La gestion des ressources hydrauliques pour répondre aux besoins et attentes de la population et des différentes activités économiques en eau relève d’une problématique très complexe, compte tenu du climat et du relief de notre pays. Mais aussi en fonction de la croissance rapide de la consommation, de l’extension de l’urbanisation et des impératifs du développement économique.
Il faut dire que la configuration naturelle des données de base est loin de faciliter la tâche des planificateurs-hydrauliciens de notre pays.
En effet, le “château d’eau” de notre pays, c’est le Nord-Ouest, là où le relief fait que les pluies sont abondantes et permettent de recueillir à profusion les eaux de ruissellement dans des barrages-réservoirs.
Les deux autres tiers de notre pays sont semi-désertiques, ce qui pose le problème de la pénurie d’eau, donc la nécessité d’investir massivement pour en assurer la disponibilité.
Cela amènera les pouvoirs publics à poser avec plus d’acuité le problème épineux du coût de revient du mètre cube d’eau potable.
La nécessité s’impose aussi de tenir compte de la qualité des eaux profondes puisées grâce aux sondages pour alimenter le Sud et l’extrême sud du pays, entendons le taux élevé de salinité.
Le cycle pluvial naturel de notre pays est de deux années très pluvieuses, trois années de sécheresse et deux années moyennes, sans qu’il y ait d’alternance logique, une donne confirmée par des statistiques établies sur plusieurs décennies par la météo.
Les impératifs économiques font que l’intensification des cultures implique le recours à l’irrigation, or les périmètres irrigués s’étendent sur plus de 450.000 ha et l’agriculture absorbe 70% de la consommation d’eau dans le pays.
Il y a eu des erreurs dans le passé récent qui nous ont coûté cher, comme par exemple une pénurie d’eau potable dans certaines régions, ainsi que des coupures d’eau sur les périmètres publics irrigués, d’où les pertes de récolte, un an après avoir connu des inondations catastrophiques suite à des pluies diluviennes. Alors que l’infrastructure hydraulique disponible devrait permettre logiquement de réguler le stock des eaux disponibles non seulement d’une année à l’autre mais d’une année sur les deux suivantes.
Il y a là des maladresses coupables, sinon des erreurs graves de la part des gestionnaires.
Parmi les erreurs stratégiques commises par les responsables qui se sont succédé à la tête du ministère de l’Agriculture, figure en bonne place la non-exécution de travaux de conservation des eaux et des sols sur tous les bassins-versants des barrages, et ce, pour réduire l’érosion par ruissellement et empêcher ainsi l’envasement et l’ensablement des bassins-réservoirs des barrages avant même la construction de chaque barrage. Il s’agit de terrasses en terre et de plantations d’arbres pour retenir les sols.
Cela aurait permis d’éviter l’obsolescence du barrage sur l’oued Mellègue, qui est en train d’être remplacé par le deuxième barrage en cours de construction, Mellègue II.
Or, tous les anciens barrages sont en train d’approcher de leur fin de vie à cause de l’ensablement. Quel gâchis ! Qui va payer la construction de nouveaux barrages de remplacement ?
La nouvelle stratégie adoptée par les pouvoirs publics est basée sur une optimisation des capacités de stockage des bassins-réservoirs des principaux barrages du Nord-Ouest pour approvisionner en permanence le Cap Bon, le Sahel et la région de Sfax grâce à un réseau dense de canalisations.
Il s’agit d’une gouvernance préventive destinée à réguler l’impact des années de sécheresse grâce aux stocks constitués durant les années pluvieuses tout en évitant les inondations.
Le ministère de l’Agriculture a mis en place un plan global d’approvisionnement en eau comportant un programme prioritaire à réaliser dans l’immédiat pour un montant de 103 millions de dinars.
Ce programme comporte les actions suivantes pour cette année : le forage de 66 sondages profonds, l’extension des canaux de transferts des eaux et le renouvellement des équipements atteints de vétusté comme ces motopompes géantes.
Tout cela est destiné à éviter les pénuries d’eau dans certaines régions lors des pics de consommation estivale.
L’étude prospective relative à la gestion de l’eau à l’horizon 2050, entreprise par le ministère de l’Agriculture, devrait comporter trois sections principales à engager, outre l’exploitation optimale des ressources pluviales. Il s’agit de la rationalisation de la consommation d’eau, notamment en agriculture où il y a des déperditions massives, du dessalement des eaux puisées dans la nappe profonde par le recours aux énergies renouvelables, mais aussi, de la ré-exploitation des eaux usées après assainissement approprié et dans des utilisations soigneusement choisies.
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