Honneur aux grandes causes humaines et aux (rares) grands hommes qui les défendent, corps et âme, contre vents et marées. La cause palestinienne que d’aucuns croyaient oubliée, sacrifiée sur l’autel des « Accords d’Abraham », que certains pays arabes ont conclu avec l’entité sioniste pour garantir la sécurité et la pérennité de leurs régimes, en fait partie.
L’espace géographique qui composait sa ceinture de sécurité et le garant de son immunité s’est rétréci, au fil des décennies, telle une peau de chagrin, tout comme les territoires palestiniens occupés, aujourd’hui émiettés, envahis par les nouvelles colonisations.
Les voix qui clamaient leur fierté de défendre l’indépendance de la Palestine se sont tues ou ont été affaiblies. Mais quelques-unes, une petite minorité, restent fortes, tranchantes, réfutant les prises de position mitigées, en demi-teinte, hypocrites. Celle de la Tunisie s’est fait l’honneur et celui de son peuple d’en faire partie. Preuve en a été donnée au lendemain du lancement du « Déluge d’Al Aqsa », l’attaque surprise et héroïque de la branche armée de Hamas contre l’entité sioniste. La réaction de notre pays, fidèle à sa position de principe, a fait la différence avec tous ceux qui ont exprimé, non à tort, bien sûr, leur préoccupation et appellent à la retenue ou au cessez-le-feu. La Tunisie a affirmé clairement « sa solidarité totale et inconditionnelle » au peuple palestinien, reconnaissant « le droit des Palestiniens à établir un Etat indépendant » et exprimant « le souhait que toutes les consciences de ce monde se remémorent les centaines de massacres commis par l’ennemi sioniste contre les Palestiniens » au moment de condamner la résistance palestinienne, que les Israéliens et leurs alliés occidentaux qualifient de terroristes.
On peut être contre l’Islam politique mais on ne peut pas dénigrer le droit des Palestiniens à leur terre, occupée depuis trop longtemps. La position officielle de la Tunisie est courageuse, sans réserve, sans atermoiement, sans ambiguïté sur la résistance palestinienne légitime et avec les droits des Palestiniens, sans concessions ni chantages. Une position qui reflète le sentiment intrinsèque de tous les Tunisiens et leur fidélité à la cause palestinienne et qui a été saluée par tous les Tunisiens de quelque bord qu’ils soient.
Il faut être aveugle dans l’âme, sans dignité, dépourvu de tout humanisme pour ne pas voir la détresse des Palestiniens, l’oppression israélienne, le blocus infligé à Gaza depuis 2007 où 2,2 millions d’âmes sont entassées dans un territoire d’à peine 365 km2, la plus forte densité urbaine dans le monde.
Que peut ou doit faire le peuple palestinien opprimé depuis de nombreuses décennies quand il a été lâché par tout le monde (la communauté internationale), y compris par les siens, la plupart des pays arabes ? Que doit-il faire quand il n’a plus rien à perdre ? Jouer le tout pour le tout, se sacrifier au nom de la liberté confisquée ?
L’entité sioniste, elle, a choisi l’escalade, un génocide contre Gaza « sous un siège complet » depuis lundi dernier, un massacre à huis clos, avec la bénédiction des USA et de la France, dans l’objectif d’exterminer une partie du peuple palestinien que le ministre israélien de la guerre, Yoav Gallant, a assimilé à « des animaux qu’il faut combattre ».
L’attaque héroïque des factions palestiniennes contre l’entité sioniste et la riposte génocidaire israélienne ont balayé tous les autres événements nationaux pour occuper seules les Unes des médias et les esprits des Tunisiens. En dépit de toutes les questions économiques et sociales qui restent en suspens, qui préoccupent au premier chef les Tunisiens, et des tensions politiques qui enveniment le climat général, les événements qui secouent le Proche-Orient ont suscité le plus grand intérêt de l’opinion publique, habillé les comptes Facebook et X (anciennement Twitter) du drapeau palestinien et rapproché les cœurs.
Cette fois, la guerre nous intéresse et nous touche au plus près. Il s’agit de la Palestine, d’Al Qods, d’Al Aqsa, de la cause palestinienne, de la nation arabo-musulmane, de son honneur et de sa pérennité. Et pour l’écrasante majorité des Tunisiens, la normalisation avec l’entité sioniste relève de la haute trahison tant que dureront l’occupation et l’oppression des Palestiniens (depuis 75 ans), tant que le déni et le mépris de la communauté internationale tolèreront de l’entité sioniste le non-respect du droit international et des résolutions onusiennes aux dépens des droits élémentaires des Palestiniens et à leur tête, un Etat indépendant.
La cause palestinienne est l’une des plus anciennes que connaît le monde. Que les combattants de Hamas portent l’idéologie islamiste ne change rien à la légitimité de la cause palestinienne. N’est-ce pas que c’est dans la religion que, souvent, les gens cherchent le soutien, la quiétude, l’espoir ? L’heure est grave et les pays arabes sont au pied du mur face à leurs responsabilités vis-à-vis de la cause palestinienne. Ce n’est pas la normalisation qui va les protéger des aléas de la vie mais leur loyauté à l’égard de leurs peuples et des grandes causes. Il suffirait d’imiter les Occidentaux, la recette est facile. Les Américains, les Occidentaux en général, n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts qu’ils protègent par tous les moyens, et c’est leur droit. Ils sont solidaires entre eux, en toute circonstance, même dans les moments de grandes tensions. C’est pourquoi ils sont puissants et arrogants, contrairement aux dirigeants arabes qui cherchent chez les Occidentaux des boucliers de fer pour se protéger. Mais, il faut reconnaître que les Occidentaux, Etats-Unis en tête, semblent avoir perdu la tête depuis l’invasion russe en Ukraine. Ils deviennent sourds et aveugles aux souffrances des peuples dont ils sont responsables.
La Paix au Proche-Orient ne sera possible que quand les Palestiniens auront recouvré leurs droits, tous leurs droits, et pas des miettes. Les Israéliens ne connaîtront la paix que lorsque leurs proches voisins ne seront plus privés de leur liberté et de leur terre, ne seront plus opprimés, humiliés, emprisonnés par milliers, approvisionnés en marchandises au compte-gouttes au gré des autorités israéliennes. Si le ministre de la guerre craint les animaux, il n’a qu’à se comporter en humain avec eux pour ne pas les provoquer et pour éviter d’être mordu ou piqué… dans son orgueil.