La période de grâce du gouvernement Habib Essid, à savoir les 100 jours, est arrivée à échéance. C’est l’heure du bilan. Beaucoup de promesses ont été faites par les différents ministres en ce qui concerne les priorités et les urgences à prendre en charge dans chaque secteur d’activité, ce qui a amené le Chef du gouvernement à prendre des engagements. Après l’état des lieux, il s’agit maintenant de faire le point sur les réalisations : les réussites et les échecs.
Industrie, mines et énergie
Industrie, mines et énergie, trois secteurs lourds de l’économie nationale, non seulement par leur contribution à la croissance du PIB, mais aussi par l’emploi qu’ils procurent et la place qu’ils occupent dans le commerce extérieur.
Il faut dire que les retombées de la Révolution n’ont pas manqué d’engendrer des perturbations considérables sur le rendement et la productivité de ces secteurs.
Après avoir procédé à un diagnostic de la situation dans les trois secteurs d’activité : industries manufacturières, mines et énergie, le ministre identifie les difficultés et les obstacles qui handicapent le développement des entreprises du secteur et définit des objectifs portant sur la dynamisation et la relance.
Activer l’investissement industriel
Jusqu’à fin février 2015, les intentions d’investissement industriel avaient baissé de 25,3% et le nombre de projets avait régressé de 7,3% y compris ceux déclarés dans les zones défavorisées de 4,4%.
En contrepartie, les investissements directs étrangers ont augmenté de 42,5% dans les industries manufacturières et 9,7% dans l’énergie.
Sur un total de 60 entreprises, 47 ont adhéré, à fin février 2015, au programme de mise à niveau, pour un investissement de 162 MD contre 55 entreprises à fin février 2014 avec un investissement de 72 MD.
Pour les investissements à caractère technologique prioritaire, 199 projets ont été agréés avec un investissement de 9 MD contre 116 projets avec 5,5 MD un an plus tôt.
S’agissant de l’accélération du rythme de l’investissement et de l’accompagnement des PME dans leur cheminement lors de la réalisation de leurs projets, aucune donnée précise n’a été fournie. Il faut souligner, toutefois que l’objectif fixé pour les 100 jours est de 50 entreprises.
Il en est de même pour le programme d’accélération de la création de PME : l’objectif visé était, pour 10 gouvernorats retenus, de mettre sur pied des groupes d’experts pour accélérer la réalisation de 600 intentions de projets déclarés.
Une cellule nationale a été créée pour le programme SOS-PME destiné à sauver 300 PME de la faillite.
En matière d’amélioration de la compétitivité des entreprises et la promotion de l’innovation technologique, on commence à parler de création de 10 clusters avec la mise en œuvre de 6 nouveaux programmes pour un coût de 30 MD dont deux groupements de partenariats entre laboratoires. Il est vrai qu’un laboratoire de textile-habillement a été inauguré récemment pour expertiser toutes sortes de tissus.
Le ministère a pour objectif de renforcer l’intégration de ce secteur dans la chaîne de valeur mondiale.
Accélérer la production énergétique
La production nationale d’énergie régresse de 10% alors que la consommation augmente de 6% par an.
OMV et l’ETAP ont entrepris l’exploitation du gisement de Noaoura dont la production annuelle de gaz prévue est de l’ordre de 2,7 millions de m3, soit 17% de la consommation nationale. Il s’agit de créer 2000 emplois durant les travaux de construction des deux pipe-lines et des deux stations de traitement : durant cette période de grâce de 100 jours, 460 emplois ont été créés. Les travaux relatifs à l’accélération du développement de certains gisements de pétrole et de gaz ont été réalisés grâce à des investissements de l’ordre de 300 MD. Il
s’agit de:
– El Menzel (Golfe Hammamet) pour une augmentation de la production de 5000 barils par jour en juillet 2015 pour un investissement de 105 MD.
– Gisement de Anakid Acharki (Tataouine) : un investissement de 80MD permettra d’augmenter la production de 4000 barils par jour au troisième trimestre 2015.
– Gisement Kabiba (Sfax) : un investissement de 43 MD permettra en juin 2015 d’accroître la production de 2000 barils par jour.
– Gisement de Miskar (Golfe de Gabès) permettra d’augmenter la production de 500.000 m3 de gaz par jour pour un investissement de 75 MD.
Les essais d’extraction du pétrole se sont avérés positifs dans le gisement d’El Faouar (Douz), dont l’entrée en production est prévue en 2016, avec une production de 4300 barils par jour soit 8% de la consommation annuelle.
Par ailleurs, la STEG a procédé aux essais de la centrale électrique de Sousse d’une capacité de 420 mégawatts, tandis que le dossier d’appel d’offres relatif à la centrale photovoltaïque de Tozeur, d’une capacité de 10 mégawatts pour un investissement de 40 MD, a été achevé.
La STEG a également achevé la réalisation du réseau de distribution de gaz pour la connexion de Djerba, Zarzis, Gafsa, Metlaoui, Mansoura à Kairaoun, Ksour Essaf et Bou Merdès.
Sur 50.000 logements prévus en 2015 la STEG a raccordé 12.000 nouveaux clients au réseau national de distribution de gaz naturel.
Poursuite de la tragédie des phosphates
Le niveau dérisoire de la production du phosphate suite aux multiples revendications sociales et perturbations qui paralysent l’extraction et le transport des matières premières vers les usines de transformation ont engendré des pertes de l’ordre de 4 milliards de dinars en quatre ans.
Ni les autorités régionales, ni le ministère de l’Industrie, tutelle du secteur, ne sont parvenus à mettre de l’ordre dans le bassin minier, ni à la CPG.
Le pire vient de se produire avec la grève du personnel administratif et financier, la fermeture des bureaux du siège social et l’arrêt total de la production dans les différentes unités, à Gafsa, Gabès et Sfax.
En effet, début mai, 350 agents et cadres administratifs de la CPG ont décidé de rentrer en grève pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il intervienne pour mettre fin à la crise structurelle qui n’est plus seulement sociale et économique, mais aussi politique qui frappe tout le secteur des phosphates.
De toute façon toute la filière phosphatière est paralysée puisque les usines de transformation chimique du phosphate à Gabès, la Skhira et Sfax viennent de fermer, faute de matière première. La répercussion va être sévère, elle va s’exercer sur les engrais chimiques destinés à l’agriculture et sur le secteur industriel des détergents.