José James dans son quatrième album solo : la soul teintée de jazz

 

À force de subir des houles déferlantes de décibels à longueur de journées, l’on est amené à ressentir une nostalgie certaine pour les sons cuivrés, les percussions langoureuses et les plages d’évasion. Alors quand on tombe par hasard sur un album soul et jazzy, on espère y puiser une pitance mélodique pour nos oreilles affamées.

 

José James, jazzman amoureux de hip-hop et de soul et natif de Minneapolis nous livre en ce début d’année son quatrième album solo. Après, le magnifique  For all we know paru en 2010, nous le retrouvons dans une nouvelle vision du jazz, une vision épurée sans en perdre l’effet narcotique auquel nous a habitués le crooner.

José James s’est acoquiné avec  Pino Palladino, bassiste et compositeur, qui devient également co-producteur de l’album par la même occasion. Si nous assistons clairement à un véritable travail de partenariat, Pino a le bon goût d’amener avec lui quelques-uns des meilleurs musiciens contemporains à l’instar du pianiste Robert Gasper virtuose du Fender Rhodes.

Langoureuse, la première partie de l’album joue sur les contrastes mid-tempo à l’influence néo-soul évidente.  On commence par « It’s all over », une incroyable ambroisie auditive où les nappes de piano de Robert Glasper envoûte par leur sensualité dans un corps à corps effrené avec la esction de cuivres de Corey King et Takuya Kuroda. José pose sa voix naturellement, visant l’essentiel, l’essence, la quintessence.

L’analogie spirituelle sur « Trouble » largement diffusé sur les ondes, assurant ici le nécessaire appel au hit, via une mélodie facilement identifiable et entraînante.

C’est surtout sur « Vanguard » que l’auditeur se trouve agréablement surpris, le titre surtout en exergue la maestria du batteur  Chris Dave.  Cette première session de l’album se termine en beauté avec un souffle arabisant la soul « Sword + Gun » qui offre l’occasion de savourer son duo avec la franco-marocaine Hindi Zahra.

La seconde session offre une soul plus apaisée, elle démarre par un titre aux accents pop « Come To My Door », enchaînant un certain nombre de ballades mélodiques comme « Heaven on the ground » un duo avec la jeune artiste Emily King , « Do You feel », « Bird of Space » ou « No beginning, no end ». Des titres qui sauront s’apprécier largement sous la couette dans des élans inlassables des corps et des âmes.

Au final, les titres défilent en nous laissant un goût velouté jazzy/soul de grande classe, parfaitement maitrisé et créé à 100% d’instruments live avec une volonté évidente de livrer un album destiné à être joué sur scène. Le disque est donc plus spontané et la plupart des morceaux d’ailleurs ont été enregistré en une prise.  On peut regretter peut-être un manque d’expérimentation et de prise de risque plus importants, mais malgré un classicisme relativement assumé, No beginning, no end  reste un bon album, à déguster…du début à la fin !

José James a une qualité qui devient un défaut. Cette lame à double tranchant est la finition de la production, une ambiance feutrée éclairées par des fulgurances jazzy … Et donc forcément « Qui aime bien châtie bien » et  l’on est plus dur avec les quelques (rares) baisses de rythme qualitatif. Toutefois, No Beginning No End est un écrin duquel José James nous sort un beau diamant où la soul est telle qu’elle devrait toujours être : pure. Classe et jazzy à souhait, cet album est vraiment une découverte… une très belle découverte.

 

Farouk Bahri

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