Ultime raison d’être chez les nahdhaouis, l’accusation à répétition qui colmate le vide existentiel depuis le rejet d’Ennahdha par les franges de plus en plus élargies de la population.
Il faut être quasi débile pour ne pas le reconnaître et continuer à miser sur la guerre civile.
Dès lors, les plaideurs assiègent la justice et nul, parmi eux, ne songe à rendre gorge. A trois reprises consécutives, la bande à Ghannouchi exhibe sa plainte portée contre Mongi Rahoui et son parti. Ceux-ci mentionnent les beaux jours vécus par le terrorisme tout au long de la noire décennie, l’infiltration systématique des institutions et l’expédition des jeunes takfirisés vers les foyers de tension. Or, ces trois évidences furent mille et une fois énoncées par la plupart des médias.
La plainte aurait donc à incriminer presque l’ensemble des médiateurs, y compris vous et moi, à la fois.
Etrange, bizarre, drôle de bazar ! Semblable inconséquence, liée à pareille incohérence, délimite l’ample mare aux canards où patauge l’ainsi nommée charia d’Ennahdha. Les chefs d’accusation, biscornus, débusquent le désarroi d’accusation sans foi ni loi, désormais acculés à déclarer n’importe quoi.
La pieuvre donne à voir la dénonciation circonstanciée pour « une campagne diffamatoire ». Même au cas où nos fameux loussouss auraient noyauté la justice, le pauvre juge en charge de pareil dossier ne saurait sur quel pied danser.
Faudrait-il boucler Rahoui ou bien les milliers reconnus coupables du même anathème ? Entraînée par sa course effrénée, sur place, la pieuvre proteste contre « une partie politique et idéologique » marqueur de bavardage, « ce discours sans vie », dit Heidegger. Voici donc une cloison dressée entre ces deux notions. Depuis quand le politique et l’idéologique auraient-ils prononcé leur divorce présumé ? Le parti nahdhaoui serait-il dépourvu d’idéologie ?
Où aurait-il fourré son islamo-conservatisme avéré ? Quasi décapité, aujourd’hui, ce MTI perpétue sa façon de ne pas camper les points sur les i.
Maintenant, que vais-je faire ? L’essentiel demeure, pour le dégagé, de continuer à durer. Inaptes à déclencher la confrontation promise par le boss déboussolé, au cas où « l’islam politique » serait sabré, les enturbannés recourent à l’accusation héritière de l’inquisition.
Inspirés par Descartes revu et corrigé, ils inscrivent au fronton de leur Panthéon détruit : « J’accuse donc je suis ».
Démolisseurs du pays, ces bandits abrutis parviennent, encore, à engranger des sympathies nimbées d’ambiguïté. Les âmes charitables prônent la « réconciliation » fort aimable. Iyadh Ben Achour juriste incapable d’insérer le droit parmi les dédales de la société globale, organisait, à la fac, une réunion de sensibilisation à la réconciliation.
Au fil de son intervention utopiste, l’éminent juriste recommande à Sahbi Atig, de surmonter le moment du ressentiment et il cite le cas, exemplaire, de Mandela. Hélas, la distinction noir/blanc n’a rien à voir avec l’opposition de l’univers théocratique au champ séculier, transition instituée par Bourguiba, en Tunisie, dès sa libération. Sur ce point précis, Abou Iyadh dévoilera l’hypocrisie de Ghannouchi. Pour lui, le tenant de la charia vitupère la démocratie à l’heure où la manipulation caresse l’Etat civil pour ne pas rater le train bourguibien. Le stratagème tactique maquille l’objectif stratégique. Face à la duplicité, Baudelaire, narquois, retire une flèche, empoisonnée, de son carquois et l’envoie en direction de l’ennemi-juré de Bourguiba : « Avez-vous pu donc croire, hypocrites surpris / Qu’on se moque du maître et qu’avec lui l’on triche / Et qu’il soit naturel de recevoir deux prix / D’aller au ciel et d’être riche ? »
Ces vers planent sur le piètre théocrate et l’extraordinaire démocrate. Par obsession de l’avoir, le gourou pille et dévaste le pays. Aujourd’hui déconfit, Ghannouchi en est réduit à dire : « J’accuse, donc je suis ». Produit et producteur du « petit » et du « grand » combat poursuivi contre la dépendance et pour la renaissance de la Tunisie, Bourguiba, lui, dit : « Je lutte, donc je suis ».
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