Une «catastrophe humanitaire inédite» est en cours. C’est ce qu’a déclaré le Secrétaire général de l’ONU au point de passage de Rafah du côté de l’Egypte à quelques mètres de la bande de Gaza, pilonnée sans cesse par l’armée israélienne depuis bientôt trois semaines.
Selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza, en quinze jours, le seuil de 5000 Palestiniens tombés en martyrs, dont plus de 2055 enfants et1023 femmes, est dépassé. Sans compter le nombre des blessés et les milliers de disparus encore ensevelis sous les décombres suite aux bombardements aveugles israéliens. Plus encore, 12 hôpitaux et 32 centres de soins sont hors services du fait de leur ciblage par les forces d’occupation et rien que pour les deux premières semaines de l’agression israélienne, le bilan est de plus de 17000 logements, plus de 87000 unités d’habitation, 73 écoles, 61 sièges de médias, une vingtaine de mosquées, une église et 165 unités industrielles détruits. Au total, plus de 51% des habitations à Gaza ont été détruites et près de 1,4 million de Palestiniens déplacés. Tels sont les chiffres des quinze premiers jours de la tragédie de Gaza qui subit une guerre d’extermination menée par l’armée sioniste.
Une guerre menée dans l’impunité totale ou plutôt avec la bénédiction, la complicité et le feu vert de l’Occident, en l’occurrence la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grande Bretagne, conduites par les Etats-Unis de Biden.
What a shame, comme on le dit du côté du pays de l’Oncle Sam pour ces pays qui prétendent être les défenseurs attitrés des libertés et des droits humains. Mais quelle honte pour nous aussi, car incapables de faire parvenir l’aide nécessaire aux Gazaouis étant, même sur nos propres terres, obligés d’obtenir le feu vert israélien. Le blocage du passage de Rafah en est l’illustration parfaite. Qui ose parler encore de souveraineté ou d’indépendance ?
Et ce n’est pas dans les prétextes avancés ou dans les déclarations des dirigeants des pays arabes, qui ont brillé par leur hypocrisie et leur poltronnerie face au génocide dont le théâtre est Gaza, que les Palestiniens vont trouver appui et réconfort. Il n’y a qu’à lire le communiqué final des ministres des AE des pays membres de la Ligue arabe pour tout comprendre. Heureusement que la Tunisie s’en est démarquée.
Quelle honte d’être les témoins d’un génocide retransmis sur nos petits écrans, nos smartphones et tablettes, contemplant l’horreur et le désespoir d’une population prise en otage sous les bombes d’un occupant sans humanité !
Honte à nous pour notre faiblesse et notre impuissance face à la puissance de la machine soutenant Israël et à faire face à l’Etat sioniste rien que parce que nous sommes restés dépendants de nos anciens colons.
Honte à nous pour notre lâcheté, car nous n’avons même pas le courage de dénoncer aussi vigoureusement que possible le génocide auquel se livre l’entité sioniste, par crainte que l’Occident et son gendarme, les Etats-Unis, nous coupent les vivres.
Honte à nous pour notre soumission aux diktats d’un Occident pour lequel nous ne représentons qu’une source de richesses à exploiter et à utiliser à sa guise avec la compromission des dirigeants de nos pays.
Honte à nous pour notre complicité avérée ou induite dans tout ce que subit le peuple palestinien depuis 75 ans. Notre silence complice qui encourage l’occupant sioniste à sévir toujours plus et tenter, aujourd’hui et plus que jamais, de pousser les Palestiniens hors de leur terre.
Honte à nous pour notre servilité à un Occident qui nous méprise et qui ne cherche qu’à nous asservir.
Honte à nous car 23 pays arabes et 57 pays islamiques n’ont jamais réussi et ne réussissent toujours pas à prendre une position ferme et unie face à l’Etat sioniste ni à s’imposer face à un Occident en perdition malgré sa puissance, car les dirigeants de ces pays se préoccupent beaucoup plus de leur pouvoir et de leur pérennité.
Honte au Conseil de sécurité de l’ONU qui, depuis sa création, n’assure ni sécurité ni justice, ni encore la paix en raison de la politique des deux poids deux mesures imposée par les Etats-Unis.
Il est une certitude toutefois, et qui lavera -quelle que soit son issue- cette honte qui nous accompagne, c’est que le 7 octobre, avec le déclenchement de l’opération « Déluge d’Al Aqsa », les règles ont changé et l’histoire est en train d’être réécrite avec le sang des martyrs palestiniens.
Très peu de pays arabes peuvent se targuer d’être en communion avec leurs peuples au sujet de la question palestinienne et surtout en ces jours de colère à travers le monde, condamnant le génocide en cours à Gaza, et de deuil spontané dans les cœurs des personnes qui ont préservé leur humanité. Heureusement, la Tunisie n’en fait pas partie. La cause palestinienne a, de tous temps, été au cœur des préoccupations de l’Etat et du peuple tunisiens, c’est une conviction ancrée dans les esprits et un engagement national et populaire irréversible. Mais cela ne suffit pas.
Les Palestiniens ont besoin d’un soutien fort, concret, inconditionnel, d’un front uni résolument engagé à défendre et à obtenir ses droits à un État indépendant et à une vie digne comme tous les peuples libres de ce monde.
Contrairement à l’Ukraine et à Tel Aviv, la Palestine n’a pas cette chance, la plupart des gouvernants arabes l’ont trahie, l’ont abandonnée, pactisent avec ceux qui veulent l’effacer de la carte géographique, au profit de leurs intérêts économiques et stratégiques, comme si la cause palestinienne ne les concernait pas et que, sans cette épine au pied, les Arabes et les musulmans allaient vivre dans la paix et la sérénité pour le restant de leurs jours. C’est faux. Le projet à long terme de l’entité sioniste, le Grand Israël, désormais affiché au vu et au su du monde entier, ne compte pas s’arrêter à Gaza, aux territoires occupés, au Sinai égyptien ou à la Jordanie, il vise tout le Proche et Moyen-Orient. Autrement dit, le tour viendra à ces pays, un à un, quand « l’ami » sioniste aura décidé de grignoter encore un peu plus des terres arabes voisines.
Sauver Gaza aujourd’hui, c’est sauver le peuple palestinien de la déportation, de la marginalisation définitive, de la mort lente d’un peuple qui ne demande qu’à vivre dignement.
Sauver Gaza aujourd’hui, c’est sauver l’honneur arabe et l’avenir de la « Oumma » malgré toutes les rivalités, les divergences et les dissensions. Les Occidentaux ont besoin des Arabes pour faire tourner leurs économies, mais ils sont plus forts parce qu’ils sont unis. Les Arabes sont, pour la plupart, riches mais ne sont pas puissants, ils sont faibles et ont besoin des Occidentaux pour les protéger, parce qu’ils sont divisés. Ils sont incapables de s’unir et d’accorder leurs violons, comme les Occidentaux, parce qu’ils ne sont pas des stratèges et ne sont pas visionnaires. La preuve est qu’ils n’osent pas utiliser les cartes stratégiques qu’ils ont en main pour imposer un cessez-le feu humanitaire pour secourir les milliers de civils palestiniens, leurs voisins, leurs frères de religion. Quelle honte !