Le ministre des Affaires étrangères, Khémaies Jhinaoui a déclaré que le dossier libyen sera crucial dans l’agenda du Sommet arabe étant donné que la situation en Libye concerne également la Tunisie en matière de sécurité et d’économie, rappelant l’initiative tripartite (Tunisie, Algérie et Egypte) lancée en 2017 par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, visant à aider la Libye à sortir de la crise, régler les conflits entre les principaux acteurs libyens et trouver une solution pacifique.
Dans une interview accordée lundi à l’agence TAP, Jhinaoui a mis en avant le rôle de Ghassan Salama, Représentant du secrétaire général de l’ONU en Libye, qui, a-t-il indiqué, est constamment en contact avec la Tunisie sur les derniers développements et les efforts déployés pour la mise en place d’une feuille de route et d’un processus pacifique.
« Identifier une solution pacifique pour la Libye est nécessaire à la sécurité dans la région arabe« , a-t-il souligné, déclarant que le Sommet sera l’occasion de réaffirmer le soutien à l’émissaire de l’ONU et la volonté de l’aider à poursuivre la mise en application de la feuille de route qu’il a déjà entamé.
« La Tunisie, a-t-il poursuivi, va abriter dans le cadre des travaux du Sommet arabe, une réunion quadripartite, en présence de l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne et la Ligue arabe pour débattre des moyens de concrétiser la feuille de route et de l’organisation des élections libres en Libye avant la fin de l’année ».
S’agissant de la reconstruction de la Libye et la contribution de la diplomatie économique tunisienne dans ce domaine, Jhinaoui a indiqué que le volet économique dans la diplomatie tunisienne est un choix stratégique vu l’importance des défis de développement auxquels fait face la Tunisie.
Le ministre a, en outre, fait savoir que la Tunisie a procédé à l’impulsion des relations bilatérales avec la Libye, d’autant que la Libye a été, avant 2011, le deuxième partenaire de la Tunisie en matière d’échanges commerciaux (plus de 2 milliards de dinars par an).
Et d’indiquer qu’une commission bilatérale a été formée pour examiner les différents aspects de la coopération bilatérale, notamment les moyens de promouvoir les exportations tunisiennes sur le marché libyen.
« Les exportations de la Tunisie vers la Libye ont augmenté en 2018 de manière significative sans atteindre, pour autant, le niveau d’avant 2011« , a-t-il précisé.
Il a, par ailleurs, évoqué la haute commission mixte tuniso-libyenne qui se réunira au niveau des chefs de gouvernement des deux pays dans les prochains mois.
S’intéresser à la situation en Syrie, une exigence
Le dossier syrien figure à l’ordre du jour de toutes les réunions arabes et sera abordé lors du Sommet de Tunis, a indiqué Khémaies Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères dans une interview accordée ce lundi à l’agence TAP. Les processus politiques de l’heure, a-t-il expliqué, exigent des dirigeants arabes de s’intéresser à la situation en Syrie pour faire sortir le pays de la crise et lui permettre de retrouver sa place au sein de la nation arabe.
« La Syrie, a-t-il ajouté, est l’un pays fondateurs de la Ligue des Etats arabes (LEA) et sa place naturelle est parmi le groupe arabe. Toutefois, a-t-il précisé, la question de sa réintégration devra être une décision prise à l’unanimité par les dirigeants arabes comme cela fut le cas en 2011 lorsque son adhésion a été suspendue ».
Et d’affirmer que « la Tunisie, partie intégrante du groupe, ne ménagera aucun effort dans ce sens mais la décision ne lui revient pas« .
Au niveau bilatéral, les relations entre la Tunisie est la Syrie n’ont pas été rompues, la Tunisie a une représentation diplomatique à Damas, et est en contact avec l’Etat syrien et son gouvernement depuis 2014, a expliqué Jhinaoui, faisant part de l’existence d’une coopération au niveau sécuritaire.
Sur la reconnaissance par le président américain Donald Trump de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, Jhinaoui a indiqué que ce point sera abordé au niveau des ministres et des dirigeants arabes.
Et d’ajouter : « On ne peut passer outre une décision contraire à la légalité internationale surtout que le Golan est une terre occupée, de l’avis même du Conseil de sécurité, des Nations Unies et de l’Union européenne. Le Conseil de sécurité considère l’annexion comme « nulle et non avenue et sans effet juridique sur le plan international« .
Evoquant les relations tuniso-saoudiennes et la visite attendue en Tunisie du Roi de l’Arabie saoudite, Jhinaoui a déclaré que ces relations ont connu un développement accru depuis la visite du président Caïd Essebsi à Ryad, en décembre 2015. Il a rappelé la participation du président de la République au Sommet arabe, islamique et américain tenu le 21 mai 2017 à Ryad ainsi que sa participation à la 29e session du Sommet arabe qui avait eu lieu le 15 avril 2018 au Royaume de l’Arabie saoudite. Ceci outre la visite officielle en Tunisie, le 27 novembre 2018, du Prince héritier d’Arabie Saoudite à la tête d’une importante délégation composée de princes, de ministres et de hauts responsables saoudiens.
Sur un tout autre registre, Jhinaoui a estimé que l’existence de la Ligue des Etats arabes est importante et impérative en tant qu’espace fédérant tous les arabes et permettant à leurs dirigeants de se réunir et de discuter des questions arabes.
La question qui se pose aujourd’hui, a-t-il dit, est de savoir si la LEA est efficace et est capable de répondre aux aspirations de l’opinion publique arabe. Il ne faut pas imputer à la LEA une responsabilité plus qu’elle n’en peut assumer, surtout, a-t-il souligné que l’actuel secrétaire général Ahmed Abou Al Ghaith n’a ménagé aucun effort pour apporter des réformes sur l’action arabe commune et le rendement de la Ligue.
Il a émis le souhait que le Sommet arabe soit l’occasion pour la LEA et les pays membres d’affirmer la volonté de soutenir les efforts de son secrétaire général pour engager cette réforme qui doit refléter la voix arabe auprès des instances internationales et pour qu’elle puisse agir efficacement afin de rapprocher les vues et de renforcer l’intégration et la coopération entre les pays arabes.
Sur le Sommet UE-LEA tenu à Charm El Cheikh, Jhinaoui a relevé que les recommandations auxquels il a abouti seront abordées lors du Sommet de Tunis. La relation des pays arabes avec leurs voisins, a-t-il ajouté sera un point à l’ordre du jour du Sommet. Le but étant de faire le point des relations arabo-européennes et de les impulser à l’avenir.
Concernant le Maghreb arabe, Jhinaoui a estimé que le parachèvement de l’édification de l’UMA et de l’activation de ses institutions demeure tributaire d’une volonté sincère de surmonter les différends et de renforcer les attributs de la complémentarité de l’action arabe commune. La Tunisie, a-t-il assuré, s’emploie à réunir les ministres maghrébins des affaires étrangères durant l’étape à venir et à soutenir toutes les initiatives visant à réactiver cet édifice.
(Rédaction TAP)