Initiative citoyenne: Augmenter le temps de travail en supprimant un jour férié

Aujourd’hui, chacun s’accorde à reconnaître que notre économie est en panne, accumule des faiblesses et demande des actions concrètes et efficaces. La question est donc de savoir comment redémarrer cette machine économique ? Dans ces conditions, quelle est l’action prioritaire à mener pour améliorer la productivité globale ? A vrai dire, il n’y a pas une action unique mais il s’agit d’un ensemble d’orientations qui procèdent d’un même esprit : celui du travail et de la productivité pour assurer les ressources d’un pays en mutation. L’ambition est de donner du souffle à notre économie parce qu’au final, le résultat de l’économie n’est pas une quantité fixée. Le PIB dépend de notre travail, notre compétitivité dépend de notre travail, nos résultats à l’exportation dépendent de notre travail. D’où l’idée de supprimer un jour férié au nom de la solidarité nationale.

L’idée de supprimer un jour férié afin de financer des besoins supplémentaires à l’Armé par exemple doit apparaître dans le débat public. Que les besoins du pays soient financés par un effort collectif paraît conforme à l’idée que la sagesse populaire se fait de la solidarité. Mais par quels mécanismes économiques une telle connexion peut-elle s’établir ? Quelles seraient les conséquences économiques et financières d’une décision éventuelle de supprimer un jour férié ? Les avis sur ces questions sont partagés. La théorie économique ne l’est pourtant pas. Elle conclut de façon non ambiguë à une augmentation du revenu national et des recettes fiscales. Mais le processus d’ajustement est progressif. L’enjeu d’une telle mesure n’est pas immédiat et doit être apprécié dans le long terme.

Deux visions de l’économie s’opposent traditionnellement

La vision keynésienne : Les économistes keynésiens considèrent que la situation économique du moment est déterminée par le niveau de la demande globale. Travailler un jour de plus dans un contexte de faible demande ne servirait à rien puisque la production supplémentaire ne trouverait pas de débouché. A quoi bon produire des ordinateurs en plus s’il n’y a pas d’acheteur pour ces ordinateurs ? A la limite, les employés iraient au travail mais n’auraient rien à faire. Dans ce contexte, les recettes publiques n’augmenteraient donc pas. Quant à la question de la rémunération ou non de cette journée supplémentaire, la réponse keynésienne est que la suppression d’un jour de congé devrait être accompagnée d’une hausse du salaire mensuel pour accroître la consommation. Les raisonnements de cette nature négligent en effet les conséquences négatives de la baisse des profits sur l’investissement et les effets de compétitivité. Ils ne prennent en compte qu’une partie des conséquences.

La vision néoclassique : Les économistes classiques considèrent quant à eux que le coût salarial unitaire est un paramètre déterminant de l’économie. Or, à rémunération mensuelle inchangée, un accroissement de la production diminue le coût unitaire. Il en résulte d’une part une augmentation des profits (donc de l’investissement), d’autre part une augmentation des revenus réels et de la demande finale.

Dans une économie ouverte il faut ajouter des gains de compétitivité et un accroissement des exportations. Au total, le PIB et les recettes publiques augmentent d’une manière automatique. Dans cette perspective, une augmentation éventuelle du salaire annulerait la baisse du coût unitaire et neutraliserait les effets positifs de la mesure.

Un effet graduel : Ces deux visions paraissent à première vue contradictoires. Elles sont pourtant justes toutes les deux, mais pas au même moment. En règle générale, l’économie est keynésienne à très court terme et néoclassique à moyen et long termes. Un jour de travail en plus n’a donc pas d’effet immédiat, mais des effets positifs à moyen terme. Le nombre de jours ouvrés dans l’année étant d’environ 216, l’effet d’un jour de plus peut être évalué à environ 4 milliards de dinars, dont 1 milliard reviendrait à terme vers les caisses publiques.

En conclusion, les effets de la suppression d’un jour de congé (à rémunération mensuelle inchangée) ne sont pas immédiats mais ils sont potentiellement favorables et importants.

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