Fraîchement adopté et investi, le gouvernement de Hichem Mechihci est-il déjà en conflit avec la présidence de la République ? En tout cas, depuis le vote de confiance du 1er septembre 2020, le président de la République, Kaïs Saïed, n’a pas reçu le Chef du gouvernement Hichem Mechichi comme le veut la tradition et l’obligation du travail – exception faite pour l’investiture -. Pourtant, Kaïs Saïed a même reçu le prédécesseur de Hichem Mechichi, Elyes Fakhfakh, à Carthage alors qu’il n’est plus qu’un ancien Chef du gouvernement.
Cela témoigne, en effet, de la possible tension qui existe entre les deux têtes de l’Exécutif. Une tension traditionnelle en fait, qui caractérise notre régime politique. On aura beau dire que rien ne cloche de part et d’autre, mais il ne s’agit que de la langue de bois.
Il est clair que les relations sont tendues. Kaïs Saïed désapprouverait, sans doute, la démarche entreprise par Hichem Mechichi. Ce dernier, rappelons-le, a reçu le président controversé de Qalb Tounes et de Nessma TV, Nabil Karoui, au Palais du gouvernement pour la deuxième fois en l’espace de quelques jours. D’autres acteurs politiques ont été reçus également. Des acteurs plutôt non désirables aux yeux de la présidence de la République. Que ce soit pour Al Karama ou pour Qalb Tounes, il faut faire barrage au Chef de l’État coûte que coûte, quitte à remanier l’actuel gouvernement.
Bien entendu, tout ceci n’est qu’un ensemble de suppositions. Dans quelques jours ou peut-être dans une semaine, une rencontre protocolaire aura certainement lieu entre le président de la République et le Chef du gouvernement à Carthage, histoire de faire taire les rumeurs et de véhiculer une fausse image d’entente. On peut déjà imager les communiqués des deux institutions : « Le président de la République a reçu le Chef du gouvernement. La rencontre a permis d’examiner la situation économique, sociale et politique du pays. Ils ont insisté sur l’importance de préserver l’unité de la nation et d’assurer un large soutien politique au gouvernement ». Bref, nous aurons sans doute droit à quelque chose de ce genre… Il s’agit, dans tous les cas, d’une impression de déjà vu, notamment au sujet du conflit entre les deux têtes de l’Exécutif.
F. K