La séance d’ouverture officielle de la troisième édition du Forum International de Réalités sur la Santé numérique a été fructueuse en termes d’interventions des participants et des acteurs dans le domaine de la santé numérique. Les participants et les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité d’investir dans la santé numérique qui offrira une meilleure qualité des services sanitaires à court et à long termes, tout en s’attardant sur les opportunités et les difficultés inhérentes qui empêchent la Tunisie de réaliser des avancées concrètes alors qu’elle était toujours leader africain dans l’informatisation du secteur de la santé.
Le président du Forum Médical de Réalités, Taïeb Zahar, a mis en relief dans son intervention, l’importance de cette édition, assez particulière du forum, étant donné qu’elle met l’accent sur les récentes évolutions de la santé numérique dans les pays développés. Par l’intermédiaire de l’intervention de Dr Ali Harmel, une représentation du marché de la e-santé en Tunisie a été exposée.
Taïeb Zahar, tout en rendant hommage aux partenaires et autres sponsors du forum international de la santé numérique, a fait savoir que « malgré les nombreux obstacles, les difficultés qu’il fallait contourner – et là je pense à la législation qui n’a toujours pas vu le jour – nous avons décidé de continuer de travailler, pas en dehors de la loi, mais, disons, avant la loi, et ça c’est l’esprit de Réalités, c’est notre marque de fabrique de prendre les devants, de susciter le débat et d’amener nos dirigeants à prendre les mesures nécessaires« ,
« La santé, c’est l’autre combat de Réalités », a-t-il tenu à préciser tout en affirmant que si « nous continuons d’avancer c’est parce que nous croyons en l’avenir médical de la Tunisie« .
Après les interventions et discours introductifs des partenaires du Forum et son ouverture officielle par Imed Hamami, ministre de la santé publique, place a été donnée à la première séance qui porte sur « l’hôpital numérique ».
Pour Dr Ali Harmel, qui a tenté de répondre à la question de savoir « que représente le marché de l’e-santé en Tunisie, le numérique est un important gisement de croissance pour l’économie tunisienne. En 2016 notamment, le numérique a contribué à hauteur de 7.5% du PIB. Il représente 31% des exportations industrielles, compte 1200 entreprises.
En 2015, la Tunisie figure parmi les pays d’Afrique les plus développés en matière de TIC. A l’horizon de 2020, elle aura pour objectifs prioritaires, d’atteindre une couverture sanitaire universelle, l’amélioration des prestations des soins et la réduction des disparités observées entre les régions.
Autre intervention de cette première séance, et qui ne manquait pas d’importance, la présentation de Dr Faten Chaieb qui a porté sur la chirurgie assistée par ordinateur: modélisation 3D et planification pré-opératoire. Dr Chaib a souligné que la modélisation 3D permet d’améliorer l’analyse quantitative relative aux pathologies à analyser, insistant qu’elle garantie une meilleure précision que l’analyse 2D. La modélisation 3D permet également de faciliter l’échange avec d’autres médecins, radiologues, chirurgiens etc. Elle permet également la simulation de l’acte chirurgicale. Cette modélisation rapproche la réalité virtuelle de la réalité augmentée en créant un modèle virtuel à visualiser durant l’opération et à projeter le modèle sur le patient ou l’intégrer à la scène. Elle permet aussi l’exploration et la manipulation anatomique interopératoire.
Et pour illustrer ce que c’est qu’un hôpital numérique, Dr François Roucoux a présenté le modèle belge et les évolutions par lesquelles il est passé. En ce qui concerne le modèle tunisien, il est indispensable d’en parler sans évoquer le rôle du Centre Informatique du ministère de la Santé. Le directeur général du centre, Faiez Khelia a fait savoir que 192 personnes travaillent au sein dudit centre dont la moitié sont réparties sur les différentes régions du pays. Dr Khelia a rappelé que la Tunisie était l’un des premiers pays africains qui se sont lancés dans l’informatisation du secteur de la santé sauf qu’elle n’a pas œuvré à l’application du programme de réforme de son système d’information. L’installation d’un système informatique pour le contrôle du stock des médicaments à l’hôpital Habib Thameur pour le suivi d’une meilleure gestion des stocks a été présenté comme un modèle réussi. Dr Safa Derbel, chef-service de la pharmacie de l’hôpital précité a affirmé que les avantages et les résultats obtenus sont nombreux à savoir le gain du temps d’accès aux médicaments, une sécurisation importante des stocks des médicaments, et la réduction des réclamations des services. Ce système a permis de remplacer la dispensation globale par une dispensation journalière individuelle et nominative, pour tous les services de l’hôpital. il a aussi permis de remplacer les bons de commande hebdomadaires émanant des services par « des bulletins de prescriptions », retranscrits à partir des pancartes: ordonnances de 24 heures mais aussi une dispensation pour 24 heures. Sachant que toute prescription informatisée est hautement sécurisée. Les substitutions ou la confusion, sources d’erreurs sont totalement absentes. Par ailleurs, l’administration est également sécurisée, étant donné que l’infirmière sera concentrée entièrement sur l’acte d’administration: moins perte de temps lié à la recherche d’infos sur les prescriptions outre une mise en place des plans de prise. Mme Derbel a conclu par rappeler à l’importance d’un personnel motivé, bien formé, suivi et encadré ( équipe multidisciplinaire compétente), un matériel informatique ( ordinateurs, imprimantes au niveau des services et de la pharmacie), et une application de prescription et une autre application de gestion de médicaments, qui sont les garantis de la réussite de ce système. La dernière intervention était celle de Dr Ramzi Sarraj, et elle portait sur la digitalisation des officines. Dr Sarraj a, à travers sa problématique évoqué les difficultés entourant le secteur officinal tunisien en mettant l’accent sur les influences externes sur le secteur à savoir l’influence politique, économique, sociologique, technologique, écologique et légale.
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