Jaloul Ayed candidat à la présidence de la BAD: Une belle symphonie pour l’Afrique

Depuis le 20 Février dernier, date de  la publication de la liste des candidats à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), les Tunisiens s’intéressent à cette banque et plus particulièrement à cette course parce qu’un Tunisien est en lice. Il s’agit de Jalloul Ayed, ancien ministre des Finances au gouvernement Béji Caid Essebsi. Quelles sont ses chances pour succéder à Donald Kaberuka ?

Il est une certitude que la course à la présidence de la BAD revêt, de par son envergure, plus d’importance à l’échelle du continent que l’élections d’un chef d’Etat, car les enjeux sont géopolitiques. Les tractations pour la succession de l’actuel président ont commencé depuis des années voire même depuis le jour de son investiture. Une de ces tractations aurait été à l’origine de l’abandon du sénégalais Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale chargé de l’Afrique, alors qu’il était le favoris de cette course et ce, en raison de la pression du Nigéria qui voulait favoriser un de ses ressortissants, candidat également. Il faut rappeler que le Nigéria est la première économie africaine et détient 9% du capital de la BAD donc son pouvoir est conséquent dans la région. Les tractations se passent, également, entre francophones et anglophones du continent sans oublier ceux ayant lieu entre les actionnaires régionaux c’est-à-dire africains qui détiennent 60% du capital de la banque et les actionnaires non régionaux c’est-à-dire non africains qui détiennent 40% du capital de la banque. La compétence des candidats entre tardivement en compte, et ne constitue pas un élément déterminant dans la mesure où tous les candidats disposent d’un CV bien consistant et volumineux.

Quelles chances pour Jaloul Ayed?

«J’ai une grande passion pour le continent africain. Et cette passion me donnerait une chance pour servir l’Afrique» Dans une conférence organisée pour annoncer sa stratégie pour l’Afrique et son programme électoral, Jaloul Ayed était fier, optimiste et confiant. « Je profite de cette occasion pour dire toute la fierté que j’ai ressentie en tant que Tunisien. Un grand honneur et un privilège pour moi de représenter mon pays dans le cadre de cette candidature à la présidence de la BAD. Un honneur qui me fait assumer une lourde responsabilité ».  Jaloul Ayed est fier également du soutien du président de la République, Béji Caid Essebsi, qui a présenté sa candidature. Outre son implication personnelle dans la campagne, Béji Caid Essebsi n’a pas hésité à envoyer des émissaires dans différents pays africains et occidentaux pour faire aboutir le dossier de candidature de Jaloul Ayed. « Le ministre des Finances Slim Chaker qui distribue les brochures de ma candidature là ou il va en dit long sur le soutien du gouvernement », souligne Jaloul Ayed qui salue à l’occasion le soutien inconditionnel que lui apporte la société civile notamment à travers les réseaux sociaux.  « Cela me donne des ailes ».

Jaloul Ayed mène sa campagne depuis une année et demie à travers son réseau personnel. Dans son programme électoral des visites de pays africains et occidentaux pour leur présenter sa stratégie pour la plus grande Banque en Afrique et au monde. « Mes chances sont assez sérieuses », affirme-t-il en présentant les arguments qui font de lui un candidat sérieux.

Premier argument sera celui de son expérience professionnelle de 30 ans dans le secteur bancaire et financier. Cette expérience combine entre le privé et le public. Un atout important qu’il est le seul à avoir par rapport aux 7 autres candidats.  Cela lui permettra d’injecter de nouvelles idées fraîches et innovantes à la banque. Le candidat tunisien, avance que la stratégie de la BAD pour 2013-2023 est conforme avec ses propres orientations. Mais c’est dans l’exécution que celui-ci  fera la différence par rapport aux autres candidats. « J’orienterai la stratégie de la banque vers un développement durable inclusif et vert. J’aiderai les Etats membres à créer un environnement propice pour l’investissement privé. Je soutiendrai des opérations de PPP et je mettrai la reforme du système financier comme une priorité des pays africains. Dynamiser le marché des capitaux en Afrique dont le potentiel est énorme ».

Cette prospérité devrait être partagée par tous les Africains selon, M. Ayed d’où l’importance de la dimension humaine en Afrique. « Je mettrai l’accent sur le potentiel de l’Afrique, celui-ci passe par une phase extraordinaire. L’Afrique pour moi c’est l’avenir ».  Jaloul Ayed maîtrise trois langues : arabe, français et anglais. Rien à dire donc du côté compétence. Mais allons plus loin dans les considérations politiques. On dira que Jaloul Ayed n’est pas le candidat du consensus de l’Afrique du Nord mais le seul. Il faut rappeler que le Maroc et la Libye sont actionnaires dans le capital de la banque. Il ose espérer l’appui des pays non africains mais jusque-là aucun engagement officiel n’a émané de ces pays. Le candidat tunisien est confiant. Jaloul Ayed Brisera-il les considérations géopolitiques et pour gagner la course grâce à son solide dossier sur la stratégie de développement de la BAD et de l’Afrique ? Gardons espoir. S’il est élu, Jaloul Ayed sera  le deuxième tunisien et le 8 e président de la banque depuis sa création en 1963. Abdelwahab Labidi avait présidé la BAD de 1970 à 1976. Le 28 Mai, date de l’examen ultime où Jaloul Ayed rencontrera le Conseil des gouverneurs de la BAD pour présenter sa vision pour la banque et pour l’Afrique.  Jaloul Ayed promet qu’en cas de réussite, il mettra en œuvre la plus belle symphonie jamais composée pour l’Afrique. 

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