Investissement direct étranger: Optimiser l’impact sur le bien être

Les investissements directs étrangers sont considérés comme un vecteur important d’impulsion du développement et de promotion de l’emploi. Cette corrélation entre accroissement des flux, croissance économique et amélioration du bien-être a été constamment prise en considération par les pays qui se livrent, parfois, à de rudes batailles pour attirer ces investissements dont les effets induits sont considérables. Plusieurs facteurs concourent à l’attractivité d’un site par rapport à un autre, dont l’existence de ressources naturelles importantes notamment énergétiques, la taille du  marché et les avantages compétitifs qu’offrent certains lieux d’implantation.

Pour avoir une meilleure perception de l’impact des IDE sur l’amélioration du bien-être des populations, la Banque africaine de développement (BAD) vient de publier un document de travail: « Afrique du Nord : quel impact des IDE sur les populations ? » qui tente de ressortir les liens entre les entrées d’investissement direct étranger et l’amélioration du bien-être des populations dans la région de l’Afrique du Nord. Cette étude analyse les liens étroits existant entre les flux d’investissement direct étranger (IDE) et la qualité de vie des populations dans les six pays de la région (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte).

Ce document de travail souligne que, généralement, les IDE ont un impact sur la croissance économique en Afrique du Nord, générant des revenus pour les États et les populations de la région. Le couac réside dans leur concentration dans un nombre réduit de secteurs : extraction pétrolière, services, tourisme et bâtiment. Une part infime de ces investissements profite aux industries primaires non extractives, pourtant à forte intensité de main-d’œuvre et favorables aux populations les plus fragiles, ainsi qu’au secteur manufacturier, dont l’effet d’entraînement au plan économique a un fort potentiel.

Tout en confirmant l’existence d’une relation de cause à effet entre flux d’IDE et amélioration des conditions de vie, les gouvernements de la région, recommandent ce document, et appellent à rendre ce lien solide. Cela exige de maintenir leurs investissements dans les infrastructures sociales et d’améliorer la qualité de leurs institutions et leur gouvernance. Il a été constaté que dans la plupart des pays de la région, il est essentiel de mettre en œuvre des politiques visant à diversifier les cibles de l’IDE, notamment en faveur des secteurs primaires non extractifs, à forte intensité de main-d’œuvre, et du secteur manufacturier, qui présente le plus fort effet d’entraînement au plan économique.

La voie de la diversification

L’IDE dans la région de l’Afrique du Nord a atteint un pic en 2008, avant de baisser fortement en raison de la crise financière de 2007-2009 et des mouvements sociaux survenus entre 2010 et 2012. Mise à part l’augmentation globale de l’IDE avant 2008, l’on a observé que la concentration sectorielle de ces investissements varie considérablement d’un pays à l’autre. Pratiquement, note l’étude,  l’Algérie, la Mauritanie et le Maroc sont les pays les moins diversifiés en termes de concentration sectorielle. L’IDE est relativement bien diversifié en Égypte et en Tunisie.

Pour cette raison, il est jugé essentiel de mettre en œuvre des politiques qui ciblent la diversification de l’IDE, pour le diriger vers les industries du secteur primaire. Pour l’Algérie, même si les investissements dans le secteur du bâtiment ont contribué à améliorer les infrastructures (routes, logements, etc.), une meilleure répartition de l’IDE entre les trois secteurs (primaire, secondaire et tertiaire) permettrait de renforcer l’impact positif des entrées d’IDE. Il en va de même pour la Tunisie, où l’IDE est essentiellement axé sur les services publics. Pour l’Égypte, la Libye et la Mauritanie, l’impact de l’IDE sur le bien-être dépendra en grande partie des politiques budgétaires et de redistribution en place dans le secteur pétrolier. Au Maroc, la réorientation d’un volume plus important d’IDE vers les secteurs primaire et manufacturier favorisera une meilleure répartition des richesses.

Il est admis que l’IDE peut favoriser la réduction de la pauvreté à travers  l’appui aux secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, le transfert de technologies et de connaissances et l’affectation des recettes budgétaires générées par la présence d’investisseurs étrangers.

L’étude reconnait de façon claire le lien positif entre l’IDE et l’amélioration du bien-être dans l’ensemble des pays nord-africains. Ce lien subsiste même si l’on prend en compte la taille de l’État, l’endettement du pays, l’instabilité macroéconomique, le développement des infrastructures, la qualité des institutions, le risque politique, l’ouverture aux échanges commerciaux, le niveau d’éducation et le stade de développement des marchés financiers. Globalement, l’IDE contribue à la croissance économique dans la région, laquelle génère des revenus et contribue à la création d’emplois.

L’étude propose trois pistes pour renforcer l’incidence des IDE sur le bien-être des populations de la région. Pour réduire les différences d’impact d’un pays, à l’autre, on recommande d’élaborer des  politiques visant à attirer les IDE en les orientant vers les secteurs les plus productifs de l’économie. Afin de réduire les inégalités au sein d’un même pays la mise en œuvre de mesures incitatives pour encourager les investissements étrangers dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, se présente comme la solution idoine. Enfin, pour  mieux redistribuer la richesse dans la région, réduire la pauvreté et améliorer le développement humain, la solution réside dans la poursuite des efforts entrepris pour renforcer la qualité des institutions et de la gouvernance.

Il faut rappeler que, courant 2014, les flux d’investissements étrangers en Tunisie ont atteint 1878,6 millions de dinars (MD) enregistrant une baisse de 5,8% par rapport à la même période de 2013, 27,4% par rapport à  2012 et 22,3% par rapport à 2010.

La répartition des IDE par secteur en Tunisie montre que le secteur énergétique représente 54,1% du total des IDE suivi des services (26,5%) et des industries manufacturières (18,9%).

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