IACE : Repenser l’économie de la rue en Tunisie

L’économie de la rue, souvent marginalisée et sous-estimée, représente un aspect essentiel de la vie économique et sociale dans de nombreuses régions, y compris en Tunisie. Face à ces défis et opportunités, l’Institut arabe des chefs d’entreprise a élaboré des recommandations visant à réguler et à intégrer cette économie informelle dans le tissu urbain de manière efficace et respectueuse de l’environnement.

Dans un rapport intitulé « Solutions aux défis de l’économie informelle et de la rue en Tunisie : entre problématiques de recherche et enjeux socio-économiques », l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace) a recommandé l’adoption d’une « approche alternative » dans le but de gérer l’économie de la rue sur le modèle du « marché de la rue d’Espagne » en maintenant son caractère naturel tout en surveillant et en régularisant la situation des commerçants opérant en dehors du cadre légal, en contrôlant l’espace, en délivrant des licences, en imposant des redevances et des amendes, notamment en imposant un calendrier de concentration et en réglementant le marché de la rue.
“L’économie de la rue est définie comme un échange de toutes sortes de biens et services dans des espaces publics tels que les routes, les coins de rue et les places. Toutes sortes d’activités économiques, sociales et artistiques pratiquées dans la rue y convergent… L’économie de la rue, autrefois méprisée par les économistes et les politiciens, est devenue le principal fournisseur des pauvres avec des centaines d’activités connexes”, indique le think-tank économique.
Par conséquent, l’Institut arabe a considéré que la création de marchés organisés à l’intérieur de centres fermés plutôt que dans la rue ne constituait pas une solution durable et économiquement rentable pour les professionnels de l’économie de la rue, étant donné la capacité limitée des marchés organisés et la perte de la dimension stratégique de cette économie, ainsi que les obstacles immobiliers et le financement limité. Cela impose de trouver une alternative loin des approches qui reposent sur l’exclusion et la marginalisation.
Face à ce constat, il est donc nécessaire de mettre en place des mécanismes progressifs, souples et intégrés garantissant une régulation appropriée de cette activité et compatible avec la vie urbaine.
Il est aussi impératif d’intégrer les vendeurs et les commerçants de rue de manière organisée et respectueuse de l’environnement urbain en aménageant des espaces dédiés, organisés et appropriés, tout en veillant à ce qu’ils ne soient pas en concurrence directe avec les structures commerciales avoisinantes.
En outre, l’Iace a recommandé une sélection soigneuse des bénéficiaires de ces espaces, en donnant la priorité à ceux qui ont montré leur capacité à faire de cette activité un moyen de subsistance stable et durable, tout en garantissant le contrôle de l’activité et le respect des lois en vigueur. Il est également nécessaire de réglementer progressivement le marché informel en vue de son intégration finale dans le cadre réglementé.
Certes, l’analyse initiale faite par l’Iace met en lumière les défis rencontrés par cette économie, mais les recommandations proposées, notamment l’intégration progressive des vendeurs de rue dans le tissu urbain, sont louables. Elles reflètent une approche holistique qui tient compte des besoins des vendeurs tout en favorisant le développement urbain.
Cependant, il reste des questions en suspens quant à la mise en œuvre pratique de ces recommandations car dans notre pays, la réglementation des activités de rue tout en préservant les moyens de subsistance des vendeurs est un défi complexe qui nécessite une approche équilibrée.
De plus, il est important d’examiner attentivement les implications à long terme de ces recommandations et une analyse approfondie des conséquences socio-économiques est toujours nécessaire pour éviter des effets indésirables imprévus.

M.BB

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