Le 12 juin 2025, le World Economic Forum » (WEF) a publié la 19ème édition du rapport intitulé « global gender gap ». Cette note est produite chaque année après une enquête auprès de 148 pays, et a pour objectif de quantifier les inégalités de genre à travers le monde. Pour ce faire, l’organisation mondiale basée en Suisse se base sur quatre piliers (la participation économique et les opportunités l’éducation, la santé et l’émancipation politique) afin d’élaborer un score moyen sous forme de pourcentage, et de mettre sur pied un classement à l’échelle globale. En Tunisie, c’est l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise (IACE) qui a conduit l’enquête, en sa qualité de partenaire régional du WEF. Au regard des résultats globaux, le constat est sans appel : la Tunisie se classe à la 123ème place, constituant un recul de huit rangs par rapport à l’année dernière, et indiquant une dégradation générale de la situation. Néanmoins, ce sont les détails qui éclairent le plus sur les raisons profondes de cette chute au classement.
Participation économique et émancipation politique des femmes : la Tunisie accuse le coup
La Tunisie se classe quatrième au sein de la zone MENA – derrière (dans l’ordre) la Jordanie, le Bahreïn et les Emirats Arabes Unis -, le signe d’une relative avance sur les questions d’inégalité de genre au niveau régional. Au niveau de l’éducation, le bilan est presque parfait : la parité est atteinte pour le taux d’inscription dans l’enseignement primaire, secondaire, et supérieur, même si le taux d’éducation des femmes reste à 86%, classant la Tunisie 111ème sur 148. Pour ce qui est de la santé, les résultats sont également très positifs. A noter une légère surreprésentation d’hommes parmi les naissances.
Pourtant, le bât blesse ailleurs. Dans un premier temps, la participation économique des femmes reste insuffisante selon le rapport. La participation des femmes dans la population active reste faible (environ 41%), les revenus moyens des femmes tunisiennes sont bien inférieurs à ceux des hommes (138ème place sur 148), et les emplois de cadres, de hauts fonctionnaires et de dirigeants d’entreprises sont très peu féminins. Les inégalités salariales pour un même poste peuvent être un motif de satisfaction, dans la mesure où la Tunisie se classe à la 68ème place mondiale sur ce point.

Source : WEF 2025
Mais le plus gros point d’alerte se trouve au niveau de l’émancipation politique. Cette année, l’indice s’élève à 15,7%, reléguant la Tunisie à la 100ème place, qui occupait le 76ème rang en 2024. Avec une participation faible dans les parlements et au sein des postes ministériels, les femmes tunisiennes voient leur place dans les fonctions politiques importantes réduire. Une tendance de fond qui interroge. Pour l’inverser et atteindre la parité sur ce point, le WEF estime qu’il faudrait 162 années. Le chemin est encore long.