Au moment où le tourisme a besoin de toute la profession pour sortir du gouffre de la crise, l’heure est au conflit. La Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), l’institution qui est censée rassembler les professionnels du secteur pour défendre leurs intérêts et promouvoir l’industrie hôtelière est divisée. Les priorités sont ailleurs. Focus
C’est le Tribunal de Tunis qui tranchera la question. Puisque les contestataires sont allés jusqu’à porter plainte pour invalidation des résultats des élections de la dernière assemblée générale. De toute façon, peu importe le verdict, M. Bechir Miled, qui était à la tête des contestataires, a déjà jeté l’éponge et ne veut plus avoir affaire avec la FTH. Pour lui la fédération est finie. Elle a perdu sa vocation et ce n’est pas elle qui défendra le secteur ou résoudra les problèmes des hôteliers. D’autres ont manifesté leur contestation en démissionnant. Il s’agit de Mohamed Belajouza, le président sortant, Hamouda Ben Ghachem, trésorier sortant, et Mounir Ben Miled (président de la FTH à deux reprises), personnalités influentes dans le secteur et dans la fédération. S’étant porté candidat au poste de président, Afif Kchouk a perdu avec 14 voix contre alors que 15 voix se portaient pour Radhouane Ben Salah, sur un total de 40 membres du conseil. Un score qui dénote de l’état de division dans lequel se trouve la FTH. Afif Kchok a démissionné lui aussi. Serait-il un mauvais perdant ? Des votants n’ayant pas le droit de voter, mais soutenant le nouveau président, auraient participé au vote. Il s’agit de personnes qui n’exercent actuellement pas le métier. Soit elles louent leurs hôtels ou leurs hôtels ont été confisqués par les banques à cause des dettes. Certains des votants ont payé leur cotisation le jour du vote, pour régulariser leur situation. M. Béchir Miled conteste les conditions des votes, car selon lui, l’urne a été déplacée trois fois. Par ailleurs où sont les jeunes dans ce nouveau conseil ? Où sont passées la jeunesse et l’innovation ? Radhouane Ben Salah, patron de l’hôtel Saphir Palace à Yasmine Hammamet et actionnaire dans le Byblos (Hammamet) a déjà été président de la FTH à deux reprises, en 1997 et en 2002 Sera-t-il capable d’identifier les besoins de l’hôtelier ? Quelle alternative pourrait-il apporter à un secteur en crise perpétuelle ? M. Miled réclame des personnes qui se positionnent au cœur de ce que vit le tourisme, à savoir une dépendance totale à quelques Tours Opérateurs qui ne cessent de dicter leurs conditions aux dépens du secteur. Des personnes capables de mettre en place une stratégie pour la restructuration du secteur. La politique du low cost continue d’entrainer les hôteliers à la faillite. Ce qui peut permettre à des investisseurs de profiter de la situation. Selon M. Miled, dans quelques années, les Turcs vont contrôler un grand nombre d’hôtels en Tunisie. Par ailleurs, il se demande pourquoi la FTH n’a contesté aucune des décisions prises par le gouvernement ayant un impact négatif sur les hôteliers. Comment peut-on réussir notre transition touristique ? «Je précise que tout ce que je fais est par patriotisme et je n’ai aucune ambition par rapport à la présidence de la FTH». Afif Kchok pense que les événements de la FTH prennent une tournure politique. «Certaines personnes veulent créer l’Union du tourisme et l’intégrer à l’UTICA, comme si celle-ci avait besoin de plus d’ennuis. L’UTICA vit sa propre crise et n’apportera pas grand-chose à la FTH » a-t-il ajouté.
Les défis du nouveau président
L’audience du 24 mai au Tribunal a reporté le verdict au 14 juin. Si le juge estime que les élections ont été transparentes et Radhouane Ben Salah président légitime, ce dernier pourra entamer son mandat pour les trois années à venir.. Si on plante le décor, on trouvera des opérateurs du secteur présageant une année 2013 très difficile, sur fond de crise. Le secteur est endetté à hauteur de 2.2 milliards de dinars et les créances classées sont de l’ordre de 1,9 milliard. Un secteur sous la coupe des Tours Opérateurs. Des médias étrangers qui propagent une mauvaise image du pays. Radhouane Ben Salah et le reste du conseil doivent faire preuve de lucidité, de détermination et de beaucoup de créativité pour sortir le secteur de l’impasse. Comment va-t-il faire pour donner à la FTH une force de proposition capable d’influencer le gouvernement ainsi que les professionnels du secteur ? Comment va-t-il rassembler des adhérents en opposition pour se tourner autour de la FTH ? Radhouane Ben Salah serait-il l’homme de la situation ? Dans le cas contraire et si le juge décrète l’illégitimité du président, les élections seront refaites.
N.J.