Le monde des beaux arts vient de perdre une personnalité éminente qui a beaucoup contribué à l’essor des arts plastiques en Tunisie. Hamadi Chérif a succombé le 10 février à une hémorragie interne mettant fin à un parcours hors du commun d’un galeriste tunisien qui a pu travailler avec des grands galeristes du monde et qui a ouvert et dirigé des galeries à Bales, Paris, Mougins, Beyrouth…
Rien ne prévoyait pourtant une destinée pareille pour cet homme qui avait commencé des études de cadre hôtelier à New York dans les années 60. C’est le pur hasard qui l’a mis sur cette voie. En effet, en fréquentant une expo sur Matisse à la Galerie Acquavella, il a fait la connaissance en 1965 avec Hildy, l’épouse du grand galeriste Ernst Beyeler. Il est devenu rapidement l’ami du couple qui lui a demandé de travailler avec lui. C’est là que s’est ouverte pour Chérif une nouvelle carrière pour laquelle il s’est avéré qu’il avait un réel talent. Il n’hésitait pas à se déplacer d’un pays à l’autre pour organiser des expositions itinérantes, notamment en Europe et au Moyen Orient, lui permettant d’avoir une réputation internationale. Mais voilà, qu’il décide de revenir s’installer au pays en 1978, pour des raisons familiales. C’est là qu’il a eu l’idée d’ouvrir une galerie dans la maison paternelle à Sidi Bou Saïd : la galerie Chérif Fine Art, devenue un passage obligé et une adresse sûre pour la plupart des artistes tunisiens.
Néanmoins, Hamadi Chérif nourrissait un autre rêve qui couvait en lui pendant 15 ans, celui de construire un centre d’arts à Djerba. Il a fallu attendre jusqu’à 2009 pour voir ce rêve se réaliser, avec la création de Dar Chérif : Centre international d’art et de culture à Sidi Jmour-Djerba dont l’inauguration s’est faite en grande pompe à travers l’organisation d’une exposition réunissant des œuvres de peintres internationaux comme Picasso, Modigliani, Foujita…, outre ceux de l’École de Tunis comme Yahia, Farhat, Ben Abdallah, Turki, Gorgi, Berraies et Lévy.
Depuis, Dar Chérif est devenue un lieu qui accueille régulièrement des expositions, des concerts d’artistes venus du monde entier et des ateliers d’art. Hamadi Chérif avait beaucoup de projets en tête pour faire de ce centre un endroit à la réputation mondiale grâce à une programmation diversifiée et de qualité. Mais la mort a été plus rapide et l’a emporté très tôt.
Son sourire doux, son charme personnel et son caractère ouvert et chaleureux resteront gravés à jamais dans la mémoire de tout ceux qui l’ont connu. Qu’il repose en paix !
H.Z.
