C’est avec ce slogan, que la Tunisie célèbre, à l’instar de tous les pays, la journée mondiale de lutte contre le SIDA, qui a lieu chaque année le 1er décembre. Une table ronde a été organisée, à cette occasion, par la Direction des soins de santé de base, du ministère de la Santé sous la houlette du Dr Rafla Dellagi Tej, Directrice de ce département. Les nouveaux chiffres du SIDA en Tunisie, ont été dévoilés.
Depuis le 1er cas enregistré en Tunisie dans les années 80, le nombre total de personnes ayant contracté cette infection est de 2008. Le nombre de personnes vivant actuellement avec le VIH est de 1400 (1380 hommes, 624 femmes), 588 sont décédées. Les jeunes de 20 à 40 ans sont les plus touchés.
La Tunisie fait partie d’une région, Afrique et Nord-Moyen Orient, considérée parmi les rares au monde où l’épidémie n’a pas régressé, mais où les nouveaux cas d’infection ont augmenté de 35% et le nombre de décès liés au SIDA s’est accru de plus de 17% depuis 2001.
En Tunisie, plusieurs facteurs appellent à la prudence et à la vigilance. On notera le caractère non exhaustif du système de déclaration obligatoire ( déclaration à faire par les professionnels de santé) et du faible recours au centre de dépistage anonyme et gratuit, surtout pour les populations à risque de transmission du VIH. La situation épidémiologique ne reflète probablement pas la réalité qui est sous estimée. Avec des méthodes de calcul sophistiqué, le nombre de personnes vivant avec le VIH serait de plus de 400 et non 1400 comme annoncé.
44% des cas de VIH en Tunisie ont été transmis par les relations hétérosexuelles, 21 par l’usage des drogues injectables, 6 par le sang( qui daterait d’avant 1987), 4, de mère à enfant et 4,9% par des relation homosexuelles d’homme à homme.
Trois vagues de grandes enquêtes comportementales ont touché les personnes à risque, travailleuses de sexe, usagers de drogues injectables, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Il s’avère que cette population à une prévalence de transmission du VIH plus importante que dans celle de la population générale. La transmission du virus est concentrée dans les groupes à risque, et c’est très dangereux car la propagation du VIH se fait à un rythme alarmant et le reste de la population n’y échappera pas.
Les centres de dépistage anonyme et gratuit
En Tunisie le dépistage du VIH est gratuit, anonyme et les centres sont ouverts à tous. Il en existe 25, répartis dans 19 gouvernorats : 2 appartiennent à des ONG, 11 sont intégrés dans les dispensaires de consultation générale, 9 dans les centres des délégations de l’Office national de la famille et de la population, 2 se trouvent dans les locaux de la médecine scolaire et un dernier centre est ouvert au public dans le centre de médecine préventive.
8478 tests ont été réalisés dans ces centres, ce qui est trop peu. Il faut améliorer leur rentabilité et c’est l’objectif de la campagne de sensibilisation organisée cette année avec le slogan cité plus haut.
Ce dépistage est anonyme, dans le sens où l’on vous donne un numéro et on ne vous demandera jamais votre nom.
En Tunisie, la prise en charge des malades du SIDA est entièrement gratuite pour les Tunisiens. Les médicaments sont distribués, sous contrôle médical, dans les CHU de Tunis, Sousse, Sfax, Monastir.( 66% à la Rabta, 12% à Sousse, 9% à Monastir et 7% à Sfax).
Le traitement ( avec tous les volets de la prise en charge)des personnes malades du SIDA coûte 15 milliards de millimes à la société.500 personnes bénéficient de ce traitement. Dans le cadre du programme national de prise en charge des malades du VIH/SIDA, les patients bénéficient de l’aide de 9 assistantes sociales, 3 psychologues, 6 accompagnateurs sociaux.
Pour la période 2012-2017, une stratégie est mise en œuvre avec comme objectif de réduire de 58% les cas de nouvelles infections et de 60% le nombre de décès d’ici 2017.
Samira Rekik