Les Tunisiens résidents à l’étranger représentent environ 10% de la population totale du pays, mais en réalité leur potentiel économique, social et culturel dépasse largement ce taux.
Or, ce potentiel n’est pas suffisamment mis à profit en faveur du développement du pays surtout au moment où la mère-patrie traverse une phase difficile de transition démocratique où la croissance économique est défaillante.
Il faut dire que les pouvoirs publics n’ont pas su depuis des décennies mettre la place des instruments appropriés dans ce but. Il faut dire que le contenu humain des TRE a profondément changé depuis plus d’une décennie : les TRE ne sont plus tous ouvriers sur les chantiers ou dans les usines. En effet, 30 à 40% des TRE sont désormais étudiants, chercheurs, cadres supérieurs dans de grandes entreprises universitaires, hommes d’affaires, chefs d’entreprises, médecins, avocats…
Il disposent de revenus confortables et jouissent d’un niveau culturel supérieur, ils ont des relations de haut niveau dans les pays d’accueil de l’Union européenne.
Ils peuvent être très utiles pour favoriser le développement de la mère-patrie mais ne veulent pas être embrigadés par des politiques.
Les transferts financiers comptabilisables des TRE ont tendance à stagner ces dernières années pour deux raisons principales : la crise économique et le chômage qui sévissent dans les pays de l’Union européenne d’une part, un attentisme et une sorte de suspicion vis-à-vis de l’évolution de la situation socio-politique et économique du pays après le soulèvement démocratique du 14 janvier 2011 d’autre part.
Les montants oscillent entre 2,5 et 3 milliards de dinars, outre les importations sans paiement de biens et produits, ainsi que les transferts non déclarés à la Douane et aux autorités de la BCT.
Les avantages fiscaux et financiers lors de retour définitif accordés par l’Etat aux TRE sont régulièrement l’objet de contestations : les TRE veulent toujours plus. Exemple : il y a franchise douanière pour une voiture auto, les TRE en veulent un 2e pour le conjoint, le législateur réagit positivement, même s’il assortit l’accord par des conditions comme le paiement en devises et le recours à un concessionnaire local.
En vérité, les TRE aspirent surtout à une reconnaissance sinon une considération de la nation pour leur rôle au service du pays comme acteurs économiques, et ne veulent pas être considérés seulement comme des pourvoyeurs de devises.
Le conseil supérieur de l’émigration, tel qu’il a été conçu par les pouvoirs publics confirme le pouvoir de l’Etat en matière de définition et de conduite de la stratégie en matière d’émigration et a soulevé les protestations de la société civile émigrée qui ne veut pas être marginalisée lorsqu’il s’agit de son propre avenir.
Les associations d’émigrés devraient être mieux représentées au sein du conseil, faire entendre leur voix et veiller à la sauvegarde de leurs intérêts.
La meilleure solution serait un partenariat moral et matériel public-privé pour faire bénéficier la mère-patrie des ressources humaines et économiques dont disposent les TRE.
Il y a lieu de constater que l’investissement dans des projets économiques créateurs d’emplois et de richesses par les TRE est nettement insuffisant et pourrait être multiplié par 3 ou 4 si des instruments appropriés étaient mis en place.
Par exemple, un ministère des TRE, doté d’une Direction générale de promotion des investissements des TRE, une Direction générale de la coopération technique et culturelle.
Il s’agit de lancer une dynamique qui consiste à créer des passerelles permanentes pour activer les échanges entre la mère-patrie et les pays d’accueil via les TRE qui assurent le rôle de catalyseur et de charnière.
Plusieurs associations d’hommes d’affaires tunisiens à l’étranger existent et sont actives. Celles reprochent souvent aux pouvoirs publics de ne pas être à l’écoute de leurs doléances et de ne pas répondre à leurs attentes, alors qu’elles sont disposées à apporter des contributions positives aux préoccupations du pays telle la promotion des investissements.
Les reproches sont souvent formulés quant aux complexités administratives, aux lenteurs, à la rigidité des réglementations, à l’insuffisance des incitations et des avantages,…
Il n’y a pas de véritable guichet unique efficace pour favoriser la concrétisation des projets promus par les TRE.
C’est à travers les associations que les pouvoirs publics peuvent construire un véritable partenariat avec les TRE, mutuellement profitable, à plusieurs dimensions, renégociable chaque année en fonction d’un accord cadre.
Il y a une dimension investissement et lancement de projets économiques avec création d’emplois.
Une dimension épargne multiforme avec achat d’actions, obligations, compte-épargnes en dinars convertibles ou en devises avec des taux incitatifs,…
Actions caritatives à promouvoir dans divers domaines, divers autres avantages sont négociables, en ce qui concerne les franchises douanières, transferts de technologie et travaux de recherches à mener entre équipes TRE et résidents en Tunisie.