L’entretien télévisé de Béji Caïd Essebsi, diffusé dans la soirée du dimanche 15 juillet 2018, n’a fait qu’envenimer la situation selon Hsouna Nasfi, député du bloc Al-Horra de Machrou3 Tounes. « On s’attendait à un entretien avec des possibilités de sortie de crise. Or, aucune solution n’a été évoquée. Bien au contraire, la crise s’est accentuée, elle est aujourd’hui d’ordre éthique étant donné qu’il existe un conflit entre les deux têtes du pouvoir exécutif », a-t-il déclaré à Réalités Online ce lundi 16 juillet 2018.
Hsouna Nasfi considère que 80% de l’entretien du président de la République visaient le Chef du gouvernement, Youssef Chahed.
D’un autre côté, le député pense que le président de la République n’a pas abordé la question sécuritaire et les relations internationales. Le premier point, souligne-t-il, n’a été abordé que dans l’objectif de tacler le Chef du gouvernement. Quant au second, il considère que les citoyens sont toujours sur leur faim. « Il aurait dû en parler et livrer des messages rassurants, surtout que la Tunisie a récemment accueilli des délégations internationales de haut niveau », a-t-il assuré.
Fissures à Nidaa Tounes : faire porter le chapeau à Youssef Chahed
Sur l’ingérence du Chef de l’Etat dans le conflit entre Hafedh Caïd Essebsi et Youssef Chahed, Hsouna Nasfi considère que le président semble avoir adopté une position sur la question, puisqu’il a invité, lors de la réunion de ce lundi 16 juillet 2018, le directeur exécutif auto-proclamé de Nidaa Tounes.
« BCE voulait faire porter la responsabilité des fissures de Nidaa Tounes sur Youssef Chahed. Il a également parlé des élections de 2019. C’était comme si le Chef du gouvernement avait mentionné son intention de se présenter, alors qu’il n’y a eu aucune déclaration officielle. Autrement dit, le mystère plane encore sur la scène politique et il est difficile de déchiffrer ce qui se passe », a expliqué le député.
D’ordinaire, poursuit-il, une interview doit éclairer l’opinion publique et élucider les mystères. Avec le manque de clarté, la voie est libre pour les interprétations selon Hsouna Nasfi. Un discours doit pourtant être clair et net.
D’autre part, il considère que le Chef de l’Etat n’a pas été interrogé sur les solutions possibles à la crise. « Il y avait deux cas de figure. Tout d’abord, il y a le retrait de la confiance à Youssef Chahed de la part de l’ARP. Le successeur doit être mentionné dans ce cas. Or, le président semble ne pas vouloir emprunter cette démarche étant donné qu’il souhaite garder le pouvoir de nommer le Chef du gouvernement. L’autre possibilité porte sur une demande officielle de la part du président, adressée au Chef du gouvernement, l’appelant à se présenter devant l’ARP pour obtenir sa confiance. Et là encore, le Chef de l’Etat ne nous a pas dit pour quelle raison il n’a pas opté pour cette solution. Si l’on n’arrive pas à répondre à des questions aussi simples, je pense que que la crise politique ne sera pas résolue prochainement », a-t-il encore expliqué.
Un gâteau partagé entre Nidaa Tounes et Ennahdha
Par ailleurs, Hsouna Nasfi a été interpellé sur le consensus entre Nidaa Tounes et Ennahdha. Ses conséquences sont observables aujourd’hui. « C’est un consensus trompeur », a-t-il lâché.
Pour le député, si on choisit de gouverner avec un partenaire, il existe des principes à respecter. « Il y a eu beaucoup de désaccords [entre Nidaa Tounes et Ennahdha], notamment au niveau du rapport de la Commission des libertés individuelles, de la loi électorale et de la loi sur les crèches et garderies scolaires. Sur ce dernier point, Ennahdha et Nidaa Tounes ont été en désaccord sur un article ! Plus encore : Ennahdha, aujourd’hui, s’accroche à Youssef Chahed alors que ce dernier est rejeté par Nidaa Tounes. Peut-on dans ce cas parler d’un consensus ? Ce concept a été diabolisé en Tunisie. En réalité, on ne fait que se partager un gâteau », a encore assuré Hsouna Nasfi.