Intensifier le dialogue interculturel

La délégation de l’Union européenne (UE) en Tunisie a organisé la première Rencontre euromaghrébine d’écrivains et ce, du 9 au 12 novembre à Tunis. Objectif : la promotion du dialogue interculturel entre les peuples du bassin méditerranéen à travers un schéma identitaire pluriel. Focus. 

«Aujourd’hui, quand nous voyons la montée de certains extrémistes, que ce soit en Europe ou au Maghreb, nous trouvons que nous sommes tous soumis aux mêmes problèmes», affirme Michel Mouchiroud, chargé de la société civile, de la Culture et des médias à la Délégation de l’Union européenne en Tunisie,.
Cette manifestation avait pour objectif de réunir des écrivains du Maghreb afin de pouvoir dialoguer et partager leurs idées autour «d’une réalité qui compose leurs identités» précise-t-il, avant d’ajouter : «la rencontre est très importante dans le contexte actuel parce qu’elle vise aussi à promouvoir la liberté d’expression. Nous sommes inquiets pour les actes qui tendent à renfermer l’individu et à réduire son champ de liberté. De telles rencontres feront évoluer la situation.»
Avec l’appui du ministère de la Culture, la mairie de Tunis et l’Union des écrivains tunisiens, la délégation de l’UE a décidé d’organiser cette première rencontre dans le cadre du dialogue interculturel entre les peuples. Elle s’inscrit aussi dans la continuité du Processus de Barcelone. «Il est inévitable que les deux rives de la Méditerranée soient en connexion en termes, économique et politique, mais aussi culturel», insiste Michel Mouchiroud.
L’évènement a permis de donner la parole à des écrivains de différentes formations, provenant des États membres de l’UE et de la Tunisie, du Maroc, de la Libye, de l’Algérie et de la Mauritanie. Parmi les thèmes qui ont été discutés,  le manque de coopération entre les créateurs du Maghreb. «Il nous faut aujourd’hui une association fédératrice des écrivains maghrébins. Même si les politiques nous divisent et qu’il n’existe pas assez de communication entre nous, il est nécessaire, pour nous, de se prendre en charge à travers l’organisation des forums et de multiples rencontres dans les trois pays», souligne Hamid Grin, écrivain algérien. «Nous avons le regard tourné vers l’Europe, nous ne intéressons pas à une vision maghrébine unifiée », poursuit-il.

Identités plurielles
La participation des écrivains dans les panels s’est traduite par la lecture d’un texte de fiction relevant du même thème de la rencontre : identités plurielles, dialogue et culture. «Ce genre d’évènements permet de rapprocher les peuples entre eux et aussi de leurs écrivains. Si chaque culture a ses spécificités, il n’en demeure pas moins que chacun de nous a un fond universaliste, voire universel», a conclu Mamoudou Kane, écrivain mauritanien.
La question des identités plurielles a été posée lors de l’évènement, d’autant plus que la plupart des écrivains participants ont choisi de passer une période de leurs vies dans un autre pays que le leur. L’auteur marocain Youssouf Amine Alamy estime que «l’identité plurielle ressemble à un marque-page qui rappelle les repères identitaires et signe un nouveau départ vers l’improbable et le non acquis. Elle cultive, surtout, cet esprit nomade prêt à échanger et à communiquer.»
Dans ce monde globalisé, la technologie a permis aux différentes identités de se rapprocher et de communiquer. À cet effet, «Internet nous permettra de mettre des noms sur des visages, de développer de nouvelles idées. Aujourd’hui, on ne sent plus les frontières imposées par la géopolitique quand on veut faire des échanges culturels, car on n’a besoin ni de visa ni d’autorisation. Par contre, il n’y a pas suffisamment de subventions, à l’échelle des États», note l’écrivaine marocaine Siham Benchekroun.
Chaïmae Bouazzaoui

Fatima Malki Bensoltane, présidente de «Méditerravenir» :
«La culture, ciment essentiel pour le dialogue»

La question des identités plurielles est bien d’actualité. Laïcs, religieux, Occidentaux, Arabes, Maghrébins, Africains, c’est bien cette différence qui renforce la similitude entre les individus. Dans ce sens, l’experte Fatima Malki Bensoltane, présidente de l’Association tunisienne Méditerravenir  pour le Dialogue Sud-Nord, créée en 2006 en France, affirme que la Tunisie d’aujourd’hui devrait admettre l’existence de cette identité plurielle, mettant l’être humain au centre de la pensée, afin de pouvoir dépasser les obstacles politico-culturels. Entretien.

D’après vous, que pourrait apporter cette première rencontre culturelle euromaghrébine des écrivains ?
Cette rencontre euromaghrébine est très intéressante dans la mesure où elle rappelle l’importance du dialogue. Les discussions qui ont eu lieu aboutiront, par la suite, à des actions concrètes, susceptibles de rendre le potentiel culturel du Sud visible pour le Nord de la Méditerranée et vice versa. Notre association travaille là-dessus. C’est sur la culture qu’il faut se pencher pour résoudre n’importe quel problème.

Qu’est-ce que le mot culture pourrait signifier ?
La culture est un élément élargi qui ne se limite pas à un pays ou à un autre. C’est pour cela que nous nous intéressons de plus en plus aux identités plurielles parce que nous remarquons que les gens porteurs d’une culture ou d’une identité plurielle sont plus portés vers le dialogue. Si nous pouvons définir la culture, nous dirions qu’elle est en dehors de la culture endogène du pays. Elle nous apparaît comme un ciment essentiel pour le dialogue, dans le sens ou quand le débat tourne autour de la politique, il devient souvent conflictuel. De même pour l’économie, ce sont les enjeux qui l’emportent. Ce qui cimente à chaque fois ces aspects, c’est justement la culture.

Quelle corrélation entre identité, culture et pluralité ?
La culture, dans ce contexte mondialisé, est plurielle et se construit désormais à travers les différentes cultures. Les résultats auxquels ont abouti nos recherches confirment ce constat. L’identité plurielle, entre autres, la culture plurielle, aide beaucoup à la facilitation du dialogue. C’est ce dont on en a besoin actuellement en Tunisie pour faire avancer la roue de la machine politique, notamment en matière du Dialogue national. Cette identité plurielle aide à l’ouverture, à l’évolution de l’être, à davantage de créativité et surtout au dialogue et à la paix.

Comment pourrait-on arriver à ce stade ?
Nous en avons discuté tout au long de la rencontre. La construction de l’identité plurielle n’est pas aussi facile que l’on croit. Il faut qu’il y ait tout d’abord la volonté. Toutefois nous remarquons que les gens qui ont une identité plurielle sont ceux qui le sont par leur naissance plurielle. Ceux qui sont dans une situation matrimoniale plurielle reflètent un tel profil, mais nous remarquons aussi que d’autres populations en sont capables. À titre d’exemple, la société civile cherche des fois cette pluralité afin de pouvoir comprendre et défendre, toutes les catégories de la société. Puis, les vrais écrivains sont par essence des identités plurielles puisqu’ils ont besoin d’une véritable intériorisation des schémas de pluralité et de diversité culturelle.
Entretien conduit par Ch.B.

Radio Jawhara se dote d’un nouveau portail
Lors d’une sympathique conférence de presse dans l’un des plus nouveaux hôtels des berges du lac, radio Jawhara nous  a présenté son nouveau portail : www.jawharafm.net
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