« Ennahdha est arrivée à un degré de dérives vraiment difficiles à corriger ».
C’est ce qu’a déclaré Abdelhamid Jelassi, le dirigeant démissionnaire depuis belle lurette du mouvement Ennahdha, mercredi 27 mai à Diwan FM.
« Des amis misent sur des réformes au sein du mouvement, et attendent un passage de témoin, indique-t-il. Pourtant, j’ai toujours parié avec eux que le Congrès du parti ne se tiendra pas dans les délais impartis, et qu’il n’y aura pas de transition, sauf du genre Poutine-Medvedev. Pourtant, le pays a besoin d’un Ennahdha démocratique et transparent. Ennahdha que j’aime, je l’ai emportée avec moi« .
Jelassi a par ailleurs réitéré sa détermination à considérer terminée son aventure dans le parti islamiste. « Pour moi, ma relation avec l’organisation et les institutions d’Ennahdha est terminée. J’essaie d’y garder des amitiés. Je garde les mêmes valeurs que j’ai toujours défendues. Je ne serai pas dans la posture d’un règlement de comptes. Cela n’empêche que je demeure toujours intéressé par la vie publique et politique en Tunisie, et que je crois en notre pays et en sa révolution« .
* »Le débat sur la fortune de Ghannouchi n’intéresse pas le peuple tunisien »
Evoquant le clash Saïed-Ghannouchi, l’ancien dirigeant nahdhaoui a dit: « Le président de la République et celui de l’assemblée des représentants du peuple n’ont pas le droit de se quereller de la sorte. J’invite Kaïs Saïed à se débarrasser de ses habits de candidat à la présidence et à assumer son rôle fédérateur, comme j’invite Rached Ghannouchi à se montrer plus transparent. Des accusations me font rire, comme celles sur la fortune de Ghannouchi. Le débat doit être tranché par la justice. Le peuple tunisien, un tel débat ne l’intéresse pas« .
Donnant enfin son avis sur le fameux Fonds Zakat pour lequel appelle le président de la municipalité du Kram, Fethi Laâyouni, Abdelhamid Jelassi a estimé que « le débat et la façon dont on parle de ce Fonds Zakat sont erronés« .
« La constitution tunisienne garantit la différence des idées et des opinions, a-t-il rappelé. La classe politique va-t-elle finir par répondre aux attentes des gens qui sont deux du pain et d’une vie décente ? En tout cas, sur plusieurs points, demain, tout le monde parmi l’opinion publique nous dira « Dégage ! Les citoyens nous ont donné une chance aux dernières élections de 2019, et une autre à l’occasion de la crise sanitaire du nouveau coronavirus. En tout cas, sur plusieurs points, ils vont un jour nous dire « Dégage ! ».
H.A.