Images de Ramadan

Les gosses des voisins

Mais comment font-ils les gosses des voisins pour rester éveillés matin et soir, jour et nuit, aube et crépuscule, pendant tout le mois de Ramadan ? Et en plus ils crient, ils vous trouent les tympans avec des sifflets au son strident, ils tapent avec des bâtons sur les portes, ils jouent au ballon même la nuit et comble de leur activité : ils font exploser des pétards, de préférence dans les jardins des voisins…

Demain je déménage !

Personne n’est pris

Je pensais que les contrôles des prix allaient être efficaces durant ce mois de Ramadhan, mais rien n’a changé ! Bien sûr il y a eu quelques opérations pour le spectacle, pour les médias, pour épater le public ainsi que des chiffres officiels pour dire que les contrôleurs ont bien bossé, que tout va bien Madame la Marquise. Mais dans les faits, on a payé cher les fruits, les légumes, les viandes et même le pain, soit disant amélioré par des épices… Résultat : côté prix, personne n’est pris.

Comme d’habitude !

Chaise réservée

Délaissant leurs foyers, des milliers d’hommes, jeunes et vieux, remplissent les cafés pour jouer aux cartes toute la nuit… L’ambiance est bruyante, saturée de tabac de mauvaise qualité, avec des relents de chicha aux pommes aigres et de café trop cuit. Le serveur a une lourde responsabilité en ces lieux : réserver la même place aux mêmes clients tout au long du mois de Ramadan, au risque de voir son pourboire disparaître.

Il n’y a pas que les politiciens qui tiennent à leurs chaises !

La « Mehba »

Il fut un temps où, le jour de l’Aïd, les enfants allaient de maison en maison, sur les sentiers des petits villages ou dans les rues des médinas, recueillir de petites sommes d’argent qu’ils allaient dépenser à leur guise. Symboliques dans un premier temps, ces petites sommes n’ont cessé d’augmenter bien plus vite que l’inflation, atteignant plusieurs dizaines de dinars par enfant. La « Mehba » est devenue pour certains adultes une manière de montrer leur richesse, leur amour pour la famille ou générosité tapageuse.

Une belle génération se prépare…

La petite fille a grandi

Une histoire triste pour terminer, une histoire digne de la littérature anglaise du 19e siècle…

Elle avait huit ans et ce soir-là, c’était la fête. Elle s’accrochait au bras de son papa, l’entraînant dans les rues de la ville, lui montrant les vitrines décorées des magasins de beaux vêtements tous neufs, rêvant déjà à ceux qu’elle porterait le jour de l’Aïd…

 Et puis, d’un doigt fin et fragile, la petite fille lui montre une robe. Papa regarde le prix et fait « non » de la tête. Trop chère pour ses modestes moyens. L’enfant ne comprend pas. Pas tout de suite. Elle ne comprend pas que son papa ne soit pas assez riche pour lui acheter cette belle robe pour l’Aïd, qu’il soit incapable de réaliser ses rêves et ses désirs.

Comment, lui, le plus grand, le plus fort, trouve cette robe trop chère ? Papa sécurité, papa grand cœur, ne peut donc pas lui offrir tout ce qu’elle désire ? Du coup elle se met à la détester, cette robe. À haïr toutes ces vitrines illuminées, gorgées de cadeaux…

Et elle regarde papa… Il a rapetissé papa… Il semble moins robuste, moins sécurisant. Alors elle pleure sans larmes, la petite fille. Sa déception est immense. Le père Noël vient de mourir. La fête se transforme en défaite. Elle a perdu son innocence, ses illusions.

Ce soir, la petite fille est devenue adulte. Et papa est devenu vieux, si vieux… 

Y. M.

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