Un communiqué publié mercredi 17décembre 2014 par le ministère des affaires religieuses sur son site internet nous a appris que « Le ministère reprend le contrôle sur « toutes » les mosquées sous le contrôle des éléments extrémistes qui ont contribué à la diffusion d’un discours appelant à la haine et à la division ». Ce fut une bonne nouvelle par excellence.
Le 23 janvier 2015 le ministère a décrété un arrêté portant désignation d’un nouvel imam prédicateur pour officier à la mosquée Zitouna. L’ancien imam étant Houcine Laabidi, un imam controversé, à l’origine des fatwas appelant au meurtre des artistes et ne trouvant aucun embarras de se mêler dans la politique. Cet arrêté a été entériné par une décision de la 5e chambre du Tribunal administratif qui a sommé le même Houcine Laabidi et ses partisans d’évacuer immédiatement ladite mosquée. Chose qui laisse entendre que, l’imam s’est emparé de la mosquée jusqu’à nos malgré l’annonce de la reprise du contrôle sur « toutes » les mosquées.
Mais qui est Houcine Laabidi ? Le connaissez-vous ?
L’info s’est propagée d’une vitesse effrénée sur la toile il y a quelques mois : l’imam de la mosquée Ezzaytouna a insulté le candidat à la présidentielle Béji Caïd Essebssi appelant à ne pas voter pour lui. Il a même prié que le candidat périsse avant d’arriver au pouvoir. Amen, répondent les fidèles en toute spiritualité.
Que le prestigieux imam soutienne son candidat à la présidentielle, c’est son sacré droit. Or qu’il fasse part de ses idées –si l’on ose les appeler ainsi- dans ses sphères privées mais pas dans la plus grande mosquée de Tunis au vu et au su de tout le monde. Car cela est bel et bien une atteinte à la neutralité des mosquées (un concept jusque là utopique en Tunisie).
En effet, ce n’était pas la première fois que Houcine Laâbidi fasse parler de lui.
En juin 2012, très tolérant qu’il soit, le grand imam a accusé 17 artistes qui ont exposé leurs œuvres artistiques à la salle d’exposition Abdelya à la Marsa, de blasphème et de mécréance appelant à les tuer et à « faire couler leur sang ».
Une fatwa qui a été condamnée par toute la Tunisie suite à laquelle Houcine Laabidi a été arrêté, puis relâché pour reprendre son trône le vendredi suivant.
Ce n’est pas tout. Le « sage » imam a déjà fait de la mosquée son territoire conquis ; il a changé les serrures de sa porte principale et a interdit l’accès aux chercheurs de l’Institut national du Patrimoine. Pour propager ses pensées éclairées et tolérantes, il a lancé ses propres programmes d’éducation refusant tout droit de regard sur leur continu.
Croyant avoir le pré-carré de la mosquée l’imam n’a pas cessé de défier le ministère des affaires religieuses auquel il ne reconnaît aucune autorité.
Très confiant, il a déclaré à l’Agence France Presse en mars 2013 que la mosquée Ezzaytouna n’est pas concernée par le programme de neutralité des mosquées, mis en place le gouvernement de Mehdi Jomaâ.
Enfin pourquoi cet homme est « irréductible » ? Pourquoi est-il resté autant dans l’enceinte de la plus ancienne et la plus grande mosquée de Tunis alors qu’il avait fait preuve d’un extrémisme avéré?
Il y a anguille sous roche.
Peut-être que les gouvernements qui se sont succédé ont décidé de lui donner une autre chance pour qu’il prouve sa bonne foi? D’ailleurs il n’y a pas longtemps le « cheikh » a exprimé sa volonté de se démettre mais le prophète lui-même l’a empêché de le faire dans un rêve. Tiens… voilà pourquoi le sage imam a pu garder son poste. Il est tout à fait inexcusable de contrarier la volonté du prophète.