Institutions financières internationales : Réformer pour mieux servir les pays

Comment donner aux institutions internationales les moyens et l’agilité nécessaires pour venir en aide aux pays en développement,  particulièrement face aux grands dangers de l’économie mondiale ? Comment appuyer les pays du Sud face à une crise internationale des dettes souveraines qui pourraient déstabiliser l’économie comme l’a fait la crise du début des années 1980 ? Comment apporter les ressources nécessaires à ces institutions pour construire les biens publics mondiaux et permettre à notre planète de faire face à l’accélération désastreuse des effets du changement climatique avec les sècheresses qui sont à l’origine de crises alimentaires sans précédent et qui ont ouvert un cycle de famines dans les pays les plus fragiles ? Ce sont les questions que se pose aujourd’hui la communauté internationale pour renforcer les institutions financières internationales et leur permettre de mieux servir les pays en développement. Ces questions sont au centre du débat sur la réforme de ces institutions.   
La réforme du système financier mondial a suscité beaucoup de débats, avec l’organisation de nombreuses conférences et discussions, notamment les conférences organisées par le FMI et la Banque mondiale à l’occasion de leurs réunions annuelles. Par ailleurs, nous avons enregistré la publication de nombreuses contributions et propositions pour réformer ces institutions et soutenir leur efficacité face aux grands défis et risques. 
À mon avis, la réforme doit se concentrer sur cinq questions fondamentales.
La première question concerne les ressources financières de ces institutions, qui peuvent sembler importantes si nous les comparons aux besoins des pays pris individuellement, mais qui sont en réalité faibles si nous les comparons aux besoins de l’ensemble des pays. Cela nécessite de lever les contraintes techniques et financières pour permettre à ces institutions de mobiliser des ressources financières à la hauteur des défis mondiaux.
La deuxième question concerne les politiques et les orientations que ces institutions cherchent à appliquer dans les pays en développement, et qui sont dominées par ce que nous appelons en anglais le principe du «one size fits all» ou des politiques qui sont appliquées dans tous les pays. Bien que cette approche ait été appropriée au début de ce système, la grande diversité des pays en développement nécessite de laisser de côté cette approche collective et d’essayer d’ajuster les politiques en fonction des spécificités et des niveaux de développement de chaque pays. La situation de notre pays est un exemple vivant de l’échec de cette approche collective. Malgré les spécificités de la situation politique et sa fragilité et les difficultés de la transition démocratique, ces institutions ont tenu à appliquer les mêmes politiques et réformes proposées pour les pays ayant une plus grande stabilité politique.
La troisième question à l’ordre du jour de la réforme du système financier international concerne la gouvernance et la nécessité de donner une place plus importante aux pays du Sud dans la prise de décision au sein de ces institutions.
La quatrième question concerne la coopération et l’effort de coordination entre les différentes institutions au sein des pays qui, malgré leur développement au cours des dernières années, restent limités, ce qui représente un fardeau pour les pays. 
La cinquième question concerne la possibilité pour ces institutions de s’ouvrir à la collaboration avec le secteur privé pour fournir des ressources financières plus importantes.
Malgré les demandes urgentes de réformes majeures du système financier international, de nombreuses personnes critiquent la lenteur de ce processus et expriment un certain pessimisme quant à la capacité de ces institutions à améliorer leurs méthodes de travail et leurs principes. Cette lenteur a poussé de nombreux pays, en particulier les nouvelles puissances émergentes des BRICS, à créer de nouvelles institutions financières internationales dont la New Development Bank.
Les raisons de cette lenteur ne se limitent pas aux aspects techniques et administratifs, mais incluent également des aspects politiques importants, car ces réformes conduiront au recul des grandes puissances dans la gouvernance de ces institutions.
Les difficultés que notre pays rencontre dans ses relations avec les institutions financières internationales sont en partie le reflet de la crise de ce système et de son incapacité à entreprendre les réformes nécessaires pour soutenir la résilience des pays du Sud face aux risques majeurs. Il s’agit d’une question importante que nous devons prendre en considération dans la définition de nos priorités de sauvetage et de relance de notre économie. 

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