Depuis plus de quatre ans, les gouvernements successifs ont navigué à vue dans la gestion des affaires publiques, “éteignant un incendie” par ci, relançant un projet par là. Aucune cohérence ou presque dans la prise des décisions, ni fil conducteur, pas de politique cohérente de croissance économique et encore moins de stratégie de développement à moyen terme.
Avec une majorité et un gouvernement théoriquement stables durant cinq ans, il est indispensable d’avoir un modèle de développement sinon un véritable plan de développement.
Mais avant d’élaborer un modèle de développement pour l’ensemble du pays, il faudrait qu’il y ait un consensus atour d’un projet de société, un modèle ou un objectif à atteindre au bout de quelques années, sinon au bout d’une ou deux décennies tout au plus.
Voulons-nous une population où règne la cohésion et la paix sociales avec une classe moyenne développée, un secteur privé prospère qui assume son devoir fiscal et des régions intérieures où il fait bon vivre ou bien un pays où une minorité de riches vivent sur le littoral, alors que la majorité sont des pauvres et des chômeurs qui vivent dans les zones intérieures, exclus du processus de croissance économique et de progrès social ?
Cela implique que le gouvernement a déjà engagé un dialogue national relatif à ce modèle de développement avec la participation des principaux partis politiques et organisations nationales en vue d’aboutir à un consensus relatif aux principales orientations politiques, économiques et socio-culturelles.
Les partenaires sociaux, organisations syndicales et patronales ainsi que la société civile sont co-responsables avec le gouvernement pour la mise en œuvre et la réalisation des objectifs du schéma de développement.
Quelles devraient être les principales orientations de ce modèle de développement à la lumière des revendications de la Révolution ?
Le processus de croissance doit être tiré par les exportations faute d’un vaste marché intérieur, il doit être basé sur l’investissement national et étranger, fondé sur la production et non sur la consommation.
On peut dire que le modèle économique qui pourrait être retenu est celui de l’économie sociale de marché, en ce sens qu’il y a un préjugé favorable accordé aux mécanismes régulateurs du marché pour gérer les prix en fonction de l’offre et de la demande, mais aussi compte tenu de la concurrence. Cependant les distorsions et les dérapages du marché ne manquent pas, ce qui oblige l’État à intervenir pour rétablir les équilibres.
Le processus de croissance économique ne doit plus être exclusivement quantitatif et focalisé sur le littoral mais également adopter une démarche qualitative et être également réparti sur l’ensemble du pays dans le cadre d’un projet intégré d’aménagement de territoire national.
Par qualitatif il faudrait entendre une valeur ajoutée élevée des activités économiques et des emplois pour les jeunes diplômés
Le nouveau schéma de développement doit être basé sur des districts regroupant chacun plusieurs gouvernorats limitrophes et complémentaires avec un accès à la mer, ayant un potentiel de croissance et une masse de population optimale comportant 1 million d’habitants ou plus.
Quelle définition et quel nouveau rôle pour l’État ?
Une refondation du rôle de l’État s’impose sur la base d’un rôle régulateur des équilibres économiques et financiers, arbitre entre les partenaires sociaux, mais aussi protecteur des maillons faibles de la population. Investisseur lorsqu’il s’agit de réaliser des infrastructures de base.
L’État doit être stratège en matière de développement : définir la politique de croissance, choisir les moyens et identifier les projets. Sans détenir l’exclusivité, l’État doit être responsable de certains secteurs stratégiques : transport, énergie, sécurité, télécoms, mobilisation et distribution d’eau, assainissement, environnement, banques,… C’est pourquoi un partenariat s’impose entre le public et le privé
Les investisseurs privés ont la liberté d’entreprendre et le profit est légal sous condition de remplir le devoir fiscal et d’assumer la responsabilité sociale de l’entreprise.
En effet, c’est l’entreprise privée qui crée la valeur ajoutée et l’emploi et qui exporte. Elle a droit à des avantages fiscaux et financiers dans la mesure où elle s’implante dans les régions défavorisées.
Entre le secteur étatique, qui prend en charge les services publics et stratégiques quitte à les subventionner lorsqu’il y a une tarification sociale justifiée, et le secteur privé plutôt préoccupé par la rentabilité financière de ses propres entreprises, l’économie solidaire mérite d’être encouragée et développée.
En effet, mutuelles, coopératives de services, associations d’artisans et de paysans peuvent et doivent prospérer, créer de l’emploi, avoir une rentabilité financière et sociale et surtout rendre des services inestimables à une large frange de la population.
La décentralisation et le développement régional sont le nouveau facteur majeur qui s’est imposé au lendemain de la Révolution. Il ne s’agira plus d’un pouvoir central bureaucratique qui impose aux régions les projets et les programmes de développement mais de faire assumer à chaque région sa destinée. En effet, ce sont les autorités de la région, élues par la population, et dans le cadre d’institutions prévues par la Constitution qui doivent promouvoir la croissance de leur région.
Il est évident que chaque district doit disposer des ressources financières nécessaires pour promouvoir les projets régio