Crédits : AP Photo Rami Shlush
Des embouteillages provoqués par une fuite générale de Téhéran, des missiles filant au-dessus des sols iraniens et israéliens, des bâtiments détruits au cœur des capitales respectives des deux pays : depuis la première offensive menée vendredi par Tsahal, les images du chaos engendré par l’escalade inédite entre les deux puissances du Moyen-Orient se multiplient.
Dans la nuit du 12 au 13 juin dernier, Israël a bombardé plusieurs sites nucléaires iraniens, à l’instar de l’usine d’enrichissement de l’uranium de Natanz ou la centrale nucléaire d’Arak, prétextant un danger relatif à l’obtention de la République islamique de la bombe atomique. Il a aussi visé des bâtiments résidentiels du corps des gardiens de la révolution islamique, ainsi que des immeubles hébergeant des commandements militaires iraniens.
Le jour même, l’Iran a riposté en lançant des missiles sur Tel Aviv. Depuis, les échange de salves se poursuivent et s’étendent dans plusieurs villes au sein des deux pays. En parallèle, les cibles se diversifient, Israël ayant notamment visé des aéroports, des universités, ou encore des raffineries. A compter du dimanche 15 juin, les bombardements israéliens ont causé la mort de 224 personnes et ont blessés plus de 1000 habitants, selon le ministre de la santé iranien, tandis que les ripostes ont engendré treize morts et 380 blessés, d’après le bureau de Netanyahou.
Un bilan qui pourrait s’alourdir, dans la mesure ou les frappes réciproques se poursuivent. Unique bonne nouvelle, la partie souterraine du site de Natanz a été épargnée, selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), réduisant ainsi les risques d’un incident nucléaire de grande ampleur.
Réactions internationales : entre appel à la désescalade et soutien à Israël
La communauté internationale semble unanime. Alors que le chef de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres, a appelé à une « retenue maximale ». Une idée soutenue par la cheffe de la diplomatie de l’Union Européenne (UE) et le secrétaire général de l’OTAN. Au Moyen-Orient, la condamnation de l’offensive de l’armée israélienne a été le maître mot, l’Arabie Saoudite ayant notamment évoqué des violations du droit international.
Du côté occidental, les gouvernements plaident pour la désescalade, mais affirment pour la plupart le droit à Israël à se défendre. C’est notamment le cas du président de la République Française, qui a affirmé dans une publication sur X le 13 juin dernier : « la France réaffirme le droit d’Israël à se protéger et à assurer sa sécurité. Pour ne pas mettre en péril la stabilité de toute la région, j’appelle les parties à la plus grande retenue et à la désescalade. » Même son de cloche du côté allemand.
La France a plusieurs fois condamné le programme iranien en cours et a pris toutes les mesures diplomatiques en ce sens.
Dans ce contexte, la France réaffirme le droit d’Israël à se protéger et à assurer sa sécurité.
Pour ne pas mettre en péril la stabilité de toute la région,…
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 13, 2025
L’accord sur le nucléaire compromis
Un sixième round de négociations étaient prévus le dimanche 15 juin à Oman, entre Téhéran et Washington, pour conclure un accord sur le nucléaire iranien, à Oman. Il n’a pas eu lieu. Pour cause, l’attaque israélienne a grandement contribué à un changement d’attitude du gouvernement de Khamenei. Selon l’Iran, le sens de ces pourparlers est désuet depuis l’offensive du 13 juin.
Donald Trump, quant à lui, a exhorté l’Iran a conclure l’accord, sous peine de représailles inédites. Dans un post publié sur son réseau « Truth social », il a notamment pointé du doigt la responsabilité iranienne sur ce dossier. Pourtant, les actions passées du président américain sont une cause majeure de la compromission de l’accord.
Pour le comprendre, il faut remonter en 2015, date à laquelle l’accord sur le nucléaire iranien est signé, entre la République Islamique, les membres du conseil de sécurité permanent de l’ONU (France, Russie, Etats-Unis, Russie et Chine) , l’Allemagne, et l’UE. Ce dernier prévoit notamment d’imposer une limite sur l’enrichissement de l’uranium pour le pays du Moyen-Orient, ainsi qu’une inspection facilitée des sites de production, en échange d’une levée de sanctions ciblant l’Iran.
En 2017, l’AIEA publie plusieurs rapports indiquant que l’Iran a respecté les points de l’accord. Pourtant, un an plus tard, Donal Trump décide de se retirer de l’accord, et de rétablir des sanctions. Résultat : en 2019, l’Iran décide de ne plus faire amande honorable, notamment vis-à-vis des quotas d’enrichissement de l’uranium. Les négociations avaient repris en 2021 sous l’impulsion de Joe Biden, mais le dossier est resté dans l’impasse. Aujourd’hui, il semble plus que jamais compromis.