À la veille de la Journée Mondiale de la Réfrigération, célébrée chaque 26 juin à l’échelle internationale, la Tunisie a organisé ce mardi un atelier national à Tunis. Cet événement, tenu à l’initiative de l’Unité Nationale Ozone relevant de l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE), a été soutenu par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Il a permis de faire le point sur les réalisations du pays en matière de transition écologique dans le secteur de la réfrigération, un domaine stratégique tant pour le confort domestique que pour les chaînes logistiques, la santé et l’agroalimentaire.
Cette journée d’échange et de sensibilisation a mis en lumière l’importance cruciale des technologies du froid dans nos vies quotidiennes, tout en soulignant leur potentiel de transformation en faveur de la lutte contre le changement climatique. En effet, une utilisation durable de ces technologies, notamment via le choix de fluides frigorigènes respectueux de l’environnement et des pratiques d’entretien optimisées, peut contribuer à limiter significativement les émissions de gaz à effet de serre. L’atelier a rassemblé des représentants du secteur public et privé, des experts nationaux, des entreprises opérant dans le domaine du froid, ainsi que des partenaires techniques internationaux.
Parmi les sujets abordés, plusieurs axes stratégiques ont retenu l’attention. D’abord, le déploiement du système national de récupération, de recyclage et de régénération (RRR) des fluides frigorigènes, qui représente une avancée majeure.
Ce projet pilote positionne la Tunisie comme l’un des premiers pays de la région MENA à mettre en place une telle infrastructure circulaire, réduisant ainsi les fuites de gaz nocifs dans l’atmosphère et favorisant leur réutilisation. Ensuite, les discussions ont porté sur le renforcement des compétences techniques des professionnels du secteur, notamment dans la climatisation automobile, un marché en pleine croissance où l’efficacité énergétique devient un impératif. D’autres thématiques ont été explorées, à l’instar de l’impact environnemental des produits utilisés pour l’entretien des systèmes de réfrigération, avec une attention particulière portée aux solutions plus durables développées localement.
Un point marquant de l’atelier a été la présentation de l’initiative des « Champions Nationaux du Froid 2025 », visant à récompenser les acteurs du secteur engagés dans une démarche environnementale exemplaire. Cette initiative, saluée par les participants, valorise les professionnels qui adoptent les bonnes pratiques, investissent dans la formation, et intègrent des solutions innovantes respectueuses du climat. L’événement a également été l’occasion de mettre en avant les efforts déployés pour intégrer la dimension genre dans ce domaine historiquement dominé par les hommes. À travers des programmes d’insertion professionnelle et de renforcement de capacité ciblant les femmes, la Tunisie œuvre pour un secteur RAC (réfrigération et climatisation) plus inclusif.
Sur le plan des résultats concrets, la Tunisie a démontré une nette progression depuis 2010. Grâce à l’application des dispositions du Protocole de Montréal et de son amendement de Kigali, le pays a réussi à réduire de 55 % sa consommation de HCFC, des substances particulièrement destructrices pour la couche d’ozone. Ce recul s’est accompagné d’une diminution de plus de 720 000 tonnes d’équivalent CO₂, un indicateur majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, quatre entreprises tunisiennes ont déjà effectué leur transition vers des technologies plus propres, et plus de 600 techniciens ont été formés aux bonnes pratiques entre 2021 et 2024. En 2024, 83 agents douaniers ont également été sensibilisés au contrôle et à la régulation des substances chimiques, renforçant ainsi le maillage réglementaire du pays. Enfin, un système national de certification professionnelle pour les acteurs du froid a été lancé, assurant une meilleure qualification et traçabilité dans le secteur.
L’ensemble des parties prenantes présentes à l’atelier ont exprimé leur volonté commune de poursuivre sur cette dynamique. L’objectif est clair : renforcer le cadre réglementaire national, diffuser largement les pratiques responsables, favoriser l’introduction de fluides frigorigènes alternatifs à faible potentiel de réchauffement global, et encourager l’innovation technologique dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Cette approche intégrée permettra d’assurer une transformation durable du secteur, dans une logique de protection de l’environnement mais aussi de compétitivité économique.
De son côté, l’ONUDI a réaffirmé son engagement en faveur des transitions industrielles durables dans le cadre du Protocole de Montréal. L’agence, qui accompagne de nombreux pays dans la réduction progressive des substances appauvrissant la couche d’ozone, a permis en 2024 d’éviter l’émission de plus de 82 millions de tonnes de CO₂ à l’échelle mondiale. Cela équivaut à retirer 19,2 millions de voitures de la circulation pendant une année. Depuis 2010, l’ONUDI a soutenu la transition de 448 entreprises dans 98 pays. Selon Alois Mhlanga, Directeur de l’innovation climatique et du Protocole de Montréal à l’ONUDI,
« l’organisation œuvre à bâtir des écosystèmes solides, politiques publiques, réglementations, technologies et compétence, permettant aux États membres de construire des économies à faibles émissions de carbone ».
À travers cette célébration de la Journée Mondiale de la Réfrigération, la Tunisie montre qu’une industrie du froid durable, circulaire et inclusive est non seulement possible, mais déjà en marche. Elle envoie ainsi un signal fort à la région et au monde, en affirmant qu’une transition écologique dans les secteurs techniques, même les plus spécialisés, peut allier performance, justice sociale et préservation de l’environnement.