïedh Hfaïedh, le service à la dette passera de 5000 millions de dinars (MDT) en 2015 à 9 000 MDT en 2019. « La subvention du carburant passera de 600 MDT en 2015 à 2700 MDT en 2019, compte tenu de l’évolution des prix du baril de pétrole. Idem pour la subvention des produits de base : elle passera de 1500 MDT en 2015 à 1800 MDT en 2019″, a-t-il expliqué.
Le gouvernement, d’après le syndicaliste, demeure hésitant en ce qui concerne l’application des mesures qui lui permettront de renflouer ses caisses. Hfaïedh Hfaïedh a expliqué cette hésitation par la politique. Il considère que le Pacte de Carthage comprend les priorités qui auraient permis de remplir les caisses de l’Etat, à l’instar de la lutte contre l’évasion fiscale, l’instauration de la justice fiscale, ou encore l’organisation du marché parallèle.
Or, l’entrée en vigueur de ces mesures a été principalement empêchée par la coalition au pouvoir formée de Nidaa Tounes et d’Ennahdha. « Ce sont le peuple et les pauvres qui ont payé la facture ! », a-t-il lâché.
Le syndicaliste considère, par ailleurs, que les investisseurs ont un rôle à jouer. Ils devront s’acquitter de leurs obligations fiscales. « On ne leur demande aucun sacrifice, mais juste d’accomplir leur devoir », a affirmé le secrétaire général-adjoint de la centrale syndicale. Il poursuit en affirmant que la coalition au pouvoir a fermé l’œil sur les lobbys. Les arrestations très médiatisées opérées depuis mai 2018 – dans le cadre de la campagne anti-corruption – n’étaient que de la propagande selon Hfaïedh Hfaïedh.