Pour lutter plus efficacement contre le tabagisme, un projet de loi est actuellement à l’étude à la Présidence du Gouvernement. Quelles nouveautés va-t-il apporter par rapport à la loi de 2000 relative à la prévention contre le tabac ? Le premier changement est opéré au niveau de l’appellation. Il s’agit, désormais, d’un projet de loi de lutte contre le tabagisme. « Ceci implique une plus grande fermeté de la part des autorités et davantage de mesures coercitives », a déclaré Rafla Tej, chargée de mission au sein du cabinet du ministre de la santé chargée du dossier des maladies non transmissibles, ce jeudi 28 décembre 2017 à Réalités Online.
Plus de tabacs dans les espaces publics
L’une des mesures phares prévues par le texte consiste à interdire le tabac dans tous les espaces publics : transports en commun, cafés, restaurants, etc. Le projet, poursuit la chargée de mission, prévoit également un encadrement des publicités directes et indirectes du tabac. « Dans un feuilleton où le tabac est exposé, des messages sur les dangers de la substance devront être obligatoirement diffusés », a-t-elle précisé.
Le texte prévoit, également, l’interdiction de la vente du tabac aux moins de 18 ans. Le produit sera aussi interdit près des hôpitaux et des établissements scolaires. Plus encore : oubliée la vente au détail – par cigarette -. L’acheteur devra désormais acheter le paquet dans sa totalité. Et en parlant du paquet, ce dernier, selon Rafla Tej, sera couvert à 80% de messages sur les dangers du tabac, contre 30% actuellement. L’autre mesure comprise dans le projet de loi de lutte contre le tabagisme consiste à doubler les sanctions. A titre d’exemple, les auteurs de publicités illégales sur le tabac écoperont d’une amende de 20 000 TND au lieu de 10 000 TND.
Assez pour dissuader les fumeurs ?
Des mesures audacieuses, certes, mais comment les faire appliquer ? La chargée de mission au sein du cabinet ministériel a assuré que la Carte d’identité nationale (CIN) sera demandée aux acheteurs susceptibles d’être âgés de moins de 18 ans. « C’est tout à fait faisable », a-t-elle soutenu, ajoutant qu’une pancarte sera obligatoire pour les commerces. Elle indiquera plusieurs informations sur les produits vendus : quantité de nicotine et teneur en CO2. « Un seuil sera fixé dans le cadre du projet de loi de lutte contre le tabac », a-t-elle encore précisé.
Dans ce même contexte, Rafla Tej a souligné que tous les secteurs seront appelés à s’engager dans l’application des mesures prévues par le texte : commerces, santé, éducation. D’autre part, toujours dans la stratégie de lutte contre le tabagisme, un protocole d’élimination du commerce illicite a été mis en place. Selon la chargée de mission, comme son nom l’indique, il consiste à lutter contre le commerce parallèle du tabac qui est l’un des vecteur de la prolifération du tabagisme. « Nous travaillons en collaboration avec la douane et les commerçants. Cependant, une loi ne suffit pas : il faut sensibiliser les tunisiens afin d’initier un changement dans les mentalités. Chacun a sa part de responsabilité à assumer », a encore affirmé Rafla Tej.
7000 décès par an à cause du Tabac
A titre d’information, on compte, en Tunisie, 7000 décès annuels à cause du tabac selon la chargée de mission. 45% des hommes de moins de plus de 15 ans sont des fumeurs, contre 3% des femmes du même âge. Le tiers des adolescents âgés entre 13 et 15 ans sont des fumeurs. Outre ses méfaits sur la santé, le tabac a également un impact économique selon Rafla Tej : il coûte entre 1 à 2% du PIB.