La Tunisie a été au centre des débats jeudi 16 mars 2023 au sein du Parlement Européen à Strasbourg. Il faut dire que l'institution européenne n'a pas l'habitude de s'exprimer sur la conjoncture de notre pays, contrairement à la Commission Européenne qui, pour sa part, s'y donne à coeur joie comme d'autres puissances mondiales qui semblent apprécier la posture de donneurs de leçons.
Aussi, une Résolution sur "les récentes atteintes à la liberté d'expression et d'association, ainsi que les attaques contre les syndicats en Tunisie" a été soumise par les eurodéputés. Sans surprise, une majorité écrasante l'a adoptée : 496 voix sur 537, ce qui donne 496 voix contre la Tunisie.
Dans la résolution, on évoque les "dérives liberticide du gouvernement, les arrestations et les pleins pouvoirs détenus par un seul homme". Les eurodéputés n'ont pas apprécié les propos formulés par le président de la République, Kaïs Saïed, sur ceux qu'il qualifie de "traîtres de la nation". Ils ont également épinglé le décret-loi 54 relatif à la cybercriminalité.
Dans une énième tentative de ce que certains considèrent comme une ingérence flagrante dans les affaires tunisiennes, (NDLR : le SG du parti Echaâb notamment), les eurodéputés exigent la libération des prisonniers politiques et la suspension des mesures portant atteinte à l'indépendance de la Justice. Ils ont également critiqué l'expulsion de la syndicaliste irlandaise d'Esther Lynch, qui devait prendre part à un congrès inter-syndical en Tunisie il y a quelques semaines.
A la surprise générale, la question migratoire n'a pas été abordée dans la résolution du Parlement Européen. Cela aurait été tellement paradoxal, puisque l'Europe est tout sauf un exemple en la matière. D'ailleurs, en matière de démocratie et de liberté individuelle, certains pays de l'Union doivent s'interroger sur leurs propres pratiques avant de donner la moindre leçon à quiconque, comme ils aiment le faire.
F. K