« Les fins des mois sont difficiles, mais la Tunisie est un pays résilient et peut rebondir. Je ne sais pas ce qui va se passer mais nous ferons tout pour sortir de la crise » c’est le message on ne peut plus réaliste qu’a donné Chadly Ayari aux investisseurs étrangers qui ont visité la Tunisie la semaine dernière. On compte six manifestations internationales en l’honneur des investisseurs étrangers, organisées récemment. Focus
Rien n’est sacré en économie, tout peut être remis en cause. Plus encore Chadly Ayari ajoute que le miracle n’existe pas en économie et rien n’est gratuit en économie. Se basant sur ces réflexions peut-on déduire que des jours difficiles nous attendront. Pour les investisseurs étrangers la situation est encore plus difficile. Outre la situation économique difficile du pays, il existe des zones d’ombre par rapport à l’investissement, à savoir le code d’investissement qui vient d’être retiré de l’Assemblée nationale constituante et le projet du partenariat privé public qui n’est pas encore adopté par cette même Assemblée. Sur quelle base ces investisseurs vont investir sur le marché tunisien ? Quelle garantie ? Malgré cette situation d’ambiguïté, des institutions professionnelles à savoir l’IACE, la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), l’Union tunisienne de l’industrie et de commerce et de l’artisanat (UTICA), le Centre de promotion des exportations (CEPEX) et l’Agence de promotion de l’investissement (FIPA) organisent des séminaires et des colloques internationaux pour promouvoir le site Tunisie. le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomâa, le président Moncef Marzouki et presque tous les ministres économiques ont répondu présents pour promouvoir eux aussi le site Tunisie.
Maal ou Aamal de la CONECT
Lors de cette deuxième édition de Maal ou Aamal, organisée par la CONECT et sous l’égide du président Moncef Marzouki, 30 projets d’investissement dans les secteurs public et privé, ont été lancés par plus de 200 chefs d’entreprises des pays du Moyen-Orient et du Golfe. L’objectif de cette manifestation et de promouvoir le partenariat privé public. En marge de ce forum, une convention de partenariat a été signée entre la Confédération et la société «les pionniers du golfe», dont l’objectif est le placement de cadres et personnel qualifié tunisiens, dans les pays du golfe. Au cours de cette manifestation, le ministre de l’Agriculture a annoncé qu’une deuxième liste de terres domaniales sera bientôt lancée et la priorité sera donnée aux grands investisseurs étrangers. Les critères de choix, des projets technologiques à grande valeur ajoutée. Dans ce même cadre le ministre a signalé que le cahier des charges a été revisé pour plus de transparence. Le ministre a fait savoir aussi que le code d’investissement actuel présente une série d’incitations au profit des investisseurs étrangers, dont l’exonération des impôts à l’importation et de la TVA lors de l’acquisition des équipements du marché local. Les sociétés off- shore sont exonérées des taxes douanières pendant 10 ans, avec la possibilité de louer des terres privées et des terres domaniales. Malgré ces incitations, des hommes d’affaires ont déploré la lenteur administrative dans le traitement de leurs dossiers. Shakib Toujani, un investisseur tunisien résident à l’étranger n’arrive pas à lancer un projet de 100 millions de dinars et créer 1000 emplois à cause de l’administration tunisienne. Le ministre de l’Agriculture s’est engagé à suivre ce projet jusqu’à concrétisation. Mais combien d’homme d’affaires auront la chance de rencontrer les ministres économiques ?
Tunisia investment forum (TIF) de la FIPA
Près de 1500 participants venant de 50 pays étrangers, dont 600 hommes d’affaires étaient présents au TIF 2014. On trouve les partenaires historiques de la Tunisie notamment la France, l’Italie et l’Allemagne et de nouveaux visiteurs dont le Pakistan et le Sri Lanka. Des organisations et d’institutions internationales financières étaient aussi présentes. Portant le thème « Nouvelle Tunisie: nouvelle démocratie, nouvelles opportunités », l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA), a collaboré cette année avec de nouveaux partenaires en l’occurrence l’agence multilatérale de garantie des investissements -MIGA-(filiale de la banque mondiale), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et the Heritage Foundation (USA). Cette année on note la présence particulière et pour la première fois du Forum économique mondial. « Un signal fort de la confiance, dont bénéficie la Tunisie dans les milieux des affaires dans le monde » selon les organisateurs. Ainsi le Forum économique mondial notera-il autrement la Tunisie au prochain Davos. Ce dernier a présenté au TIF, son « Agenda global pour 2014” sur les perspectives futures des pays du printemps arabe.
Tunis forum de l’IACE
Lors de ce forum dédié à l’Afrique et portant le thème « la Tunisie et l’Afrique subsaharienne : pour une stratégie d’intégration durable » l’organisateur (l’IACE) a présenté une proposition concrètes pour un partenariat optimal et durable sur le marché africain. Cette proposition contient 35 recommandations visant une intégration africaine dans des secteurs porteurs notamment les TIC, l’industrie et l’enseignement. « Ce sont des orientations claires et concrètes qui peuvent constituer, dans le futur, une feuille de route aussi bien pour les acteurs politiques qu’économiques » selon l’IACE. Parmi ces recommandations la Tunisie doit doubler en cinq ans les exportations de biens qui sont actuellement de l’ordre de 700 millions de dinars, créer une cellule de veille stratégique et d’intelligence économique, qui aura pour mission d’analyser les évolutions récentes en Afrique et accroitre la dotation de l’État au profit du Foprodex de 1 million de dinars par an. Cette proposition bien réfléchie attendra l’approbation des acteurs politiques et économiques du pays pour être réalisée. Par ailleurs le chef du gouvernement effectuera, une tournée en Afrique, en compagnie de 100 hommes d’affaires, en vue de prospecter les opportunités d’investissement et de coopération dans les différents domaines.
Najeh Jaouadi