Notre problème, n’est pas les frères musulmans de Tunisie, ni leurs soutiens étrangers, ni leur acharnement à détruire le modèle social, ni leur combat pour s’accaparer du pouvoir en maitrisant l’administration, ni leur détermination à y parvenir par tous les moyens, ni leurs méthodes, ni l’absence de morale et de conscience dont ils font preuve ; Non cela ne me dérange pas outre mesures et je considère même, qu’ils ont raison de tout faire pour arriver à leurs fins ! Qui n’en ferait pas autant pour survivre.
Non, notre problème ne vient pas d’eux ! En fait, Nous sommes le problème ! Nous, qui pour la plus part d’entre nous, ressemblons à des vichystes (), sommes bien pires que les frères musulmans, car nous autres, dans notre grande majorité, n’avons aucune morale patriotique rigoriste, nous sommes même capables de développer tout un discours sur l’intérêt national pour justifier notre collaboration, comme l’avait fait naguère Pétain.
Somme toute, notre seule religion, est de conserver notre petit confort douillet (chacun selon ses moyens), de garantir notre salaire et nos privilèges de fonctionnaire, de gagner quelques deniers, si possible rapidement et sans labeur ardu; et pour les plus avides, de continuer à s’engraisser par les privilèges et la corruption, même si cela ne devait être que le dessein d’un jour.
C’est en cela, que j’ai des griefs envers l’ancien régime de Ben Ali, de sa belle famille et particulièrement à ceux, qui par avidité et opportunisme, se sont mis à son service, créant une voyoucratie. Le plus grand méfait de l’ancien régime, aura été d’avoir détruit la culture de l’ascenseur social, du travail et du labeur, et d’avoir anéanti, au sein de l’administration et dans les strates sociales, le sentiment du bien national commun et du patriotisme. Ils y ont substitué, la culture de l’argent facile obtenus grâce à des passes droits et des avantages accordés aux servants de leurs intérêts.
Ce système a encré dans la société, l’esprit de la connivence et de fourvoiement (du moment qu’un petit profit peut être engrangé), du « manger et faire manger » du « ca ne me regarde pas ! arrange toi comme tu peut » du (ech ihemmek ,rigel oumourek), de l’ascension sociale et administrative obtenue par la servitude et l’avilissement, au lieu de la compétence et de l’intégrité. C’est cette culture qui a donné naissance à cette caste politique et affairiste, aux commandes du pays depuis 10 ans. D’ailleurs, Ben Ali lui-même, a été la première victime de cette légion qu’il a lui-même créée.
Les frères musulmans ont parfaitement compris au terme de trois décennies de Ben Alisme, toutes les subtilités du système; ils n’ont fait que profiter intelligemment de cette main d’ouvre à la recherche de nouveaux ‘Maîtres’.
En protégeant leurs dépassements, en leur garantissant les mêmes privilèges (voire plus), en leur faisant croire, durant un temps, que leurs services seront rémunérés (en promotions administratives, en postes politiques et/ou en business acquis et protégés) et qu’ils bénéficieront d’impunité sur leur passé ; les frères musulmans se sont approprié une main d’œuvre servile, prête à servir leurs intérêts et à leur permettre de durer, ce qu’il faudra, pour infiltrer les rouages du pays, et faire main basse sur les mécanismes du pouvoir. Lorsque leur projet sera atteint, ils se débarrasseront rapidement et violement de cette main d’ouvre (pour en faire des exemples), de sorte qu’ils ne puissent plus servir de nouveaux Maitres (ce qui s’est passé au soudant puis en Turquie).
Alors oui, je n’ai de reproche à faire qu’a nous même, qu’à nos pseudos intellectuels, utopistes qui se disent gauchistes (qui font mal à l’esprit même de la gauche) qui n’ont plus rien à vendre ; j’en veux aussi aux militants et vrais opposants (au passé incontestable) ; tous ont crus et continuent malheureusement de croire, que finalement leur temps est arrivé de récolter le fruit de leur combat mais ont fini par manger leur blé en herbe. Par ce comportement ils sont devenus de fait de connivence, à force d’êtres obnubilé par leur passé et par la revanche sur les RCDistes.
Alors sommes nous condamné à l’inéluctables ? D’aucun, notamment les vichystes, vous diront bien entendu que ‘oui !’ que cela nous dépasse, que les décisions se prennent ailleurs, afin de justifier leur compromission, nous expliquant qu’il nous faut traiter avec le diable, le risque pour le pays étant trop grand, qu’il sera détruit ne pouvant supporter un tel combat ! (discours de Pétain pour justifier vichy et la collaboration). Et Voila comment une secte qui ne pèse tout au plus que 300 000 fidèles sérieux, arrive à gouverner et maitriser une population de plus de 11 millions d’âmes ! Dont une majorité absolue lui est hostile ne partageant pas ses croyances, étant parfaitement au fait de son dessein.
Alors sommes nous réellement condamné ? N’existe-t-il plus aucune voix pour mobiliser rassembler une majorité de tunisiens autour d’un projet unique, sauver la nation des griffes des frères musulmans et des collabos? Restaurer la république et instaurer l’État de droit ? Sans pour autant restaurer une vision ancienne et dépassée de la république ?
Tout projet devra tenir compte des résistances des frères musulmans et des collabos et de leurs commanditaires (grands argentiers de cet état), car tout changement devra inéluctablement passer par, la:
- reforme et la réinstauration d’un état de droit,
- fin de l’impunité et du régime du pardon,
- fin des privilèges, des faveurs et des rentes,
- restauration d’une administration élitiste au service des citoyens et de la nation et non pas au service d’elle-même,
Alors oui, cela est encore possible, et j’ose y croire ; car comme pour beaucoup, ne plus y croire, c’est de fait ne plus croire en notre pays ; ce qui nous est totalement inconcevable ; Si non, alors autant mourir de désespoir !
Malgré tout cela, ne pourrions nous pas rêver d’un renouveau, d’une libération, d’une république juste et équitable, où seul le droit juste prime, où les politiques et l’administration sont au service du peuple et de sont bien être, où la justice et indépendante mais pas les juges ! , où la politique est libre mais pas les politiques, où les citoyens sont libres tant que la liberté des autres et celle de la communauté n’est pas atteinte, où le savoir, la culture et l’art sont rois mais pas la médiocrité et le populisme, où il fait bon vivre sur tout son beau territoire, ou nous sommes tous citoyens à part entière avec nos différences culturelles et confessionnelles où, nous nous réapproprions notre espace africain, méditerranéen et notre identité originelle séculaire.
Ce beau pays est pour une bonne partie d’entres nous, le notre à jamais, il coule dans nos veines depuis plus de quatre mille ans, la république de Carthage est toujours présente et est inscrite dans nos gènes, cette terre est bénie des dieux ; nous sommes chez nous et comme nos pères, nos grands pères, nos arrières grands père et nos ancêtres, nous devons nous battre pour notre pays. Ce sentiment est plus fort que nous, aucun conditionnement d’aucune sorte ne pourra lutter contre cela. Nous sommes tunisiens, nord africain, méditerranéen, nous somme carthaginois enfants des premiers combattants amazigh, d’Elissa, d’Hasdrubal, d’Hannibal Barca, de la Kahéna, de tarik Ouelhzi (ibn zied), de Ben Ghdhéhem et de Bourguiba et c’est tout indivisible et rien d’autres.
Si nous ne trouvons pas de solution, ma conviction est que nous allons droit vers une situation particulièrement incertaine, pour ne pas dire dangereuse voire existentielle pour la république, tous les ingrédients d’une dégradation rapide de la situation sont présents :
(1) tous les facteurs économiques sociaux et humains sont dégradés au point ou toutes les couches sociales sont paupérisées (y compris la classe moyenne jadis pilier de notre société et support de l’économie)
(2) l’État est en quasi faillite avec un endettement de plus de 110% du PIB, très peut de création de valeur, une dégradation du service public et la disparition du tissus industriel PME/TPE,
(3) une maitrise totale des arcanes du pouvoir (particulièrement judiciaire, policier et administratif offerts sur un plateau par des fonctionnaires promus dirigeants politiques) par les frères musulmans, présageant de l’’avénement d’une ère de restriction des libertés individuelles et de la presse (cela commence déjà par la mise au pas de certains médias et journalistes), puis, ce sera le tour de tout citoyens qui s’avisera de dire ou d’écrire une critique du système en place, de se faire condamner (tel en est la réforme du code électoral voté, qui assimile de fait, la critique et le combat des frères musulmans au rejet de la démocratie).
(4) la guerre d’influence qui se joue autour de nous en Lybie et les visés sur l’Algérie, mais aussi en Irak, en Syrie et en Iran nous met dans une situation particulièrement vulnérable et fragile, les frères musulmans ne maitrisant plus la Turquie (potentiellement fragilisée), en Tunisie, ils se retrouvent sous pression. L’environnement international est de plus en plus hostile et la pression sur les frères musulmans (il ne leur reste que les britanniques et les allemands) se faisant de plus en plus importante.
Il semble ainsi, que le changement ne pourra venir que d’un sursaut social et populaire, d’une explosion des consciences, d’un réveil des plus démunis. Un mouvement populaire puissant permettant un nettoyage en profondeur des salissures et des blessures ; une refonte totale des structures de la république, et l’émergence d’une nouvelle classe politique compétente, patriotique, totalement acquise au service du peuple et de l’intérêt de la nation, en totale rupture avec l’inféodation culturelle récente et imprégnés par notre histoire et notre culture Nord Africaine autochtone. Une nouvelle classe politique qui devra assumer entièrement le combat de libération de la secte des frères musulmans et la pensée qu’ils véhiculent comme préalable à la reconstruction nationale.
Ce réveil des consciences et des honneurs, ne saurait être qu’un mouvement citoyen embrassé, alimenté et guidé par ce qui reste de l’ancienne classe moyenne, par une nouvelle élite démocrate mais radicale. Ce mouvement, devra se distinguer en premier lieu, de toute la classe politique actuelle, combattre les collabos, plus que les frères musulmans, ainsi que tout l’establishment de l’économie de rente et des privilèges, afin de pouvoir réunir le peuple autour d’un rêve et d’un projet commun.
Le déclencheur pourrait être la paupérisation et la pauvreté, le rejet de l’hégémonie des frères musulmans sur le pouvoir, les infractions répétées à la loi, la trahison des élus portés par les élections et le spectacle désolant de la classe politique. Les tentatives de mise au pas de la libre expression et des militants, ne fera qu’augmenter le mépris et le rejet, la peur n’aura plus d’effets et sera remplacée par la colère.
La désobéissance civile, la manifestation massive et pacifique, le refus de se soumettre, la parole libre, la dénonciation massive, la pression permanente, l’expression de la colère et le retour du ‘Dégage’, le tout dans l’ordre et sans violence, devra être le visage de l’expression populaire. Expression d‘une volonté, dont le son sera effroyable aux oreilles de la caste dirigeante, mais sera une agréable mélodie aux oreilles du peuple, un air de symphonie nationaliste, qui enchantera et grisera les foules, l’hymne national (hymne de la révolution autrefois) retrouvera tout son sens et envoutera le peuple ; la Tunisie redeviendra au premier plan de la scène internationale et lancera un message universel aux peuples du monde : lorsque le peuple veut, le peuple peut !
Alors, une nouvelle élite émergera et l’ordre républicain et populaire sera de retour, l’espoir renaitra et le rêve de la république juste et équitable pour tous reviendra et la nation apaisée se remettra sur le chemin de la reconstruction.
Renaîtra alors la troisième république de Carthage.