La conférence internationale sur l’investissement vient de s’achever, son succès fait l’unanimité de tous et ses retombées directes et indirectes, matérielles et morales, quantitatives et qualitatives ont dépassé toutes les attentes. C’est maintenant que les choses les plus difficiles commencent : nous n’avons pas le droit de décevoir la confiance placée en notre pays par la communauté politique, économique et financière internationale : gouvernements étrangers, bailleurs de fonds internationaux et fonds d’investissement.
Au delà du bilan exceptionnel qui consiste à constater que 70 pays ont répondu à l’appel de notre pays pour signer 15 milliards de dinars d’accords et 19 milliards de dinars d’engagements de financements, soit 34 milliards de dinars en totalité, outre les multiples accords conclus ou à conclure entre investisseurs privés étrangers et tunisiens.
Le plus important en fait, c’est que notre pays est devenu au regard du monde entier, un site d’investissements compétitif, doté d’une stabilité socio-politique propice aux affaires.
Comment assurer les garanties de bonne fin et le service après vente de cette conférence ? Le gouvernement doit mettre en place une structure restreinte et efficace composée de hauts fonctionnaires appartenant à plusieurs départements, chargés d’assurer le suivi de la conférence et de la concrétisation de tous les accords signés et des engagements pris pour le financement des projets de développement.
En fait, il reste beaucoup à faire pour réaliser les études détaillées, obtenir les agréments, entamer les chantiers et mener à bien les projets de développement. Une œuvre de longue haleine qui implique de la part de tous les acteurs un effort soutenu.
L’enjeu est fondamental pour l’avenir de notre pays, celui de la relance de la croissance économique qui est en panne depuis six ans.
Il s’agit de redonner de l’espoir à notre jeunesse qui souffre du chômage : 268000 diplômés du supérieur sur un total de 680000 chercheurs d’emplois, mais aussi de redynamiser le développement des régions défavorisées qui connaissent un marasme socio-économique depuis toujours et réduire les inégalités.
En effet, nous ne devons pas perdre de vue les revendications de la Révolution : emploi, dignité et égalité sociale, qui demeurent d’actualité dans toutes les régions intérieures du pays.
Comment transformer cet élan en croissance économique réelle et projets concerts en cours de réalisation ?
Plusieurs conditions sont nécessaires pour remettre la machine en ordre de marche. D’abord, l’accélération du processus des réformes économiques : la loi sur l’urgence économique traine encore à l’ARP, les trois décrets d’application destinés à rendre opérationnelle la loi sur l’investissement n’ont pas encore été promulgués.
Plusieurs structures nouvelles prévues par la loi sur l’investissement doivent être mises sur pied d’urgence pour assumer leurs responsabilités avec des cadres compétents et motivés, pour servir les promoteurs avec la diligence requise.
Les dons, crédits et soutiens financiers doivent être affectés aux projets de développement et non aux salaires et dépenses de prestige, ils sont destinés à créer la richesse, à mobiliser les compétences et à créer des emplois.
Nous ne devons jamais perdre de vue que nous devons rembourser ces crédits un jour prochain, les intérêts en sus, or avec la chute continuelle du dinar, les échéances seront très lourdes.
Nous devons veiller avec un soin particulier sur l’aboutissement de tous les projets et la bonne gestion de ces projets.
L’Administration doit se réformer, elle doit devenir un facteur de développement et non un obstacle, les complexités liées aux formalités, les lourdeurs et les lenteurs de la paperasserie avec des commissions multiples qui se réunissent de temps en temps doivent être bannies.
Il faut un engagement ferme de la part de la fonction publique pour se mobiliser en faveur de la réalisation des projets de développement du pays.
Il y a incontestablement un effet d’entrainement des financements extérieurs sur l’investissement privé local pour créer une dynamique destinée à relancer la croissance économique dans le pays notamment dans le cadre de projets en partenariat mixte ou encore dans le cadre de la loi sur le partenariat public-privé. Nous devons éviter qu’une parcelle de terrain bloque la construction d’une autoroute ou d’une usine pendant des années par exemple.
Tous les partenaires sociaux doivent veiller sur l’instauration de la paix sociale, condition indispensable pour édifier une économie compétitive, une société solidaire et insuffler la croissance.
Les entreprises économiques ne peuvent prospérer lorsqu’il y a des revendications continuelles, des grèves tournantes et fréquentes, des sit-in dans toutes les régions et tous les secteurs économiques avec des routes bloquées et des transports interrompus.
L’investissement a besoin d’un climat serein pour être rentable et profitable à tous.
Le Tunisien doit se remettre sérieusement au travail, oublier les retards et les absences fréquents, la mauvaise volonté, la corruption active et passive, faire preuve de sens des responsabilités et de discipline, assumer son devoir fiscal de façon transparente et volontaire.
Nous devons oublier les intérêts corporatistes et personnels de certaines professions libérales qui veulent se mettre au dessus de la loi et ne pas honorer leur devoir fiscal comme le font les modestes salariés.
Une Tunisie nouvelle doit émerger, car c’est notre dernière chance.
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