L’interview tant attendue du président de la République, Bèji Caïd Essebsi, accordée dans la soirée du lundi 24 septembre 2018 à la journaliste d’Al Hiwar Ettounsi, Meriem Belkadhi, n’a pas manqué de susciter les réactions les plus mitigées d’hommes politiques de divers horizons mais aussi de composantes de la société civile bien que cette interview, n’a pas apporté de nouveau sinon la confirmation de la maîtrise de l’art de l’esquive du président de la République. BCE n’a pas dit grand chose, ou rien dit du tout, si ce n’est les généralités habituelles et mâcher des déclarations déjà consommées.
Abdelhamid Jelassi: « Ennahdha disposé à continuer à composer avec Nidaa au-delà des élections de 2019″
Dans une déclaration accordée à Réalités Online, le dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, Abdelhamid Jelassi, est revenu sur les propos du président de la République selon lesquelles le parti islamiste a rompu avec le chef de l’Etat. « Ennahdha n’a pas rompu ses liens avec le président de la République et nous œuvrons à maintenir les relations en bon terme et de collaborer avec tous les partenaires dont particulièrement nos amis au sein de Nidaa Tounes et le président de la République en vue de servir l’intérêt du pays. Nous sommes mêmes disposés à continuer à collaborer et composer avec ces parties mêmes au-delà des élections de 2019. Le chef de l’Etat a malheureusement interprété les choses d’une autre manière. Ennahdha n’a pas l’intention de rompre ses relations avec quiconque de ses partenaires. Nous sommes un parti civil, nous ne rompons pas nos liens. Notre pays a besoins de nous tous » a-t-il lancé.
Quant à la position du mouvement Ennahdha par rapport au chef du gouvernement Youssef Chahed, Abdelhamid Jelassi a affirmé que son parti veut éviter la logique « Si tu n’es pas avec moi, alors tu es contre moi« . « Nous avons composé avec Youssef Chahed en tant qu’actuel chef du gouvernement. Si une autre personne autre que Chahed était dans ce même poste, Ennahdha aurait opté pour la même approche ».
Le dirigeant au sein du parti Ennahdha a qualifié de positif le fait que le président de la République ait opté pour « la voie du milieu en laissant les portes ouvertes devant toutes les relations dont celles avec Youssef Chahed, la centrale syndicale et le mouvement Ennahdha« .
Moez Joudi: « Nous sommes désormais dans un pays en forte instabilité politique »
De son coté, l’expert politique et président de l’association tunisienne de bonne gouvernance, Moez Joudi est revenu sur les déclarations de BCE pour affirmer que le fait qu’il n’y ait plus d’entente entre le Président de la République et la principale tête de l’exécutif, ni entre les deux principaux partis du gouvernement d’union nationale, prouve que la Tunisie est désormais un pays en forte instabilité politique. Il a précisé que ceci aura de mauvaises répercussions sur l’économie nationale étant donné que la situation n’inspire plus confiance aux bailleurs de fonds.
« Attention à la réunion de cette semaine du FMI nous concernant, elle pourrait contenir des surprises! Le paramètre instabilité politique et mauvaise entente entre les principaux gouvernants du pays, ils le prendront certainement en compte lors de leur réunion et de leurs futures décisions! » a-t-il lancé.
Olfa Youssef à BCE: « Si vous partez, la Tunisie aura droit à une bouffée d’oxygène »
L’universitaire et écrivaine controversée Olfa Youssef, n’a pas de son coté tardé à réagir à l’interview du chef de l’Etat, comme c’est d’ailleurs toujours le cas, mais à sa façon satirique.
« Beji Caïd Essebsi dit que si Hafedh Caïd Essebsi et Youssef Chahed partent, la Tunisie ne sera pas impactées. C’est vrai, mais si vous partez – en s’adressant à BCE – la Tunisie aura droit à une bouffée d’oxygène », a-t-elle lancé.