Le rêve d’une intelligence artificielle (IA) au service du bien commun se heurte à une réalité bien plus sombre : l’explosion de son empreinte carbone. Google et Microsoft, les géants du numérique, en font les frais, voyant leurs ambitions climatiques compromises par l’insatiable soif d’énergie de leurs puissants centres de données.
Le constat est accablant : les émissions de CO2 de Google ont bondi de 13% l’année dernière et de 48% sur les cinq dernières années, pour atteindre 14,3 millions de tonnes équivalent carbone en 2023. Un chiffre inquiétant qui remet en question la capacité du groupe californien à atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici 2030.
En cause : l’explosion de la consommation d’énergie des centres de données, ces infrastructures numériques colossales qui alimentent les nouveaux outils d’IA générative. « À mesure que nous intégrons davantage l’IA à nos produits, réduire nos émissions peut s’avérer difficile en raison des besoins croissants en énergie dus à la hausse de l’intensité en calcul informatique liée à l’IA », explique Google.
Ce constat n’est pas isolé. Microsoft, autre géant du numérique, a également annoncé une augmentation de ses émissions de CO2 de près d’un tiers depuis 2020, principalement due à la construction de nouveaux centres de données. Une situation qui semble mettre à mal les engagements climatiques des grandes entreprises technologiques.
« Elles ont été prises au dépourvu à la fois par la quantité d’énergie nécessaire pour mettre au point une telle technologie et par la quantité d’énergie nécessaire pour la faire fonctionner », analyse Sasha Luccioni, responsable climat de la start-up d’intelligence artificielle Hugging Face.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) tire la sonnette d’alarme : la consommation d’électricité des centres de données pourrait doubler d’ici 2026, atteignant 1 000 térawattheures, soit l’équivalent de la consommation d’un pays comme le Japon.
Une telle croissance menace de compromettre les efforts de transition énergétique entrepris par de nombreux pays et risque de remettre en cause les objectifs climatiques des entreprises technologiques elles-mêmes.
En Arabie saoudite, en Irlande ou en Malaisie, par exemple, la demande en énergie nécessaire au fonctionnement des centres de données dépasse déjà les capacités de production d’énergie renouvelable.