Alors que les premiers signes de la reprise se dessinent, le Covid-19 semble avoir marqué les acteurs du secteur immobilier que sont les agences et les promoteurs. Aujourd’hui, et avec un peu de recul, Mubawab se penche sur cette période et pose quatre questions afin de savoir comment le secteur a vécu cette crise et quelles sont les attentes à venir.
Comment avez-vous adapté votre activité professionnelle à ce contexte inédit ?
L’Agence Ayoub Immobilier résume bien la situation : « Nous n’avons jamais vu une situation pareille, même pendant la guerre du Golfe … Nous n’avions plus le choix, il fallait se tourner vers le digital si nous ne voulions pas mettre en suspens toute l’activité. »
Ce passage au digital s’est fait de plusieurs manières selon le degré de maîtrise des outils disponibles. «Nous nous sommes mis sur WhatsApp Business pour suivre nos clients. Les propriétaires des biens nous faisaient également des visites accompagnées à distance en visio-conférence », témoigne Feten Soumer de l’agence Capital Immo. Du côté de Tecnocasa, Walid Zahag a été proactif avec ses agences : « Le réseau a pris très en avance des mesures d’organisation du télétravail en prévision de la décision gouvernementale de confinement. En ces temps difficiles, nous avons décidé d’être plus à l’écoute et de conseiller davantage.»
Dans ce même cadre, Hasna Yahya de la Promotion La Rose Immobilière ajoute : « Afin de rassurer nos clients, nous avons tenu à les informer de la continuité de notre activité à distance et de nos services via une campagne de mailing et de SMSing. Notre service commercial a été mobilisé pour offrir le même niveau de qualité, de réactivité et de flexibilité que précédemment. »
Quels seront, selon vous, les impacts de cette crise sur votre entreprise et sur le marché immobilier ?
Selima Bouricha de la Promotion Immobilière El Itkane voit le Covid-19 comme un coup dur pour le secteur : « Nous sommes en difficulté depuis 2011. Le Covid ne fait que s’ajouter à la longue liste d’obstacles auxquels tout promoteur fait face.» Walid Zahag souligne que : « L’arrêt total de nos activités a été très dur, que ce soit pour nous,en tant que réseau Tecnocasa, ou pour les agences individuelles assez fragiles sur le plan financier.»Malgré cela, la reprise est toujours en tête comme le dit Feten Soumer « Si l’immobilier bureautique enregistre moins de demandes vu le ralentissement des activités dans le monde, les particuliers sont toujours à la recherche active de biens, notamment avec des jardins ou un espace extérieur. La demande change sous l’effet du confinement.»
Selon vous, quel est le rôle du digital pour relancer l’activité immobilière ?
Si Ayoub Derouiche précise que : « Pour relancer l’activité, la responsabilité est partagée entre les professionnels du secteur et l’Etat essentiellement avec un rôle non négligeable pour le digital », Salima Bouricha y voit « une opportunité où le digital permet avant tout de se rapprocher de tous ceux qui sont à la recherche de biens, en Tunisie ou à l’étranger. » Walid Zahag ajoute même que « Nulle entreprise ne peut plus se passer du digital, la Covid-19 nous l’a montré clairement. Les portails immobiliers ont continué et continueront à avoir un rôle important et central dans la diffusion de l’offre immobilière.» Un avis plus que partagé par Feten Soumer pour qui « Le futur est dans le digital, via tous les outils possibles comme les visites virtuelles et autres. Un client ne se déplace sur le terrain que s’il est à 75% convaincu par ce qu’il voit en ligne».
Un conseil à donner au Gouvernement si la parole vous était donnée ?
Walid Zahag démarre fort : « L’immobilier et le bâtiment sont de véritables piliers de l’économie de notre pays, il est donc nécessaire de se pencher sérieusement sur les difficultés de ce secteur et de mettre en place des mesures courageuses et fortes pour le soutenir. » Salima Bouricha soutient et ajoute : « Afin de redonner un nouveau souffle au secteur immobilier, il faut minimiser la TVA à 7% et les banques doivent aider ce secteur en appliquant un taux préférentiel pour les crédits de TMM+1.» Alors que Walid Zahag conclut avec l’obligation de « Repenser la stratégie d’aménagement du territoire, dépoussiérer et lancer les projets urbains dormants pour fournir des terrains constructibles à prix réduit aux promoteurs et aux particuliers afin de limiter la spéculation et maîtriser le coût foncier. Cela permettra entre autres aux primo-accédants de retrouver du pouvoir d’achat » et ainsi de contribuer à la relance de la demande immobilière.
Du côté de Mubawab, Anis Gharbi souligne que : « Le digital a été le meilleur allié pour accompagner nos partenaires, agences et promoteurs immobiliers, pendant toute la période de crise afin de les aider à poursuivre leur activité »