Qui contrôlera la Mosquée Zitouna ?

La gestion de la mosquée Zitouna est devenue la pomme de discorde entre Cheikh Houcine Laâbidi, imam autoproclamé et le ministère des Affaires religieuses. La polémique dure depuis des semaines et n’a pas l’air de s’estomper.

La semaine dernière cheikh Houcine Laâbidi a organisé une conférence de presse pour donner les détails de son arrestation par la police et clarifier sa position du ministère des Affaires religieuses dont il refuse la tutelle sur la mosquée Zitouna. Auparavant, le ministère a publié un communiqué où il a limogé ce dernier suite à des plaintes déposées par des citoyens,  des responsables gouvernementaux et des personnalités  contre ses dépassements  et son discours de haine, notamment à l’encontre des artistes dans l’affaire d’El Abdelliya. Mais voilà que ce dernier a refusé d’appliquer cette décision, en s’appuyant sur le document définissant le statut de la mosquée Zitouna ayant repris sa vocation d’école religieuse qu’elle a perdue depuis le début des années 60 par ordre de Bourguiba.

 

«Qui touche à la Zitouna, fait atteinte à l’Islam»

Laâbidi a insisté comme le stipule le document, sur l’indépendance de la mosquée Zitouna comme «une institution islamique scientifique et éducative bénéficiant de la personnalité juridique» et qui est dirigée par l’imam de la mosquée, « le seul responsable de  sa gestion interne». De ce fait, il se considère comme ayant tous les pouvoirs sur la mosquée, excluant toute tutelle de la part du ministère des Affaires religieuses. Pis, il est allé jusqu’à accuser  les trois ministres ayant signé le document, lors de la cérémonie de restitution de l’enseignement zitounien, à savoir Abdellatif Abidi, ministre de l’Education, Moncef Ben Salem, ministre de l’Enseignement Supérieur et Noureddine Khadmi, ministre des Affaires religieuses, de vouloir se rétracter sur leurs engagements et «d’atteinte contre la religion et la culture musulmane». Une accusation qui frôle l’apostasie.

Se comportant comme le véritable maitre des lieux, Laâbidi a congédié l’imam nommé par le ministère des Affaires religieuses et a même changé les cadenas de la mosquée qu’il considère désormais comme une propriété privé.

Le ministère n’a pas manqué de réagir, en envoyant dans un premier temps,  un huissier de justice que le cheikh a congédié puis en faisant appel aux forces de l’ordre. Et malgré le mauvais traitement que Laâbidi a subi de leur part, puisqu’il les accuse de l’avoir kidnappé et agressé physiquement et moralement, il  reste sur ses positions. Mieux, il a adressé un avertissement au chef du gouvernement et au ministre des Affaires religieuses, en  leur demandant  de revenir sur la décision de nommer un autre imam à la mosquée.

Le projet de cheikh consiste, au fait, à faire de la Zitouna une institution comme Al Azhar en Egypte, indépendante de l’Etat. Et qui va donc la financer ? Houcine Lâabidi compte beaucoup sur les dons venant de l’intérieur, mais aussi de l’extérieur,  notamment des pays musulmans, à savoir l’Arabie Saoudite par exemple. Il compte par ailleurs, sur le retour des biens «houbous».  Ces ressources sont nécessaires pour lui, d’autant plus que «l’enseignement est  gratuit pour tous les musulmans du monde».

 

Le ministère des Affaires religieuses réagit

Devant l’entêtement de Houcine Lâdidi, le ministère compte passer à la vitesse supérieure. Selon Mohmed Lefi, porte-parole, «le nouveau imam nommé, Mohamed Bouzghiba, sera maintenu en poste et célébrera cette semaine la prière du vendredi ainsi que la prière de l’Aid». Si Laâbidi s’y oppose, alors le recours aux forces de l’ordre et au Procureur de la République devient inévitable. M. Lefi précise que le cheikh a cherché dernièrement  à entraver la cérémonie de distribution des prix pour les lauréats du concours de la récitation du Coran, mais sous la pression de ministère, il a fini par céder.

Le ministère compte donc appliquer la loi et reprendre son autorité sur les 4600 mosquées sous sa tutelle y compris la Zitouna.

De son côté Laâbidi, d’obédience salafiste et ancien imam de la mosquée de Ben Arous, qui s’était autoproclamé imam de la Zitouna sans que personne ne le nomme, ne compte pas lâcher prise.

Affaire à suivre…

Hanène Zbiss

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