UCCV : mi figue, mi raisin

Dans les jours à venir, un comité administratif provisoire gérera les Vignerons de Carthage en attendant l’organisation de son Assemblée générale et l’élection d’un nouveau Conseil d’administration. Quant au directeur général, c’est le comité qui décidera de son sort. C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Agriculture, Mohammed Ben Salem.

 

Le comité sera composé d’un représentant de l’UTAP, du ministère des Finances et du ministère de l’Agriculture. Il faut rappeler que les Vignerons de Carthage sont une coopérative dont le Conseil d’administration est composé de neuf sociétés. L’État exerce une tutelle sur cette coopérative par le biais des ministères de l’Agriculture et des Finances.

 

Ancien conflit, nouvelles motivations

Pour contrer le ministère de l’Agriculture, l’UCCV, ou plutôt le conseil d’administration de l’UCCV a fait appel au tribunal administratif pour protéger ses intérêts. Mais selon le ministre de l’Agriculture peu importe la décision du tribunal, le Conseil d’administration sera démis. Contrairement à ce qu’ont avancé certains médias, le différend qui existait avec les Vignerons de Carthage, ne remonte pas à l’arrivée du gouvernement de la Troïka, mais plutôt à 2009. En effet l’inspection faite par le ministère des Finances en 2009 a relevé plus d’une quarantaine d’infractions notamment financières. Selon Mohamed Ben Salem, l’inspection a relevé que le DG actuel des Vignerons de Carthage s’est octroyé des salaires et des primes d’une valeur de 54.000dinars. Il perçoit 1000 dinars par mois de trois filières du groupe alors que dans son contrat il est tenu de percevoir un seul salaire en rémunération pour son poste de Directeur général. Les représentants de l’UCCV assurent que ces primes sont légales dans la mesure où elles ont été validées par le Conseil d’administration. Ces primes viennent en récompense aux efforts fournis par le DG dont la bonne gouvernance a permis à l’UCCV de réaliser des bénéfices après de longues années de déficit. Soit un chiffre d’affaires de près de 64 millions de dinars et un remboursement de tous les emprunts bancaires. L’UCCV ne s’est jamais aussi bien portée. Selon certains les réelles motivations du ministre de l’Agriculture sont  politiques, pour d’autres elles sont  idéologiques. Motivations politiques parce qu’Ennahdha veut mettre la main sur une entreprise prospère et en tirer profit pour financer sa compagne électorale, sans pour autant s’attarder sur la manière. Motivations déologiques parce qu’Ennahdha, parti islamique, veut arrêter la production de vin, sachant que l’UCCV produit 65% de la production nationale. Un troisième avis avance la thèse d’une mauvaise appréciation du ministre de l’Agriculture d’un dossier sur lequel il est mal conseillé par la neuvième coopérative qui se trouve être en conflit avec l’UCCV, il s’agit de la coopérative de Ben Drassen.  C’est cette coopérative qui a exhumé le dossier de l’inspection qui bien que datant de 2009 n’avait fait l’objet d’aucune mesure.

 

Quel avenir pour les vignerons de Carthage ?

 Ce n’est qu’après la Révolution que la coopérative de base de Ben Drassen, convaincue qu’elle est malmenée par l’UCCV, a voulu dénoncer ses pratiques et récupérer des droits, à savoir la mise en bouteille. En effet et selon M. Amor Slama, président du Bureau exécutif de l’UCCV, suite à des problèmes survenus après la révolution dans l’opération de mise en bouteille du vin dans quelques coopératives de base, le Conseil d’administration a décidé de stopper la sous-traitance avec les coopératives, attendant l’élaboration d’un cahier des charges pour la mise en bouteille. Par ailleurs les coopératives de base ont réclamé un complément de prix pour les agriculteurs pour la vendange de 2011, ce qui n’a pas été encore honoré par l’UCCV. Ce qui a déplu particulièrement à la coopérative de base de Ben Drassen qui souhaite récupérer son activité. Et depuis ce différend d’autres sujets de mauvaise gestion ainsi que l’inspection de 2009 ont réapparut. Maintenant quel impact si un comité administratif provisoire gère l’UCCV ?  Selon les défendeurs de l’actuel CA, cette décision ne peut pas se faire dans cette période de vendanges où l’entreprise aura besoin de financement et donc négociera avec les banques pour financer cette saison. Le financement d’une récolte est estimé à 18 millions de dinars. Le ministre de l’Agriculture, quant à lui, rassurera les professionnels en affirmant que cette saison continuera normalement et que les relations avec les banques ne seront pas touchées sachant que l’UCCV est une entreprise prospère et rentable, donc toutes les banques sont prêtes à la financer. Il faut tout de même s’étonner qu’à aucun moment le nom du ministre des Finances n’ait été prononcé par les défendeurs de l’actuel CA de l’UCCV, sachant qu’il partage la même décision que le ministre de l’Agriculture. Puisque l’UCCV est sous la tutelle des deux ministères, toute décision étant prise conjointement entre ces deux ministères.

 

N.J

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