Durant 3 minutes et 56 secondes et tout en se tenant droit face à la caméra en posture droite dans un costume noir, portant une cravate rouge et avec un arrière-plan flouté où l’on ne voit que le drapeau rouge, K2Rym nous a donné une impression de « déjà-vu ».
Car si par moment on cache son visage et qu’on met la vidéo sur pose en imaginant sa cravate virer d’un ton vers le violet, on croirait revoir Zin El Abidine Ben Ali. Mais il n’en est rien, tout comme feu Béji Caïd Essebsi a donné l’impression de ressembler à Bourguiba durant sa campagne, (sans toutefois l’être) Karim Gharbi, lui, semble avoir choisi de se mettre dans la peau de son ex beau-père.
Durant près de quatre minutes et tout en utilisant un ton saccadé et une intonation qui nous donne aussi une impression de « déjà entendu », le candidat à la présidence a adressé un mot aux Tunisiens. Il a entamé sa vidéo en décrivant la situation de la Tunisie l’a qualifiant d’emblée de « pas bonne ». Et d’enchaîner que « la situation est délicate, sensible, pour ne pas dire catastrophique et à tous les niveaux ». Situation qui selon le rappeur, nécessite de tous de se serrer les rangs et de mettre la main dans la main en dépit des différences et des divergences « Si le bateau va couler, il coulera avec nous tous à bord », dit-il.
Le mal c’est l’autre, c’est toujours l’autre…
Et d’enchérir « Vous savez tous comment est devenue la Tunisie ! On ne voit plus que des constrictions exercées sur les hommes des médias, des avocats et sur les personnes cultivées et les leaders d’opinion ! On ne voit qu’emprisonnement, mandat de dépôt et avis de recherche pour un simple mot dit ou une caricature partagée en s’appuyant sur le maudit décret-loi. Ce sont les seules réalisations auxquelles nous assistons, dénonce-t-il sur un ton ironique. Et d’ajouter que d’un autre côté on assiste à de longs files d’attente pour s’acheter du pain, de l’huile, du sucre et tous les produits de base. Et par la suite on vient nous parler de spéculateurs ! Il fallait au moins dire la vérité au peuple. Nous avons assemblé un peu de devise par les Tunisiens qui vivent à l’étranger et il y avait deux alternatives : ou bien on paye les dettes avec cet argent, ou bien on les utilise pour importer les produits de base. Et qu’-t-on fait avec ? On a payé la tranche de 2023 et on a laissé affamé tout en répétant toujours la rengaine de spéculateurs, des comploteurs et des chambres obscures et ce « eux » et « nous ». Peut-on avancer de la sorte ? Très difficile ! Sous de pareilles conditions peut-on ramener des investisseurs ? Je ne le pense ! Vous savez que depuis une longue période nous sommes en train de prêter main forte dans multiples secteurs. C’est par exemple le cas pour fournir des équipements aux hôpitaux, pour la restitution des écoles, fournir de l’eau potable, lancer des projets pour es jeunes et ce, à côté des aides sociales qu’on accorde aux catégories les plus démunies dans les régions. Sauf que ces aides ne suffisent pas ! Pourquoi ? Parce que nous sommes confrontés à multiples obstacles et problèmes sur le terrain ! A chaque fois que nous prenons une initiative, on nous bloque avec les lois, la bureaucratie et la demande des autorisations, etc », dit-il.
Etde poursuivre « Depuis toujours je rêvais de changer la réalité de ce pays, la réalité de nos jeunes en développant la Tunisie pour qu’elle se transforme en un pays développé au niveau technologique, au niveau de l’infrastructure, des aéroports, des autoroutes, des ports, des services de qualité pour attirer les investisseurs et créer une dynamique économique et des postes d’emploi. Ainsi la roue économique se remettra à tourner, on aura combattu la pauvreté et le chômage. Et je ne peux réaliser tout ceci que si je serai dans une position de décideur. Pour toutes ces raisons réunies, j’ai décidé de faire ma première véritable expérience politique en me portant candidat à l’élection présidentielle de 2024. Ce n’est pas une décision facile. Je l’ai prise après une profonde réflexion et ceci se fera au détriment de plusieurs éléments de ma vie. Mais en dépit de cela, j’ai décidé de franchir le pas. Et j’espère être à la hauteur de la confiance qu’on m’a ou qu’on va m’accorder. Parce que la responsabilité n’est pas une entreprise facile. J’ai beaucoup de projets économiques, culturels et surtout sociaux pour ce pays », conclut-il.
Il faut dire que si cette annonce pourrait surprendre quelques-uns, les observateurs les plus avertis s’y attendaient déjà et depuis belle lurette ! Depuis son alliance avec la famille Ben Ali qui fût d’ailleurs une alliance éclair, multiples sont ceux qui ont prévu ce jour allant même jusqu’à en déduire qu’il s’agit du candidat de « Leila Ben Ali » et son bon élève… Certains vont même jusqu’à dire qu’elle lui a bien enseigné les rouages et lui aurait donné quelques clés et quelques billets en main pour se frayer un chemin vers la sympathie des plus appauvris… Est-ce le cas ? Dieu seul le sait et Seuls les jours à venir nous le prouveraient ou nous l’infirmeraient…
Abir CHEMLI