Relayé par les médias français, hyper judaïsés, la justification donnée par le porte-parole de l’armée israélienne quant aux civils tués ne manque pas d’inventivité. L’armée d’occupation repère des combattants ennemis au moment précis où ils pénètrent à l’intérieur d’un immeuble dès lors devenu légitime cible à bombarder. Après la frappe, les autorités libanaises ne découvrent, sous les décombres amoncelés, que des civils et aucun combattant. Israël admet l’information jugée crédible mais fournit cette explication : les soldats du Hezbollah entrèrent bel et bien dans le bâtiment détruit mais, avertis peu avant l’attaque, ils quittèrent l’immeuble sans informer les habitants exposés au danger. Les véritables tueurs des civils, au Liban, n’ont donc rien à voir avec Tshal, mais ils furent victimes de l’indifférence manifestée par les gars du Hezbollah.
Ce genre d’inversion opérée, à volonté, étend son rayon d’action. Ainsi, le Hamas devient à Gaza l’unique responsable de la destruction des habitations et du massacre de milliers de civils. Le mensonge partagé par les Américains ajoute son mauvais grain : l’interviewer demande à Joe Biden :
-« Avez-vous été informé de la prochaine réplique israélienne ?
– Yes, yes
– L’Amérique va-t-elle y participer ?
– No, no »
Or, la réponse véridique à la seconde question étant, aussi, “yes, yes”, car les ravitailleurs en vol sur longue distance et les avions utilisés étaient américains. Dans l’usurpation des terres palestiniennes par la terreur israélienne presque tout est américain, presque rien n’est israélien. Finance et quincaillerie viennent de loin.
Une trame d’inexactitudes masque l’évidente certitude.
Le 25 octobre, Mounir Barki me dit : « Ces affirmations sont cousues de fil blanc mais beaucoup de gens croient les journaux et la télévision ».
La désinformation compte sur la réception du message par-delà son problématique décodage.
Par sa répétition, la falsification laisse des traces escomptées par les propagateurs des propos pipés.
Nietzsche écrit : « Qu’importe le mensonge si la vérité me nuit ! »
Quelle est donc la vérité si nuisible à l’usurpateur de la terre occupée ? Une conviction hante la pensée de l’État-colon : arrêter la guerre, c’est la perdre et la perdre expose la colonisation à sa disparition.
Telle fut l’argumentation d’Ariel Sharon. Dans ces conditions, la sourde oreille bloque l’audition de toute autre appréciation ou objection.
Voici quelques-unes de ces nombreuses objections adressées aux colons : pour le Haut-commissaire onusien aux droits de l’homme, « les politiques et pratiques du gouvernement israélien dans le Nord de Gaza risquent de vider la zone de tous les Palestiniens. Nous sommes confrontés à ce qui pourrait s’apparenter à des atrocités criminelles incluant de possibles crimes contre l’humanité ».
Le ministre jordanien des Affaires étrangères dénonce le « nettoyage ethnique ».
Pour Joe Biden, la réplique israélienne devait, à tout prix, éviter le nucléaire et le pétrolier. Attaquer celui-ci risquerait de tripler le prix de l’essence et en période électorale américaine, cela est hors de question. De même, bombarder le nucléaire risque d’élargir les champs de la guerre.
Ainsi, économie et géostratégie complexifient. Cependant, le 26 octobre, un camion fonce et percute plusieurs Israéliens à une station de bus au centre de Tel-Aviv.
La police arrête le conducteur et identifie un « Arabe israélien ». Il fait partie de la catégorie stigmatisée, comme chacun sait. Avec l’apartheid à l’intérieur et le génocide à l’extérieur, Israël ne sait plus sur quel pied danser.
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