ISIE: La foire d’empoigne

La situation qui prévaut à l’ISIE (Instance supérieure indépendante des élections) ressemble étrangement à une foire d’empoigne, où chaque membre cherche à piéger l’autre et  a fortiori à enfoncer  cette instance dans une crise  à n’en plus finir, à dessein  de  faire perdurer le statu quo, de  lui asséner un coup fatal qui lui fera perdre toute sa crédibilité et toute l’aura qu’elle est parvenue à construire depuis 2011.
Pourtant, on avait cru, à tort, que l’élection d’un nouveau président allait mettre un terme à ces  dissensions et à la longue crise qui a conduit au report des Municipales. Mal nous en a  pris. Les membres de la commission  ont tout fait pour achever le plus important pilier  construit depuis 2011, en se rebellant contre la légalité et en  tournant en dérision le nouveau président pourtant élu après des convulsions longues et douloureuses.  Par on ne sait quelles combines, le nouveau président élu s’est trouvé étrangement seul et isolé, voire contesté par ceux qui craignent d’être remplacés par l’opération du tirage au sort. Le scénario qui s’en est suivi  est, le moins qu’on puisse dire, pitoyable.  Deux réunions convoquées par le nouveau président annulées faute de quorum, un conseil parallèle  a été diligenté par les membres réfractaires  sans en informer le président.
Résultat : tout le crédit dont cette instance a réussi,  au fil des années,  à capitaliser s’est trouvé arbitrairement  dilapidé,  laissant la voie libre  au doute et à la circonspection. En témoignent son  fonctionnement chaotique et  la guerre sans merci que se sont livré ses membres pour des motifs aussi futiles qu’égoïstes.
Dans le cas d’espèce, le drame vient de l’amateurisme de l’élite  qui compose cette instance constitutionnelle, prise en otage   et dont les membres l’ont sacrifiée  sur l’autel de calculs peu glorieux  et de caprices  mal venus  de personnes investies d’une mission exceptionnelle et  à qui il revient d’entretenir le rêve de renforcer la transition démocratique dans le pays.  Manifestement, les messages renvoyés par les membres de l’ISIE ont accentué le pessimisme des Tunisiens qui, après avoir perdu confiance dans leur élite politique, risquent cette fois-ci de ne plus croire en l’efficacité des institutions constitutionnelles.
Ce qui  a le plus marqué les esprits et surpris, c’est le manque de maturité politique d’une élite formée d’avocats, de juges et d’universitaires qui se plaisent  à ramer à contre-courant  en cédant aux combines, aux  manœuvres politiciennes et en manifestant un  mépris à  la légalité. Même s’ils retournent à de meilleurs sentiments et prennent conscience de la gravité de leur mission, il semble que le mal est fait.
Dans quelle mesure tous les membres  sauront travailler en cohérence, en équipe soudée et solidaire pour organiser les Municipales  en 2018 et les élections législatives et présidentielle en 2019 ?
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Hormis ses errements,   qui provoquent railleries et grincement de dents d’un quelconque intérêt, notre classe politique semble de plus en plus  prise au piège de ses contradictions, de son inconsistance  et  de l’opportunisme qui ne cesse de dicter son action et son discours. Deux exemples illustrent parfaitement ce constat qui est loin d’être sévère.
La grande figure politique Néjib chebbi, dont personne  ne peut nier le grand parcours militant, vient de fournir la preuve de son incohérence et,  surtout,  de son obstination  à  ne pas retenir les leçons de ses retentissants échecs   électoraux répétés.
Cet éternel looser,  qui a  la politique dans son ADN,   vient de marquer son come-back  après  une éclipse de plus de trois ans.  Un retour qui,  loin de surprendre, laisse dubitatif,  notamment au niveau du discours et du programme qu’il présente du nouveau parti,le mouvement démocratique qu’il qualifie de centriste et  socio-démocrate.  Ce qui dérange le plus dans le discours de Néjib Chebbi, c’est sa propension à vouloir nous faire croire  que la Tunisie a besoin d’un leader charismatique qui pourrait être sa propre personne, en prétendant apporter le changement et en jetant l’anathème sur les gouvernements successifs qui ont échoué dans la gestion de la vie publique.
Le deuxième mauvais exemple nous vient de Mohamed Ghariani, dernier Secrétaire général du RCD dissout, qui ne cesse de s’adonner à une sorte de striptease peu glorieux. Par son opportunisme  sans limites, il est devenu telle  une marionnette que chacun ne recule pas à utiliser pour l’avilir et le discréditer chaque jour un peu plus. Il ne semble pas saisir « qu’en tout, c’est l’opportunisme qui est vil, et le pire de tout est d’adorer l’opportunisme et d’en faire une doctrine ». Dès lors, comment comprendre son inconstance et ses revirements incessants, lui qui change de parti ou de position comme il change de veste ? Après son atterrissage  au Nidaa Tounes où il fut rapidement chassé, il nous a égratignés par son passage à l’IVD,  au cours duquel il s’est évertué à expliquer comment il a participé à  la falsification de toutes les  élections durant la présidence de Ben Ali.
Le dernier acte est venu  renseigner  sur la faillite totale de cet homme,  qui s’improvise en défenseur du parti qu’il a toujours combattu. En déclarant récemment que « le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a  les qualités nécessaires pour assumer les charges de président de la République », Mohamed Ghariani ne donne à personne l’occasion pour lui accorder la moindre  circonstance atténuante.

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