Journée de dépistage des maladies chroniques : «Il est temps de contrôler ma santé»

Dimanche 25 mai, toute la Tunisie était au rendez-vous pour l’action «Il est temps de contrôler ma santé». Initiée par le ministère de la Santé, cette journée de sensibilisation au dépistage des maladies chroniques s’est déroulée sur tout le territoire.

En effet, maisons de jeunes et maisons de la culture se sont transformées pour la circonstance en centres médicaux : analyse de sang pour la glycémie, prise de la tension artérielle, mesure du poids, du périmètre abdominal, enquête sur les  habitudes hygiéno-diététiques, sur  le tabagisme, tout était réalisé sur place avec résultats immédiats et rendez-vous pour une prise en charge en cas de signes d’alerte. Les bons chiffres sont : moins de 1,4g/l de glucose dans le sang (mesuré au doigt et non à jeun) moins de 14/9 pour la tension artérielle, moins de 90 cm pour les femmes et moins de 95cm pour les hommes pour le tour de taille, zéro cigarette  par jour pour tout le monde, trente minutes d’activité physique par jour  pour tous.

Mohamed Salah Ben Ammar, ministre de la Santé, a donné lui-même le coup d’envoi de la journée qui a débuté par une randonnée pédestre organisée par l’Association tunisienne «Sport pour tous.»

Les Tunisiens ont de quoi s’inquiéter pour leur santé. Les chiffres ne sont pas rassurants :  15% des Tunisiens seraient diabétiques alors que cette maladie ne touche que 4% des personnes dans le monde, 2,7% en France, 8,9% en Algérie et 8% au Maroc. Nous avons donc ce chiffre effrayant de 1.700.000 diabétiques tunisiens. Plus que la population du grand Tunis.

Encore plus inquiétant, l’OMS estime que la prise en charge du diabète en Tunisie n’est pas optimale et que 50% des diabétiques ne sont pas diagnostiqués. Toujours selon l’OMS, le diabète figure parmi les cinq premières causes de mortalité dans notre pays et serait à l’origine de 8,1% des décès chez les femmes et de 5,7% chez les hommes.

Et pourtant la Tunisie a lancé un programme national de lutte contre le diabète depuis plus de 30 ans, mais il semblerait qu’il ait  échoué sur toute la ligne puisqu’en 1976 on comptait 3,8 % de diabétiques dans la population tunisienne, en 1997 9,9% et en 2013 15% ! Le diabète a augmenté de 43% !

En terme de coût, une personne diabétique coûterait 240D par an à l’État s’il n’y a pas de complications et 24.275D s’il y en a (chiffres donnés par l’Institut de nutrition de Tunis.)

Les causes du diabète sont  l’obésité, la sédentarité, l’hypertension artérielle, le cholestérol, le tabac, l’âge et le fait d’avoir un parent proche diabétique (notion d’hérédité). La prévention et même le traitement du diabète reposent sur des règles hygiéno-diététiques. N’oublions pas que le diabète mal géré provoque de graves complications et une mort prématurée.

Prévenir les maladies cardio-vasculaires

Les maladies cardiovasculaires  sont également inquiétantes. La  mortalité due à ces maladies a augmenté de 30%. Les facteurs de risques  de ces pathologies  sont  le tabagisme, l’hypertension artérielle,  l’obésité, le diabète,  tous en nette augmentation en Tunisie. Inutile de dire que si l’on ne réagit pas immédiatement, on aura de graves problèmes de santé publique dans dix ans

En Tunisie, tout a été dit sur les maladies cardio-vasculaires. On les connait sur le bout des doigts. On sait quoi faire, pour qui,  pourquoi,  comment et surtout  ce qu’il faut faire pour venir à bout de cette nouvelle épidémie. Et pourtant les chiffres ne sont pas rassurants, pourquoi ? On devrait regarder du côté de ce que l’on mange.  L’OMS à maintes fois exhorté  les États à contrôler  l’industrie agroalimentaire. Diminuer la quantité de sel et de sucre dans les plats cuisinés, dans les boissons, les biscuits, le pain, etc. Mais en Tunisie rien n’a été fait. À titre d’exemple le citoyen tunisien consomme 13,5 g de sel par jour alors que la norme est 5g ! Pire, 80% de ce sel provient du pain ! Il est temps d’établir  des  standards  sur la quantité de sel dans le pain et de  discuter  avec les professionnels en leur demandant de diminuer la teneur du sel dans le pain.

La prévention des maladies cardio-vasculaires n’est plus du seul ressort du ministère de la Santé. Elle constitue un problème multisectoriel et c’est à l’État de le gérer. Or que pèse l’État devant les grandes firmes  de l’industrie alimentaire ou celle des produits pharmaceutiques dont l’intérêt est de fabriquer et vendre davantage de médicaments ?

On en vient à la conclusion qu’il faut, peut-être,  laisser tomber  et ne plus compter sur le gouvernement. Il serait plus judicieux de faire appel à la société civile, qui est à même de penser aux générations futures. Il faut  la sensibiliser et augmenter  ses capacités à faire face aux lobbies industriels.

Samira Rekik

 

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