La deuxième édition du Forum de Réalités médias sous le thème « La nouvelle économie des médias » s’est clôturée avec les interventions de Souhir Lahiani, chercheuse en doctorat à l’IPSI, Laurent Passicousset, CAPJC et Rym Belhassine, directrice centrale de développement produits et services à Tunisie Telecom.
Souhir Lahiani, a lors de son intervention parlé des médias pure players d’information en Tunisie, des sites web ou des médias électroniques qui ne proposent leurs contenus qu’en version électronique et ce, sans être adossés à un média traditionnel. Ce sont des entreprises qui n’existent que sur Internet a-t-elle expliqué.
Tout d’abord, elle a commencé par exposer l’aspect juridique de ce genre de médias qui, à l’époque de Ben Ali, n’avaient pas le droit de parler de politique, ils devaient écrire et publier des articles en rapport avec des sujets de sport, culture et économie a-t-elle indiqué tout en précisant qu’après 2011, il y a eu une explosion de médias pure players d’information, mais compte tenu du vide juridique, il est impossible d’éditer un pure player d’information à partir d’une entreprise de presse, chose qui accentue encore plus la crise économique que vivent ces médias dont leurs seules sources de revenus provient des marchés publicitaires. Toutefois, conquérir ces marchés reste une autre paire de manches, face à la rude concurrence mais aussi face aux réseaux sociaux, ces pure players souffrent surtout du vide juridique dont les conséquences touchent essentiellement le marché publicitaire et la ligne éditoriale des pure players, a-t-elle souligné. Elle a dans ce contexte appelé les autorités concernées à créer un conseil de la presse et à réfléchir aux possibilités de faire des abonnements payants afin d’instaurer une ligne éditoriale indépendante.
Laurent Passicousset, un français qui travaille pour le projet d’appui de l’UE aux médias en Tunisie, (PAMT), a appuyé la réflexion de Souhir Lahiani en précisant qu’avant la révolution numérique, on n’informait qu’à travers des dépêches ou des articles mais actuellement c’est très différent, les citoyens ont accès à l’information de façon immédiate et instantanée et ce, gratuitement, rien qu’avec un simple clic on peut connaitre les détails d’une information. Les informateurs eux aussi peuvent connaitre les réactions et les réflexions des citoyens, chose qu’on ne pouvait pas se faire à l’époque.
Aujourd’hui, le métier de journaliste est en danger car avec la révolution de l’information tout le monde est devenu journaliste, tout le monde détient l’information et peut informer, cela rend encore plus difficile la tâche du journaliste qui doit se diversifier des autres, faire face à la concurrence et de surcroît faire valoir son article, a-t-il déclaré.
Avec tous les problèmes que vit le secteur, les journalistes et les directeurs de journaux se retrouvent dans l’obligation de se mettre à la page et d’innover. Il a dans ce contexte donné l’exemple d’un journaliste français, prénommé Florent Maurin qui a eu l’idée de créer un jeu mobile sur la guerre en Syrie. Ce jeu qui a eu un succès fulgurant a permis aux internautes de découvrir la problématique de la guerre en Syrie et ce, sans être obligés de lire un article. D’ailleurs c’était cela l’objectif du journaliste qui savait pertinemment que s’il publiait un article sur la guerre en Syrie cela n’attirerait qu’une minorité mais le fait d’avoir lancé un jeu a tout changé. En évoquant cet exemple, Laurent Passicousset, a précisé que le serious game, le fait d’informer avec le jeu, représente un modèle économique alternatif.
Dans ce contexte elle a indiqué que l’entreprise Tunisie Telecom est prête à booster les médias, notamment à travers les applications, les push SMS, le Streaming pour augmenter l’audience. Elle a dans ce contexte donné l’exemple de TAP news qui envoie des SMS relayant les informations de l’agence aux abonnés TT.
Elle a également indiqué que Tunisie Telecom offre plusieurs modalités de paiement, possibilité de télécharger et de sauvegarder les applications. Tunisie Telecom peut offrir l’accompagnement et l’assistance pour les développeurs souhaitant faire des applications mobiles destinées à l’information, elle peut également permettre à ceux qui n’ont pas de smartphone d’accéder à l’information et ce, grâce à Facebook USSD 2014.
Elle a également annoncé qu’il est possible que Tunisie Telecom constitue un groupe de travail commun pour aider les médias, a-t-elle conclu.
Lors du débat, les intervenants ont soulevé le problème de la rude concurrence avec Facebook en se posant la question si le réseau social représentait un piège pour les médias. Un des participants au Forum a répondu que Facebook ne représente pas un piège et qu’il fallait juste suivre les réglementation de Facebook, les médias doivent s’y adapter et l’utiliser à leur profit pour pouvoir conquérir des marchés publicitaires et ce, en faisant par exemple des directs, en présentant de nouveaux produits …
Etudiants Université Centrale
Hassen Ben Hammouda, Directeur général de Tanitweb