Des statistiques glaciales en constante augmentation, selon le haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et derrière se cache la vie d’êtres humains qui, contrairement aux présomptions n’ont pas choisi de quitter leur pays.
Cette journée vise « à se souvenir et intensifier notre soutien » selon les Nations unies. Un soutien moral reconnu mais inutile s’il n’est pas suivi de réalisations concrètes.
Source: Le site officiel du Haut Commissariat pour les Réfugies
Il faut dire que si le mot a été amplement démocratisé, sa définition intrinsèque reste vague pour la plupart des gens. Pourtant le réfugié dispose d’une définition propre et précise qui a été établie par la Convention de Genève de 1951. Ni migrant, ni déplacé, il est une personne persécutée « du fait de sa race, de sa religion, sa nationalité, son appartenance à un certain groupe social, ses opinions politiques » dans son pays. Un statut qui permet à celui qui l’obtient un droit de séjour de 10 ans et de travail. Près de 70 ans plus tard pourtant il semble que le profil du réfugié reste incompris et que sa prise en charge pourtant par définition urgente peine à se faire.
Alors pourquoi en 2019 faut-il porter davantage d’attention à la situation des réfugiés? Au premier coup d’oeil, il semble que l’aide humanitaire n’a jamais semblé aussi florissante et attractive qu’à ce jour, avec à sa tête associations reconnues à l’instar d’Amnesty Internationale ou de la Croix-Rouge. Au risque même de passer pour un effet de mode chez les européens, sorte de syndrome du sauveur occidental prête à sacrifier 1 mois de sa vie auprès de populations sous-développées avant de ne rentrer chez lui, la conscience tranquille d’avoir agi auprès des plus démunis. Face à ce phénomène, deux choses sont à noter. D’une part, l’engagement humanitaire auprès des réfugiés ne correspond qu’à un pan de l’aide humanitaire proposée. D’autre part, elle est tout simplement insuffisante.
Les réfugiés fuient pour la plupart les conflits internes qui bouleversent l’équilibre de leur pays, mais pas aussi uniquement. La violation grave des droits de l’homme, des discriminations, la faiblesse de l’État de Droit, l’extrême pauvreté, effondrement des moyens traditionnels d’existence dans un contexte de mondialisation et d’urbanisation ou encore les effets du changement climatique et les catastrophes naturelles qu’il induit (le statut de « réfugié climatique » existant depuis 1985 n’étant toujours pas reconnu). Tous ces motifs poussent les populations à fuir en masse leurs pays où ils ont grandi, leurs cultures, leurs familles, leurs emplois… En bref tout ce qu’ils ont construit jusqu’à présent.
L’escalade récente des points de tension autour du globe que ce soit l’attaque qui a forcé des centaines de réfugiés syriens à quitter Deir al Ahmar, un camp informel de la plaine de la Bekaa en juin 2019 ou la persécution des personnes âgées au Myanmar rendu publique par le rapport du 18 juin d’Amnesty International, témoigne de l’urgence critique. Il n’y a non plus de la nécessité mais bien de l’impératif d’agir de manière coordonnée et organisée.
Rien de plus qu’une date
Une mission qui s’avère étrangement complexe pour la gouvernance internationale. S’il faut prévoir des politiques d’accueil des réfugiés, il s’agit avant tout de s’attaquer à la racine du problème qui pousse le réfugié à suivre. Un objectif ambitieux voire illusoire pour certains au regard de la difficile communication constatée entre nations ne serait-ce qu’au sein des pays de l’Europe. Face à l’ingérence internationale, ce sont les pays moins développés en subissent les conséquences. A ce jour, ce sont les Républiques islamiques du Pakistan et d’Iran qui abritent le plus grand nombre de réfugiés au nombre de 1,5 millions. La Tunisie et le Liberia sont aussi devenus des pays d’accueil malgré eux depuis qu’ils ont ouvert leurs frontières. Le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso frappés par la famine et une forte sécheresse accueillent pourtant actuellement près de 175 000 rescapés du Mali.
Nonobstant, la raréfaction des ressources qui risque de complexifier les rapports entre résidents et réfugiés, ce qui reste frappant est que les principaux pays d’accueil des réfugiés ne sont pas des eldorados, voire même rencontrent de sérieux problèmes sanitaires ou économiques. En 2015, 86% des réfugiés pris en charge par le HCR résidaient dans des pays à faibles revenus et proches de situations de conflit. N’ayant pu rejoindre leur eldorado le plus souvent européen, les réfugiés ont atterri dans ces territoires par dépit.
Leur faible marge de manœuvre, due à des droits juridiques limités, les amène à emprunter des voies terrestres et maritimes similaires aux migrants en situation irrégulière, créant des flux mixtes qui pressurisent et chamboulent les procédures de demande d’asile. Dans un contexte de concurrence et de crise économique, leur arrivée est devenue sujette à des attitudes négatives de la part des accueillants. À cela s’ajoutent les actes terroristes internationaux qui ont retranché les pays d’accueil des positions nationalistes et une xénophobie grandissante. Les politiques se sont emparées de la question des réfugiés comme arme politique mettant en place de politiques de migrations restrictives : barrières, frontières, camps, réduction des droits des réfugiés, introduction de quotas, détention arbitraire de demandeurs d’asiles, augmentation des conditions de remplissage d’un visa alors que l’on parle partout de mondialisation les pays se referment sur eux.