Inquiétudes des investisseurs allemands

Par Ridha Lahmar

Il est incontestable que notre pays a un besoin vital d’investisseurs extérieurs pour consolider son développement social et sa croissance économique essentiellement orientée vers l’exportation. Cet investissement extérieur est indispensable, car il contribue non seulement à la création d’emplois, mais aussi aux recettes en devises qui alimentent la balance des paiements et au transfert des technologies au profit des cadres et de la main-d’œuvre tunisiens. C’est pourquoi nous devons multiplier les efforts et les mesures pour attirer et retenir les investisseurs extérieurs en leur garantissant les meilleures conditions de travail et de séjour dans notre pays. Or, depuis le déclenchement de la Révolution, les revendications salariales et les perturbations sociales se sont multipliées et ont engendré arrêts de travail, difficultés de transport des marchandises et de circulation des travailleurs, outre les aspects sécuritaires.

Cela n’a pas manqué de provoquer des inquiétudes chez les investisseurs extérieurs. L’enquête réalisée par la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-allemande en mars 2013 auprès de 143 entreprises exportatrices allemandes implantées en Tunisie et représentatives du tissu entrepreneurial allemand, témoigne d’un malaise réel pour ce qui est de la persistance de l’instabilité qui règne dans le pays.

Le questionnaire comporte dix interrogations relatives à l’évaluation des atouts et handicaps du site investissement Tunisie ainsi que les facilitations et les difficultés relatives à l’année 2012.

Les entreprises employant 300 salariés au maximum représentent 60% de l’échantillon, il s’agit donc bien de PME.

Les secteurs de l’électronique avec 44% et celui du textile-habillement avec 38% représentent les activités principales. Pour ce qui est de l’implantation territoriale, la majorité des entreprises sont installées dans le Grand-Tunis, le Sahel (Sousse et Monastir) dans la région de Bizerte et au Cap Bon (Nabeul et Hammamet.)

52% des entreprises enquêtées ont jugé l’évolution du climat des affaires plutôt négative en 2012 alors que 47% l’ont qualifiée de positive.

Sur le plan des chiffres d’affaires la majorité des entreprises affirment la stagnation des exportations.

Pour le recrutement, 32% des participants affirment que leurs effectifs ont augmenté en 2012 alors que 36% ont maintenu inchangé leur niveau de recrutement, tandis que 31% ont confirmé une compression des effectifs.

40% des entreprises ont affirmé leur optimisme pour les six prochains mois pour ce qui est des perspectives d’exportation à la lumière des attentes politiques du pays.

31% des entreprises interrogées affirment s’attendre à une évolution positive de leurs investissements alors que 39% s’attendent à ce qu’il n’y ait aucun changement en 2013 par rapport à 2012.

Les entreprises allemandes imputent à des facteurs externes l’évolution de leurs chiffres d’affaires. Il s’agit pour 30% des entreprises exportatrices des coûts élevés du transport et pour 27% des évolutions négatives constatées sur les marchés d’exportation.

En outre, 47% des entreprises exportatrices enquêtées constatent que l’évolution du coût du travail est un facteur interne essentiel à leur compétitivité.

Or, il est clair que ce coût a augmenté de façon sensible depuis le déclenchement de la Révolution, avec les augmentations salariales, le renchérissement du prix du carburant, de l’électricité et des charges sociales.

Si l’on fait le bilan des atouts majeurs et des handicaps du site investissement Tunisie à travers le microscope des industries exportatrices allemandes, on peut affirmer que pour 80% d’entre elles c’est d’abord la proximité de l’Europe.

Le deuxième avantage réside pour 58% dans les avantages fiscaux accordés par l’État aux investisseurs étrangers.

Les coûts de production occupent la troisième position comme motif d’installation pour 38,7% des industriels. Dans ce volet, il y a lieu d’intégrer le niveau des salaires, le coût des facteurs de production, du bâtiment, du transport…

Cependant, la faible productivité de la main-d’œuvre constitue un handicap majeur déploré par la majorité des entreprises : il faut comprendre par là le manque d’assiduité (retards, absences) et le manque de qualification professionnelle.

À cela s’ajoutent la rigidité de la réglementation considérée comme excessive et lourde, la complexité des formalités administratives émanant de départements différents et ainsi 39% des enquêtés considèrent cela comme une contrainte.

Le rétablissement de la sécurité et de la stabilité est considéré par 30% des industriels comme une priorité, alors que le climat des affaires est lourd d’incertitudes.

 

BRÈVES

Monoprix 

La chaîne de grandes surfaces Monoprix a tenu dernièrement son Assemblée générale ordinaire relative à l’exercice 2012. Le chiffre d’affaires réalisé par la chaîne a atteint 441,365 MDT en 2012, soit une croissance remarquée de 9,26% par rapport à 2011.

C’est ainsi que la société a décidé de distribuer des dividendes à prélever sur ses bénéfices nets à raison de 0,600D par action.

 

Lufthansa 

La compagnie aérienne Lufthansa a réalisé une croissance rapide de ses activités en Tunisie en 2012 par rapport à 2010 ainsi qu’au premier trimestre 2013. 

En effet en 2012 Lufthansa a amélioré de façon sensible les correspondances de ses vols sur l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord à partir du hub de Francfort suite à des départs et avant les arrivées à Tunis.

C’est ainsi que plus de 50.000 passagers ont choisi de voyager à bord des vols Lufthansa entre Tunis et 200 destinations différentes à travers le monde.

La progression du trafic passagers a dépassé 50%, il y a là un indice croissant de confiance dans la compagnie, justifié par la compétitivité des prix pratiqués, la qualité de service offerte ainsi que la multiplicité des correspondances internationales.

 

GAT : augmentation du capital

Le Groupe des assurances de Tunisie (GAT) a décidé d’augmenter son capital pour le porter de 35 à 45 MD, et ce par l’émission d’un million d’actions nouvelles. La valeur nominale de ces actions est de 10 D, tandis que la prime d’émission a été fixée à 10 D, soit un prix total d’émission de 20 D par action.

Il faut dire que cette augmentation est réservée aux détenteurs des anciennes actions et aux cessionnaires des droits de souscription. La libération sera faite lors de la souscription au quart des actions souscrites.

La période de souscription s’étalera jusqu’au 17 septembre 2013. L’attribution se fera à raison de deux actions nouvelles pour sept anciennes actions. Les actions nouvelles porteront jouissance à partir du 1er janvier 2014 à hauteur de leur libération et seront assimilées aux anciennes actions.

Il y a lieu de remarquer que le GAT est en train de développer ses activités : création de nouveaux produits et extension du réseau d’agences notamment, mais aussi amélioration de l’image avec réaménagement du hall d’accueil du siège.

 

Société Générale Securities Services s’implante en Tunisie 

Société générale securities Services (SGSS) s’implante en Tunisie pour développer son offre de services de conservation de titres. 

Située à Tunis au sein de l’Union internationale de Banques (UIB), filiale du groupe Société Générale, SGSS propose une nouvelle plate-forme de conservation qui répond aux standards internationaux. Elle permet à SGSS de devenir le premier acteur international à fournir des services de conservation en Tunisie à une clientèle locale et internationale d’investisseurs institutionnels. 

Au Maghreb, ce site tunisien vient renforcer une présence historique forte au Maroc, où SGSS est l’un des principaux intervenants de l’industrie des titres. 

Plus largement, cette nouvelle implantation s’inscrit dans la stratégie globale de SGSS dont l’ambition est de devenir un acteur majeur du métier titres sur l’ensemble du continent africain, zone géographique en forte expansion, et d’offrir à ses clients locaux et internationaux des produits et services fiables et de qualité pour leurs opérations. 

SGSS à Johannesburg fournit déjà une gamme complète de services titres en Afrique du Sud et couvre désormais l’Île Maurice, alors qu’en Afrique de l’Ouest, SGSS étendra prochainement sa présence au Ghana. 

SGSS bénéficie ainsi de son expertise et de sa présence dans vingt-neuf implantations à travers le monde pour fournir des produits et services correspondant aux besoins spécifiques de ses clients internationaux et locaux pour les accompagner tant sur leurs marchés domestiques que dans le développement de leurs activités internationales. 

 

OPV Tunisiana : 10% du capital

L’État a l’intention de mettre en Bourse, selon une opération publique de vente, 10% du capital de Tunisiana.

Pas moins de quatre intermédiaires en Bourse ont été chargés de procéder à la commercialisation de ces actions : il s’agit d’une partie du capital détenu par Sakhr El Matri confisquée au profit de l’État.

En effet, bien que Tunisiana soit une entreprise très rentable, l’État a besoin de ressources financières liquides pour boucler son Budget.

C’est pourquoi il est appelé à vendre une partie des “bijoux de famille” pour limiter le déficit.

 

La SFI entre au capital d’Amen bank

La Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale spécialisée dans le financement du secteur privé, vient de décider d’entrer au capital d’Amen bank.

Cette introduction se fera à la faveur d’une augmentation de capital et portera sur 10% du capital d’Amen bank.

Il s’agit d’injecter 70 millions de dinars d’argent frais en devises.

Réaliser une opération de cette envergure alors que le pays connaît une transition politique et économique difficile est une réussite remarquable.

Il a fallu trois années de négociations pour parvenir à ce résultat. Les experts de la SFI sont venus plusieurs fois en Tunisie, parfois au nombre de dix et plus, en même temps, pour procéder à des vérifications et à des contrôles au siège d’Amen bank pour aboutir à cette décision. 

Un poste d’administration a été accordé à la SFI.

 

Ridha Lahmar

Related posts

Sousse accueille une croisière française avec 165 passagers à bord

Adel Chouari, DG du RNE dévoile « RNE Corporate » et une série de nouveautés

Nouvelles règles d’origine : une révolution silencieuse pour le commerce extérieur ?