Vendredi, la conférence de Munich sur la sécurité (MSC) réunira les acteurs de la sécurité du monde occidental ainsi que plusieurs chefs d’Etat : Angela Merkel, Emmanuel Macron et Joe Biden. Le président américain prononcera un discours dans ce rendez-vous qu’il estime incontournable dans la relation transatlantique.
Depuis ses premières armes à la Commission des affaires étrangères du Sénat, Joe Biden, le nouveau président américain, a toujours considéré la conférence sur la sécurité de Munich (MSC) comme un évènement incontournable de la relation transatlantique. Cette année, il s’y rendra virtuellement par le biais d’un discours en visioconférence lors d’une journée exceptionnelle qui réunira vendredi la chancelière Angela Merkel, le président de la République Emmanuel Macron, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, et le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.
L’an dernier, Joe Biden était en pleine campagne des primaires et n’avait pas participé à cette grand-messe qui rassemble chaque année depuis 1963, le temps d’un week-end, tout ce que le monde occidental compte de responsables de la sécurité nationale, de ministres de la défense, de chefs de services de renseignement et, par invitation, de dignitaires des régions en conflit, notamment du Moyen-Orient et d’Afrique.
En 2019, le démocrate Joe Biden s’était servi de ce forum pour y tester ses grandes lignes d’un éventuel programme présidentiel. Il y avait évoqué la « honte » des Américains de voir leur pays de moins en moins respecté sous la présidence de Donald Trump et la nécessité d’un retour de leadership, car l’Amérique, selon lui, « doit être guidée non par sa puissance exemplaire mais par l’exemplarité de sa puissance ». Une formule qui impose une nouvelle définition de sa doctrine de politique étrangère en matière de droits de l’homme et de valeurs.
Il ne fait pas de doutes que le 46e président des Etats-Unis appellera vendredi les Européens à partager ce nouvel agenda. En 2019, Biden avait déclaré qu’il voyait l’Otan et l’Union européenne comme deux piliers de la stabilité stratégique et deux remparts aux autoritarismes renaissants.
*L’Europe « encerclée par le feu »
Emmanuel Macron et Angela Merkel, copilotes de l’Union européenne politique, esquisseront de leur côté la façon dont ils veulent progresser sur la mise en œuvre de « l’autonomie stratégique européenne » qu’ils appellent de leurs vœux avec la nouvelle Commission européenne d’Ursula von der Leyen et de Josep Borrel.
L’organisateur de la MSC, le diplomate allemand Wolfgang Ischinger, ancien ambassadeur à Londres et Washington, se réjouit de la participation de Joe Biden à cette « édition spéciale » de la Conférence alors que, selon lui, l’Europe est « encerclée par le feu », allusion à l’Ukraine, la Libye, le Mali et la Syrie.
« Nous avons appris douloureusement ces dernières années que les Etats-Unis n’étaient plus forcément des alliés pour toujours et nous devons donc nous poser la question de ce que nous ferons si dans quatre ans un président américain se fait élire sur les mêmes idées que celles de Donald Trump », a confié Ischinger la semaine dernière à la Deutsche Welle, radio internationale allemande.
(Le Journal du Dimanche)